Revue de la presse russe du 17 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

La Russie armera l'Irak

La Russie pourrait renouveler tout prochainement ses livraisons d'armements à l'armée irakienne qui est en train de renaître (elle avait fourni de l'armement à l'Irak de 1970 à 1990), selon l'entente intervenue entre le chef d'état-major général des Forces armées russes le général de corps d'armée Iouri Balouevski et le commandant en chef des Forces alliées de l'OTAN en Europe le général américain James Jones. La Russie apprendra au personnel irakien le maniement du matériel livré, a assuré le général russe. Le ministre russe de la Défense, Serguéi Ivanov, a confirmé pour sa part, hier, que les livraisons d'armes seraient renouvelées si le gouvernement irakien demandait de lui apporter une assistance militaro-technique.

Un expert du Centre des études stratégiques, Alexandre Chavarine, a estimé dans une interview au quotidien "Nezavissimaïa gazeta" que la Russie fournirait probablement à l'armée irakienne du matériel blindé lourd, des tous terrains d'infanterie, des armes légères, des mortiers et des canons, ainsi que des munitions des divers calibres.

De l'avis de l'expert, l'une des raisons de la décision de Moscou est qu'en Irak il y a beaucoup d'armes de fabrication soviétique et que les Irakiens les connaissent bien. "Pratiquement tous les officiers du pays ont appris à faire la guerre avec des armes soviétiques".

Le général de corps d'armée Leonid Ivachov, ancien chef de la direction principale de la coopération militaire internationale du ministère de la Défense, estime qu'à la première étape deux centaines d'instructeurs russes pourraient être envoyés en Irak. "C'est ainsi qu'ont commencé les livraisons d'armes à la Syrie et à l'Egypte", a-t-il rappelé.

Le directeur du Centre Carnegie de Moscou, Andrew Kuchins, estime que "le fait que la Russie soit prête à revenir en Irak presque au même niveau que l'Alliance atlantique a accepté de le faire (des instructeurs otaniens apprennent l'art militaire aux Irakiens) sera perçu positivement dans l'administration du président George Bush".

Selon certaines informations qui ont transpiré à Washington, écrit le journal, la Russie s'est décidée à rejoindre la campagne irakienne en échange de la reconnaissance, par les Etats-Unis, du fait que l'espace post-soviétique est une zone de ses intérêts vitaux. D'ailleurs, le schéma des futures livraisons d'armes à l'Irak n'est apparemment pas encore décidé ni coordonné entre les principales administrations concernées.

Novyé izvestia/Vedomosti

La rencontre du président avec les industriels est-elle une simple formalité ?

Hier Moscou a été le lieu du XIVe congrès de l'Union des industriels et des chefs d'entreprise de Russie. La principale intrigue se ramenait à la question de savoir si Vladimir Poutine viendrait ou non. Le président est venu et resté jusqu'à la fin de la première partie de la réunion. Les hommes d'affaires ont renvoyé la politesse et ont strictement respecté les tabous : personne n'a entendu prononcer les mots Ioukos et Khodorkovski, écrit le quotidien "Novyé izvestia".

Poutine a une nouvelle fois rappelé aux milieux d'affaires leur responsabilité sociale et les a appelés à participer au règlement des problèmes socio-économiques du Caucase du Nord. L'assistance a approuvé massivement le président lorsqu'il a dit que les fonctionnaires devaient garantir et protéger la propriété privée tout comme la propriété publique. En ce qui concerne les poursuites fiscales, personne ne souhaite "voir dans chaque homme d'affaires un malfaiteur ", a déclaré le chef de l'Etat.

Dans leur ensemble, les hommes d'affaires et les fonctionnaires considèrent le congrès d'hier comme un événement strictement rituel. Il ne faut pas prendre les propos de Poutine pour des instructions concrètes aux milieux d'affaires, selon une source au Kremlin. "Il a tout simplement énuméré les tâches les plus importantes de l'Etat. En ce qui concerne les hommes d'affaires, c'est à eux de décider s'ils peuvent aider les autorités ou non", a déclaré le fonctionnaire au journal "Vedomosti".

