Le sort de Ioukos sera connu incessamment

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MOSCOU /par Raïssa ZOUBOVA - RIA Novosti/. Le prix des actions de Ioukos évoluent en dent de scie, en fonction des informations qui parviennent. Or elles sont diverses. Parmi elles le marché trouve certaines rassurantes.

A la mi-mai, après l'annonce de la suspension par le Tribunal de commerce (dit d'arbitrage) de Moscou de la décision du ministère des Impôts et Perceptions relative à l'acquittement par Ioukos de 99 milliards de roubles d'impôts et de pénalités, l'action de la compagnie pétrolière a entrepris une ascension rapide, quoique de courte durée. Le 28 mai le tribunal se réunira pour examiner la plainte de Ioukos contre le ministère qui, pour le moins avant cette date, n'a pas le droit de demander quoique ce soit à la compagnie pétrolière. Certains pensent pourtant, il est vrai, que cet événement n'aura pas beaucoup d'impact sur l'issue de l'affaire.

Il y a aussi une information négative : Ioukos s'est fait remettre un nouvel avertissement bancaire contre une éventuelle insolvabilité, cette fois de la part du Groupe Menatep qui est son plus gros actionnaire (52%). En septembre dernier cette société financière avait concédé à Ioukos 1,6 milliard de dollars de crédit par l'entremise de la Société Générale. Depuis, cette dernière s'est retirée de l'affaire et le Groupe Menatep reste le plus important créancier de Ioukos.

De l'avis des experts, Ioukos a été délibérément approvisionnée en crédit par des structures bancaires apparentées. C'est une sorte d'assurance contre la faillite. D'après la loi, c'est du principal créancier que dépendra le choix de l'administrateur mandataire et le contenu de l'accord amiable.

Tout prouve que les dirigeants de Ioukos ne restent pas les bras croisés mais effectuent des manœuvres pour gagner du temps et trouver le moyen de s'expliquer avec les autorités. Bien des signes attestent que les propriétaires du géant pétrolier ne cherchent pas à aggraver leurs relations avec l'Etat et qu'ils aimeraient mieux s'entendre dans une ambiance informelle, peut-être même dans la coulisse.

Le rideau derrière lequel Ioukos dissimule sa tactique a été soulevée en partie par l'ancien chef de la Banque centrale de Russie, Viktor Guerachtchenko, que les actionnaires de la société s'apprêtent à élire à la tête du Conseil des directeurs au cours de leur assemblée générale qui se tiendra en juin. De l'avis du doyen de la profession bancaire russe, il serait nécessaire de "se réunir à la table des négociations pour analyser raisonnablement l'état des choses". Tout porte à croire que le banquier ne perd pas l'espoir de rabattre de moitié la somme réclamée (99 milliards de roubles) par le ministère des Impôts.

" Pénalités, amendes, dédits... Pourquoi le ministère met des années à vérifier les principaux contribuables ? Bien du temps a passé et il continue à ajouter des pénalités. Qu'il vérifie sur le coup... " clame Guerachtchenko, pas encore élu au Conseil des directeurs mais déjà entièrement plongé dans les problèmes de Ioukos. Cette déclaration du banquier laisse apparaître entre les lignes ceci : les actionnaires sont prêts et même aimeraient mieux payer une somme raisonnable et rester, selon l'expression de Guerachtchenko, "dans une sphère d'activité qui les intéresse et où ils réussissent".

La question essentielle revient toujours en Russie en rapport avec l'affaire Ioukos : la compagnie sera-t-elle amenée ou non à déposer son bilan ? Les optimistes font leurs calculs : en 2003, elle a réalisé 2,5 milliards de dollars de bénéfice net ; la résiliation du marché avec Sibneft lui rapportera encore 3 milliards de dollars ; sur ses comptes elle dispose de 2,3 milliards et de 4 milliards d'emprunts (dont 3 milliards prêtés par les structures bancaires apparentées) ; 3,5 milliards d'impôt forfaitaire... Conclusion : Ioukos survivra si elle parvient à persuader le ministère des Impôts de modérer son appétit.

Tel n'est pas l'avis des pessimistes. "Pourquoi croyez-vous que le ministère des Impôts ne pourrait pas intenter une autre action?", demandent-ils.

La situation est telle que nul ne peut aujourd'hui prédire comment l'affaire va tourner. Les actionnaires de Ioukos et les sympathisants des grosses affaires espèrent que tous les problèmes sont solubles, si les autorités font preuve de bonne volonté.

Du côté des optimistes on fait prévaloir le bon sens et la raison. Ioukos est une société énorme et compétitive qui donne du travail à des centaines de milliers de gens, qui verse des milliards au budget fédéral et qui mène des activités caritatives. D'autre part, elle est déjà échaudée, donc sans danger pour le pouvoir. Sa destruction ou même la désorganisation de son fonctionnement serait un coup dure porté à toute l'économie russe en développement et à la réputation que le pays a en Occident.

En mai ou en juin doit se décider le sort de la compagnie pétrolière et de Mikhaïl Khodorkovski, accusé de crimes économiques et détenu dans une prison à Moscou.

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