Le nouveau gouvernement russe et l'attrait du pays pour les investisseurs

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par Raïssa Zoubova, commentatrice de RIA-Novosti

Au sein du nouveau gouvernement, le "bloc économique" se présente comme une équipe cohérente de compagnons d'idées. Les ministres clefs du cabinet précédent - le ministre des Finances, Alexeï Koudrine et le ministre du Développement économique et du Commerce, Guerman Gref - ont conservé leurs postes. Ou ont eu de nouveaux portefeuilles, comme Viktor Khristenko, qui devient ministre de l'Industrie et de l'Energie. On peut aussi constater que, parmi les ministres "économiques", il n'y a pas de personnages inconnus.

Venant de la Douma, Alexandre Joukov a consolidé les positions des adeptes du marché au sein du gouvernement, alors que le premier ministre Mikhaïl Fradkov, spécialiste des relations économiques extérieures et, il n'y a pas longtemps, ambassadeur auprès de l'Union européenne, principal partenaire commercial de la Russie, est appelé, sans aucun doute, à se mettre à la tête de cette équipe. Déjà, ses membres ont prouvé dans les actes, les uns au gouvernement, les autres au Parlement, leur attachement aux réformes libérales. Leurs vues économiques les rapprochent, et ils appartiennent à une même génération.

Conclusion : les investisseurs étrangers n'ont rien à craindre. La stabilité, la filiation politique seront préservées. Aucun revirement n'est à prévoir dans la politique économique, alors que les réformes déjà lancées (impôts, retraites) - seront - on peut en être sûr - menées à bien, et ceci, par les gens qui les avaient d'ailleurs conçues et lancées. Et s'il faut considérer la situation du point de vue des attraits de la Russie pour les investisseurs étrangers, le pan économique du gouvernement Fradkov est le facteur qui, à n'en pas douter, rend ces attraits encore plus importants. Depuis quatre ans, le pays connaît une croissance économique, l'inflation se ralentit selon un calendrier, le rouble reste stable, les impôts baissent, le budget est exécuté, les dettes extérieures sont remboursées intégralement et sans retard, les investissements sont en hausse. A la fin de l'année dernière, Moody's, agence de notation financière internationale, a attribué, se fondant sur ces résultats, une cote d'investissements souveraine à la Russie. Le gouvernement compte que l'exemple de Moody's sera suivi cette année par d'autres agences, notamment par Standard and Poors et Fitch.

Avec leurs partenaires occidentaux, les ministres économistes tiennent un même langage professionnel ; ils comprennent que la Russie doit trouver sa place dans l'économie mondiale et suivre le processus de globalisation. Par exemple, la ligne stratégique de la Russie visant à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce est un choix conscient, dicté par les intérêts nationaux russes.

Il est évident que la baisse des impôts, le cap mis sur l'implantation des normes internationales dans la comptabilité financière, la libéralisation monétaire et la restructuration des monopoles naturels ont contribué au regain d'attrait de la Russie pour les investisseurs étrangers. Les ministres du "bloc économique" ne sont plus les seuls à dire leur mot dans ce vaste projet d'amélioration de l'image de la Russie sur ce plan. La sécurité, la protection de la propriété privée, le système judiciaire équitable et efficace et le service public bien organisé y sont aussi pour quelque chose. Bien sûr, en matière de business, c'est "l'ensorcellement" économique qui compte surtout.

En 2004, avec ses ministres économistes, le gouvernement Fradkov poursuivra la réforme fiscale et on s'attend qu'Alexandre Joukov, qui passe pour un grand libéral justement dans les questions de fiscalité, s'engage activement dans ce travail. La conception des zones économiques franches sera mise au point, la législation anti-monopole perfectionnée. L'attention la plus sérieuse sera accordée à la réforme du secteur bancaire : son morcellement, son niveau peu élevé de capitalisation, le choix restreint d'outils financiers et une comptabilité qui a fait son temps risquent de freiner sous peu le développement économique.

Il convient enfin de reconnaître que le gouvernement s'est toujours rendu compte de la portée que revêt, aux yeux des hommes d'affaires étrangers, l'image attractive de la Russie. En 2003, le ministère du Développement économique et du Commerce annonçait le projet d'élaborer, conjointement avec l'Union des industriels et des entrepreneurs de Russie et la Chambre de commerce et d'industrie, le projet destiné à présenter le pays comme un marché croissant et prometteur. De l'avis de ses auteurs, la Russie devait, à partir de 2006, attirer jusqu'à 6,5 milliards de dollars d'investissements étrangers directs. Aujourd'hui, cet objectif semble quelque peu dépassé : en 2003, la Russie a déjà obtenu plus de 6,7 milliards d'investissements étrangers directs, le volume global des investissements se montant à 29,7 milliards de dollars, soit 50% de plus qu'en 2002. L'effort visant à rendre la Russie plus attractive pour les investissements étrangers sera poursuivi en 2004 : comme l'a déclaré le ministre G.Gref, la procédure d'octroi de licences sera radicalement révisée, devenant plus efficace et moins onéreuse. Cette année, les portes s'ouvriront encore plus grand au capital étranger.

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