Le Service d'hydrométéorologie de Russie mis en difficulté

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par Andreï Kisliakov, RIA-Novosti

Le dernier des satellites météorologiques russes, Meteor-3M, est tombé en panne, définitivement. Non seulement la Russie n'est plus en mesure de remplir ses engagements en matière d'échange de données dans le cadre de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), mais elle ne reçoit plus, depuis l'orbite circumterrestre, aucune information sur le temps qu'il fait sur son territoire.

Situation pour le moins affligeante. Car, pendant les quatre années à venir, c'est la Russie, en la personne du directeur du Comité d'Etat à l'Hydrométéorologie (Rosguidromet), Alexandre Bedritski, qui présidera l'OMM.

Autre fait non moins fâcheux, la Russie fut l'un des premiers pays à disposer, outre les satellites à vocation militaire et commerciale, d'appareils météorologiques. Au cours de ces trois dernières décennies, le pays a orbitalisé 33 appareils météo.

Rappelons, pour être justes, que le gouvernement fédéral se rend compte de la portée que revêt la météorologie spatiale. A preuve, l'arrêté spécial sur la participation de la Russie à la coopération spatiale internationale que le cabinet des ministres a adopté le 3 avril 2003. Aux termes de ce document, les satellites météorologiques sont considérés comme des "ouvrages spatiaux prioritaires".

"La décision du gouvernement de faire des satellites météo des ouvrages prioritaires s'explique par le fait que, dans le monde entier, les progrès de la météorologie sont aujourd'hui avant tout liés au développement des systèmes satellitaires d'observation. Les appareils météorologiques, à côté des engins de télécommunications et de navigation, sont reconnus par la communauté internationale comme les technologies exerçant le plus d'influence sur la vie quotidienne", a déclaré fin juin 2003 Vladimir Diadioutchenko, en charge, à Rosguidromet, du développement des observations météorologiques satellitaires.

Aujourd'hui, les satellites fournissent aux météorologistes et à d'autres consommateurs des données qu'on ne saurait obtenir autrement : cartes des nuages en mouvement, état de glaciation des mers, température de la surface terrestre et aquatique, images des cours d'eau en crue, des foyers d'incendies, de sécheresse, des tempêtes, des typhons, des accidents d'origine technique.

Maintenant, après la défaillance du dernier des satellites météo russes, Rosguidromet dépend entièrement de ses partenaires de l'OMM et, avant tout, des Américains qui exploitent avec efficacité toute une constellation de satellites de la série NOAA. Quant aux informations obtenues, il s'agit d'une soixantaine de produits spatiaux nécessaires aux météorologistes, aux écologistes, aux experts des situations d'urgence et à d'autres consommateurs.

Mais la météorologie nationale connaît d'autres problèmes graves. Les satellites de la série Meteor ont été équipés de dispositifs de réception et d'émission dont les performances ne correspondaient pas aux normes de l'Organisation météorologique mondiale. Ce qui veut dire que la tâche principale des concepteurs du nouveau satellite météo, Meteor-3M 2, dont le tir est fixé pour 2005, consiste à garantir sa conformité minimale aux normes internationales. Mais même cette mission, estime Vladimir Diadioutchenko, risque de s'avérer irréalisable pour l'Agence aérospatiale de Russie (Rosaviakosmos), étant donné le niveau actuel de financement de la branche spatiale. D'autre part, les dirigeants du pays ont à plusieurs reprises déclaré que le financement du programme spatial national serait amélioré régulièrement à partir de 2004. On s'attend également à ce que Rosguidromet commence de nouveau à passer des commandes de satellites météo à la place de Rosaviakosmos, mesure qui permettra à coup sûr de réduire les délais de fabrication et d'élever la qualité des appareils spatiaux. Rappelons que ce système avait existé entre 1968 et le début des années 1990, époque où l'URSS réussissait à préserver la parité dans les observations météorologiques et la qualité des prévisions.

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