Des États-Unis «en train de s’atrophier» perdent leur supériorité face à la Chine dans le Pacifique

© AP Photo / Bullit MarquezUn navire de la Garde côtière chinoise
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Washington voit sa domination militaire dans le Pacifique s’effriter de plus en plus. C’est ce qui ressort d’un rapport explosif publié par un centre de réflexion australien réputé. En face, la Chine étend son influence et concurrence sérieusement les États-Unis sur le plan militaire. Sputnik France fait le point.

Une armée américaine dans le Pacifique «en train de s’atrophier», «mal préparée» et dont les capacités sont «dangereusement dépassées» dans l’optique d’un éventuel conflit avec la Chine. Voici les conclusions d’un récent rapport publié par le réputé Centre des études sur les États-Unis de l’Université de Sydney.

Une analyse qui ne doit pas rassurer les alliés de Washington dans la région, qu’il s’agisse de l’Australie, de Taïwan, du Japon ou d’autres pays de la zone. Ces derniers dépendent beaucoup des États-Unis pour leur sécurité face à une Chine qui se montre gourmande, notamment en mer de Chine méridionale. Le 22 août, Washington a de nouveau haussé le ton face à Pékin et a dénoncé une «escalade» chinoise «dans ses efforts d’intimidation» en mer de Chine méridionale, notamment à l’encontre du Vietnam.

​Problème: selon l’étude australienne, les États-Unis pourraient avoir beaucoup de mal à intervenir, même s’ils souhaitaient le faire. Les auteurs du rapport vont jusqu’à parler d’«insolvabilité stratégique» pour Washington. La faute à une priorité donnée au Proche et Moyen-Orient durant des années, un choix qui a entraîné un sous-investissement dans le Pacifique. Comme le notent nos confrères des Échos, «la présidence Obama avait annoncé il y a une dizaine d’années un “pivot vers l’Asie”, avec pour objectif d’y déployer les deux tiers de sa puissance navale d’ici à 2020, mais ce redéploiement est très en retard…»

«La Chine, en revanche, est de plus en plus capable de défier l’ordre régional par la force, du fait de ses investissements de grande ampleur dans les systèmes militaires avancés», explique pour leur part les experts de l’Université de Sydney.

Pékin dispose de l’armée qui compte le plus d’effectifs au monde, avec plus de deux millions de soldats actifs, et le Président chinois Xi Jinping a clairement opéré un virage militaire. Le budget officiel de la défense en Chine a progressé de près de 75% à 178 milliards de dollars depuis sa prise de fonction en mars 2013. «C’est le deuxième budget militaire de la planète, équivalent à environ un dixième des dépenses mondiales, quoique quatre fois moindre que celui des États-Unis (et trois fois plus important que celui de la France)», notent Les Échos. De plus, plusieurs experts jugent sous-estimée la somme de 178 milliards de dollars et pensent que le budget militaire chinois est en réalité plus élevé.

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La Chine dispose notamment de systèmes de missiles balistiques de précision et ses systèmes de contre-intervention rendraient compliquées toute intervention des forces américaines qui tenteraient de rejoindre une zone disputée. En face, d’après l’étude australienne, «presque toutes les bases américaines, alliées, les pistes d’atterrissage, les ports, les installations militaires du Pacifique Ouest» manquent d’infrastructures renforcées et sont menacées.

Une configuration qui fait dire aux auteurs du rapport que Pékin pourrait s’emparer de territoires taïwanais, d’îles administrées par le Japon ou de zones de mer de Chine méridionale avant que les forces américaines n’aient le temps d’intervenir.

Afin de contrer la menace chinoise, les experts de l’Université de Sydney conseillent aux États-Unis de déployer des missiles terrestres et de changer le rôle du corps des Marines. De plus, une réévaluation des stratégies de défense régionale impliquant le Japon et l’Australie serait idoine, selon eux.

Comme le souligne Les Échos, il faut tout de même rappeler que la Chine ne dispose que d’un seul porte-avions dont «la capacité opérationnelle est très inférieure à celle de chacun des douze porte-avions de la catégorie Catobar dont disposent les États-Unis sur l’ensemble du globe.»

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