Manning «pourrait retarder ou ralentir l'acte d'accusation américain contre Assange»

© AP Photo / Markus SchreiberChelsea Manning
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Après deux mois de prison pour avoir refusé de témoigner contre Julian Assange, l’ex-analyste militaire américaine Chelsea Manning en est sortie, mais pourrait bien y retourner jusqu’à ce qu’elle accepte de répondre aux questions du grand jury. Joe Lauria, rédacteur en chef de Consortium News, commente la situation pour Sputnik.

L'ex-analyste militaire américaine Chelsea Manning avait été incarcérée, le 8 mars, «pour outrage à la justice» après avoir refusé de témoigner devant un grand jury, chargé d'enquêter sur WikiLeaks et son fondateur Julian Assange, à qui elle avait transmis une masse de documents confidentiels en 2010. Elle a été libérée le 10 mai 2019, mais devra se présenter devant un autre grand jury le jeudi 16 mai.

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«Cela va durer jusqu'à ce qu'ils obtiennent ce qu'ils veulent ou qu'elle reste en prison. […] Or, les États-Unis risquent de manquer de temps [jusqu'au 12 juin, ndlr] s'ils espèrent obtenir d'elle des témoignages pour accuser le fondateur de Wikileaks, Julian Assange», a déclaré au micro de Sputnik Joe Lauria, rédacteur en chef du site d'information Consortium News.

Et de rappeler que les grands jurys n'étaient autorisés à emprisonner un témoin potentiel que si le juge avait des raisons de croire qu'il convaincrait le témoin de coopérer et de témoigner.

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D'autre part, si Chelsea Manning continue de refuser de répondre aux questions, elle pourra retourner derrière les barreaux, bien qu'elle affirme bénéficier d'un droit constitutionnel à ne pas être interrogée par le grand jury, dont elle dénonce l'opacité des actes de procédure.

«Elle est dans une position où elle pourrait retarder ou ralentir l'acte d'accusation américain contre Assange. Personne ne pense effectivement qu'on veut le mettre en prison pour cinq ans seulement… cet acte d'accusation initial n'est qu'un substitut, et ils [les Américains, ndlr] ont jusqu'au 12 juin pour remettre tous les documents à un tribunal britannique, la décision devant être adoptée au Royaume-Uni», a relevé M.Lauria.

Comme il l'a expliqué, selon un principe de droit international inclus dans la plupart des accords d'extradition, une personne extradée vers un pays pour y être jugée pour certaines infractions pénales ne peut être jugée que pour ces infractions précises et pour aucune autre infraction antérieure à l'extradition.

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«Une fois que l'État d'asile a extradé un individu vers l'État requérant, celui-ci ne peut être poursuivi que pour les crimes spécifiés dans la requête d'extradition. […] En d'autres termes, Assange pourrait venir aux États-Unis sur la base de cette accusation très idiote selon laquelle il aurait tenté d'aider Chelsea Manning à pirater un ordinateur, alors qu'elle disposait d'une autorisation très secrète et d'un accès total», a détaillé le journaliste.

Il suppose qu'on veut absolument obtenir d'elle quelque chose sinon on ne la jetterait pas en prison, parce qu'elle refuse de témoigner.

«Mais elle ne va rien dire, elle ne va pas coopérer bien que cela puisse lui coûter incroyablement cher, et cela prouve à quel point elle est ferme sur les principes», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.

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Pour sa part, Mme Manning insiste sur le fait qu'elle a déjà prouvé sa détermination à ne pas témoigner contre Julian Assange et doit par conséquent être relâchée.

Le 11 avril, Julian Assange a été arrêté à l'ambassade d'Équateur à Londres, où il était réfugié depuis sept ans, suite à une demande d'extradition des États-Unis. Dans la foulée, le ministère américain de la Justice a révélé que l'Australien de 47 ans avait été inculpé un an plus tôt par le grand jury devant lequel Chelsea Manning a refusé de témoigner.

Chelsea Manning, qui s'appelait Bradley Manning à l'époque des faits, avait été condamnée en 2013 à 35 ans de prison par une cour martiale pour la fuite d'environ 750.000 câbles diplomatiques et informations militaires «top secret». Sa peine avait été commuée par le Président Barack Obama et elle avait été libérée en mai 2017 après sept ans de prison durant lesquels elle avait entamé les démarches pour passer du sexe masculin au féminin.

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