Personne ne se hâte cependant de monter des affaires au Caucase du Nord. "Dans le sud, on pourrait, certes, inventer un projet. Pour légaliser la production de vodka, par exemple. Mais nul ne sait qui voudra s'en occuper", affirme un des participants au congrès.

Les hommes d'affaires ne croient pas que le discours fait par Poutine puisse décider les fonctionnaires d'accéder aux désirs des milieux d'affaires. "Nous sommes devenus serviles au point que les fonctionnaires ont cessé de nous prendre au sérieux. Ce que le président nous dit, ce ne sont que de belles paroles destinées au large public", se lamente un membre du bureau de l'Union des industriels. "Lorsque 70% de la population veulent voir les oligarques en prison, il est plus facile de se planquer et d'attendre des jours meilleurs", estime un autre.

"Les contacts entre les milieux d'affaires et les autorités dans le cadre de l'Union des industriels ont épuisé leur potentiel", affirme avec conviction le président de l'Institut de la stratégie nationale, Stanislav Belkovski. A son avis, les plus gros capitalistes ont perdu tout intérêt pour cette organisation. De toute façon, on n'a vu au congrès ni le propriétaire de Rusal Oleg Deripaska, ni le co-propriétaire d'Alfa-Group Mikhaïl Fridman, ni le président du conseil d'administration de RAO EES Anatoli Tchoubaïs.

Izvestia

L'influence de Moscou sur les élections dans les Etats amis ne donne pas le résultat voulu

Les résultats préalables de l'élection présidentielle en Ukraine, de même que les résultats des élections en Abkhazie qui sont également devenus "préalables" (l'Abkhazie est une république autoproclamée sur le territoire de la Géorgie) obligent à réfléchir sur l'efficacité des formes existantes de participation de la Russie aux campagnes électorales des pays amis, lit-on dans les "Izvestia".

Un stéréotype est apparu en Russie depuis l'époque de Boris Eltsine: la télévision et les technologies politiques contemporaines sont capables d'atteindre n'importe quel objectif dans l'intérêt de ceux à qui elles appartiennent.

En réalité, durant cette dernière période, aucune des campagnes électorales pour les élections législatives n'a assuré la majorité aux partis du pouvoir; du point de vue du critère du marché "dépenses-résultat", c'est un exemple d'inefficacité. Mais là où le pouvoir veut remporter sans faute une victoire (le référendum de 1993 sur la Constitution et l'élection présidentielle de 1996), les efforts administratifs ont joué un rôle déterminant.

De plus, la pression excessive sur le peuple suscite des protestations. En Abkhazie, où la majorité écrasante des habitants rêve d'adhérer à la Russie, la propagande de Moscou en faveur d'un des candidats - sans assurer le contrôle aux bureaux de vote - a eu pour résultat que le mot d'ordre politique "Nous sommes capables de prendre la décision nous-mêmes" est devenu le mot d'ordre principal et le processus de détermination du vainqueur s'est transformé en farce.

En Ukraine, de nombreux habitants qui sympathisaient pour Viktor Youchtchenko, leader de l'opposition, le considéraient comme un candidat faible pour le poste de président. Si Moscou n'avait pas joué son rôle - Moscou a énergiquement soutenu le premier ministre Viktor Ianoukovitch, - ils ne se seraient pas rendus aux urnes. A présent, ils vantent leur candidat. Telle est la réaction de cette partie de la population à la pression exercée.

Aujourd'hui, fait remarquer le journal, les efforts administratifs se sont dépréciés, par conséquent, la propagande de Moscou a échoué. Mais, paradoxalement, en Ukraine, sans parler de l'Abkhazie, le président russe jouit vraiment d'un fort prestige.

Vedomosti

Au nom du sous-sol russe, les étrangers sont prêts à accepter les risques politiques

Les investisseurs étrangers ont une attitude différente envers les risques politiques russes et l'affaire YOUKOS.

De petites compagnies pétrolières ont décidé de ne pas investir en Russie. Par exemple, Marathon Oil Corporation américaine a annoncé ces jours-ci la suspension des investissements en Russie (bien qu'elle ait promis auparavant d'investir dans les cinq prochaines années 378 millions de dollars dans sa filiale à 100 % Khanty-Mansyisk Oil Corp.), arguant des changements incessants dans le domaine politique et fiscal en Russie.

