Maroc: nouveaux rebondissements dans l’affaire du viol collectif de Khadija

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Девушка на городском пляже в Агадире. - Sputnik Afrique
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Une spécialiste en tatouage s’est rendue au chevet de Khadija Okkarou, l’adolescente marocaine victime présumée d’un viol collectif et d’une longue séquestration. Sa version prend le contre-pied de celle de la jeune file et refroidit ses soutiens, alors que d’autres dénoncent une campagne de dénigrement.

L'affaire de Khadija, l'adolescente marocaine présumément kidnappée, séquestrée et violée par une quinzaine de jeunes, risque de connaître un nouveau rebondissement après des déclarations d'une dermographiste, remettant en cause la version de la victime.

Émue par le calvaire de la jeune fille, qui affirme que son corps a été entièrement tatoué par ses présumés agresseurs, Linda Paradis s'est rendue au chevet de Khadija, dans son village natal d'Oulad Ayad (Centre). Elle voulait lui proposer un détatouage laser, pour effacer les marquages appliqués de force par ses ravisseurs, il y a quelques semaines.

«J'ai touché sa peau. Elle est parfaitement cicatrisée. Pour avoir les chéloïdes (qu'elle a sur sa peau), il faudrait à peu près 6 mois. […] Il n'y avait aucune cicatrisation, aucune inflammation, aucune rougeur, plus de croûte. Et tout était à l'état chéloïde. Honnêtement, j'ai beaucoup douté que ce tatouage eût uniquement 8 semaines. C'est un tatouage qui est beaucoup, beaucoup, plus vieux», insiste l'experte internationale marocaine, à la tête d'un centre spécialisé.

Une version qui vient appuyer les propos des familles des accusés, écroués en début de semaine. Dans une déclaration donnée à Soltana, un média en ligne, la mère de deux agresseurs présumés affirmait que la jeune fille avait coutume de s'automutiler, et qu'elle fréquentait même ses présumés agresseurs. Une version partagée également par d'autres habitants d'Oulad Ayad, d'après des témoignages relayés par des médias marocains et internationaux.

Ces éléments ont jeté le doute chez une partie des soutiens de la jeune femme, alors que beaucoup d'autres n'en démordent pas, fustigeant même, sur les réseaux sociaux, une campagne de dénigrement «puante». L'absence de rapport d'un médecin légiste, d'après Ibrahim Hachan, membre du comité de soutien de Khadija, ne permet pas de trancher la question.

«On ne peut pas s'appuyer sur des vidéos circulant sur Internet […] Nous ne pouvons pas affirmer si le tatouage est récent ou s'il est plus ancien. On attendra un rapport médical ordonné par le Tribunal pour trancher», a déclaré Naima Wahbi, de l'Association marocaine des Droits humains (AMDH), interrogée par le site AJ+.

Le calvaire de Khadija Okkarou, 17 ans, a provoqué une vague d'émotion sans précédent au Maroc. Une grande mobilisation a vu le jour, notamment, sur les réseaux sociaux, avec des hashtags #JusticePourKhadija et #NousSommesTousKhadija, alors qu'une pétition en ligne se proposant de «réunir toutes les consciences libres, associations, organisations et acteurs de la société civile, pour montrer notre indignation à tous, et venir à l'aide de Khadija, en l'aidant à détatouer son corps et aussi lui assurant le support psychique et matériel» avait récolté près de 75.000 signatures.

 

 

Le 28 août, le journal Libération ainsi que nombre de sites marocains publiaient une tribune cosignée par des personnalités civiles marocaines, appelant à une réaction exemplaire devant ce nouveau «scandale national».

Le Royaume connaît, depuis plusieurs mois, une véritable levée de boucliers de la part de la société civile contre les agressions sexuelles, véritable mal rongeant le corps social marocain.

Des séquences d'agressions relayées dans les réseaux sociaux par les agresseurs eux-mêmes consacrent une forme de banalisation et un sentiment d'impunité. De leur côté, les autorités tentent d'éradiquer le phénomène en requérant des peines exemplaires, comme dans le cas de Khadija Okkarou. En février dernier, le Parlement marocain avait adopté une loi sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, reconnaissant et criminalisant pour la première fois certaines formes de violence domestique.

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