Rabat-Paris: une affaire de justice visant des journalistes pourrait corser les relations

© AP Photo / Pool/Abdeljalil BounharLe Président Emmanuel Macron et le Roi du Maroc Mohammed VI à Rabat
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La convocation de journalistes et de patrons de presse marocains par la justice française a suscité la protestation du ministère marocain de la Justice auprès de l’ambassade de France à Rabat. C’est ce qu’a indiqué l’AFP le 5 septembre, selon une source qui a affirmé que le ministère a notamment dénoncé le non-respect des accords et des procédures.

Le ministère marocain de la Justice a manifesté son mécontentement auprès du magistrat de liaison de l'ambassade de France à Rabat suite à la convocation de plusieurs journalistes et patrons de presse marocains par un juge d'instruction du tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre d'une plainte pour «injures» déposée par Mustapha Adib, un ancien officier de l'armée marocaine et opposant au Roi Mohammed VI. C'est ce qu'a rapporté l'AFP le 5 septembre, citant une source du ministère.

Selon la source, le ministère a protesté contre «le non-respect de l'accord judiciaire entre les deux pays». D'après elle, la lettre «de convocation à des fins de mise en examen» a été adressée directement aux personnes mises en cause sans «passer par les canaux diplomatiques puis par le ministère marocain de la Justice».

La colère du ministère marocain de la Justice est d'autant plus grande vu que la loi française sur la presse «autorise les poursuites contre des médias étrangers dans la mesure où ils sont diffusés en France».

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La diffusion de cette information a soulevé un tollé de réactions dans la presse marocaine. Pour le journal arabophone Al Ahdath Al-Maghribia, par cette convocation «la justice française viole la souveraineté marocaine». De son côté, le quotidien Al-Akhbar évoquait «une humiliation pour la justice marocaine et une atteinte à la souveraineté du Maroc».

Rappelant la crise qui s'est déclenchée en 2014 entre Paris et Rabat, aussi sur des dossiers judiciaires, le site d'information Le Desk s'est demandé: «l'affaire Adib va-t-elle réveiller les vieux démons franco-marocains?».

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Parmi les personnes que la justice française a convoquées figure Habib el-Malki, le président de la chambre des députés. Ce dernier est aussi le directeur de publication du groupe de presse de son parti politique de centre-gauche, l'Union socialiste des forces populaires, éditeur des journaux Libération et Al Ittihad Al Ichtiraki (l'Union socialiste).

Pour rappel, âgé de 49 ans, Mustapha Adib, un ancien capitaine des Forces armées royales, vivant actuellement en France, a été condamné à deux ans et demi de prison au Maroc dans les années 1990 pour, selon lui, «avoir dénoncé la corruption au sein de l'armée marocaine».

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Son affaire s'est déclenchée en 2014, après avoir remis une «lettre vindicative» au général marocain Abdelaziz Bennani, hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Les journalistes et patrons de presse marocains visés par sa plainte pour injures avaient dénoncé alors un «acte profondément indigne», une «agression immorale» qui «tend à la barbarie», en utilisant parfois des propos injurieux.

Les relations diplomatiques entre Paris et Rabat n'iraient pas pour le mieux en ce moment. C'est ce qu'a rapporté Jeune Afrique dans son édition du 26 août, affirmant que la cause de ce «nouveau coup de froid» entre les deux pays était l'audience accordée, le 11 août, par le Président Emmanuel Macron à la mère de l'ingénieur français Thomas Gallay, détenu au Maroc pour ses liens avec une cellule djihadiste.

Selon le média, le Président français aurait pris l'engagement devant la mère du détenu de «s'occuper personnellement» du dossier.

Pour Jeune Afrique, une nouvelle crise comme celle de 2014, suite à la tentative de policiers français de s'introduire dans la résidence de l'ambassadeur du Maroc en France, se dessine à l'horizon entre les deux pays.

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