Les sanctions pétrolières feront-elles rire Kim Jong-un?

© AFP 2023 Ed JonesNorth Korea's leader Kim Jong-Un looks out towards Kim Il-Sung square during a mass military parade in Pyongyang on October 10, 2015
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Alors que Washington milite pour un durcissement des sanctions à l’encontre de Pyongyang, visant notamment son secteur pétrolier, un chroniqueur de Sputnik estime que cette mesure serait inefficace et devrait plutôt «rire» le dirigeant nord-coréen. Dans son article, proposé à Sputnik, il développe ses arguments.

L'application de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier nord-coréen et, notamment, l'interdiction complète de l'exportation du pétrole en Corée du Nord, n'aurait aucun effet sur Pyongyang et cela pour plusieurs raisons, affirme le chroniqueur de Sputnik et expert en politique, Dmitri Verkhoturov.

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Ainsi, premièrement, le ministère nord-coréen du Commerce extérieur estime que les réserves pétrolières du pays comprennent entre 60 et 90 milliards barils. Même si ces chiffres provoquent un certain nombre de doutes, ils ont été confirmés lors de nombreuses recherches. Comme l'indique l'expert, des recherches géophysique menées en Corée du Nord à partir du 1992, comme celles entreprises par Beach Petroleum NL, Taurus Petroleum AB, Puspita Emas Sdn. Bhd., ont donné du poids à l'hypothèse selon laquelle des gisements pétroliers et gaziers existeraient sur le territoire nord-coréen.

Ensuite, M.Verkhoturov rappelle que presque toutes les sociétés étrangères signant des contrats de long terme pour mener des travaux d'exploration et envisageant l'exploitation des ressources naturelles, dont le pétrole et le gaz, ont été contraintes à quitter le pays pour une raison inconnue dès que les premiers résultats positifs ont été obtenus. D'après le chroniqueur, les autorités nord-coréennes se servaient des étrangers pour effectuer la partie la plus peinible des travaux. Ayant reçu la confirmation de l'existence des gisements, il sera plus facile pour Pyongyang d'en continuer l'exploitation en toute indépendance.

En troisième lieu, l'expert de Sputnik met en doute la certitude que la Corée du Nord ne possède pas d'équipements de forage. Pour prouver le contraire, Dmitri Verkhoturov rappelle l'exemple du géant pétrolier et gazier SOCO International. Il affirme que Pyongyang avait un certain nombre d'installations de forage, fabriquées en URSS ou en Roumanie et livrées avant 1991. Ces dispositifs permettront d'entreprendre des forages jusqu'à 4.000-4.500 mètres de profondeur alors même que certaines couches se trouvent bien plus près de la surface.

En considérant que son industrie de constructions mécaniques est bien développée, la Corée du Nord n'aurait aucun mal, selon le chroniqueur, à moderniser ses installations de forage et à mettre en place la fabrication des pièces nécessaires.

«Le pétrole est aussi important pour la Corée du Nord que la création de missiles balistiques et d'armes nucléaires puisque sans pétrole l'armée ne pourra pas combattre. Il est donc évident que le gouvernement nord-coréen y accorde une attention toute particulière», affirme-t-il.

Selon lui, Pyongyang exploite déjà suffisamment de pétrole à partir de ses propres gisements.

«Les forages procurant aujourd'hui environ 75 barils par jour donnent plus de 27.000 barils par an. Si, par exemple, il y a environ dix forages, cela fera déjà 270.000 barils [37.800 tonnes, ndlr]. C'est le minimum et il est bien possible que la Corée du Nord possède encore plus de pétrole qu'on ne le croit», a-t-il poursuivi.

Pour faire le bilan de cette situation, Dmitri Verkhoturov revient sur le sujet des sanctions.

«Dans tous les cas, l'embargo pétrolier ne fera que pousser le gouvernement nord-coréen à mettre toutes ses ressources techniques et économiques dans l'exploration du pétrole. En période du temps assez court, un an ou un an et demi, et avec un peu de chance, la Corée du Nord aura du pétrole en quantité suffisante et alors Kim Jong-un pourra rire au sujet de Trump et ses sanctions», a-t-il conclu.

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Plus tôt, l'ambassadrice des États-Unis à l'Onu Nikki Haley a prôné la nécessité d'introduire «des sanctions plus dures qui permettraient de revenir à la diplomatie». Elle a annoncé les préparatifs d'un projet de résolution que Washington pourrait soumettre au vote de l'Onu lundi 11 septembre.

La Corée du Nord a annoncé dimanche avoir mené un essai souterrain d'une bombe à hydrogène destinée à un missile à longue portée, relate la télévision nord-coréenne. Qualifiant l'essai de «réussite totale», Pyongyang a également affirmé que sa bombe H pouvait être montée sur un missile.

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