Des compagnies plus importantes agissent plus hardiment. Par exemple, la compagnie franco-belge Total a fait connaître récemment son intention d'acquérir le bloc de contrôle de "NOVATEK", le plus grand producteur indépendant de gaz en Russie, pour environ un milliard de dollars. Une représentante de Total a déclaré au quotidien "Vedomosti" que la compagnie voudrait acquérir 52 % du projet d'exploitation du gisement de Vankor situé dans le Nord du territoire de Krasnoiarsk, ainsi que 60 % du gisement voisin, celui de Vankor du Nord. Les investissements dans ces deux projets sont évalués à 4,7 milliards de dollars.

La Russie est un des leaders mondiaux de la production du pétrole, elle possède les plus riches ressources de gaz naturel, c'est pourquoi Royal Dutch-Shell veut y accroître sa présence, a dit Andy Corrigan, représentant d'une compagnie anglo-hollandaise.

Cette stratégie a déjà apporté le succès à la BP britannique. Comme cela est mentionné dans le compte rendu de la BP pour les neuf premiers mois se 2004, sans sa filiale russe, le groupe aurait réduit l'extraction du pétrole de 7 %. Grâce aux actifs russes, la réduction n'a été que de 4 %.

Il se peut que l'optimisme des leaders repose sur des garanties de l'Etat, supposent les analystes. Dmitri Chemetilo, expert de Commerzbank Securities, est certain que les investissements importants étrangers sont effectués avec l'approbation des dirigeants du pays. Cette approbation suppose des conditions supplémentaires. Par exemple, la société américaine Conoco Phillips qui a acheté 7.6 % d'actions de LOUKOIL aux enchères dans le cadre de la privatisation soutiendra les intérêts de son partenaire russe en Irak. De l'avis de l'expert, les risques politiques actuels en Russie sont minimaux pour les grandes compagnies occidentales.

Vremia novostei

Le site Internet des séparatistes tchétchènes peut subsister encore longtemps

Fermé d'abord en Lituanie, ensuite en Finlande, le site des séparatistes tchétchènes "Kavkazcenter" a rouvert, au bout de moins d'un mois, en Suède.

Le site est hébergé sur le serveur suédois Port80 AB. Jan Hamberg, directeur de cette compagnie d'Internet, a déclaré dans une interview au quotidien "Vremia novostei": "Je ne vois rien d'illégal dans l'ouverture de ce site". Selon lui, sa société travaille avec différents clients. S'ils ne violent pas la législation suédoise, la compagnie ne se mêle pas de leur travail". En l'occurrence, a souligné Jan Hamberg, Port80 AB n'a pas de prétentions envers son client, par conséquent, le site continuera à fonctionner à Stockholm tant que les autorités suédoises ne décideront pas que son activité est illégale.

Anna Ekmand, employée du Département russe du ministère des Affaires étrangères suédois, a expliqué que le problème du "Kavkazcenter" n'était pas politique,

mais purement juridique. Il doit être réglé non par le ministère de la Justice, mais par les Tribunaux . Si la Russie estime que l'ouverture du site en Suède est contraire aux normes juridiques internationales, elle doit embaucher des avocats et agir en justice.

Le département de l'information urgente du ministère russe des Affaires étrangères a expliqué hier que sa position officielle à ce sujet n'était pas encore formulée définitivement. Une demande officielle adressée au FSB (Service fédéral de sécurité russe) d'expliquer la position du département dans la situation présente n'a pas abouti. Bref, la réaction des autorités russes s'est bornée à la visite de l'ambassadeur russe Nikolai Sadtchikov au ministère des Affaires étrangères suédois où il a exprimé la préoccupation de la Russie devant l'apparition du site des séparatistes tchétchènes dans ce pays.

Le site "Kavkazcenter" existera probablement enocre longtemps en Suède, car les procès peuvent durer des années. De plus, le recours des missions diplomatiques aux instances judiciaires est une pratique inhabituelle, c'est pourquoi on ne sait pas comment cette procédure peut avoir lieu.

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