Revue de la presse russe du 26 novembre

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MOSCOU, RIA-Novosti

Novye izvestia

Sommet Russie-UE: ni scandale, ni compromis

On s'attendait, sinon aux batailles, du moins, aux déclarations grandiloquentes sur l'Ukraine au 14e sommet UE-Russie qui s'est tenu jeudi à La Haye.

Mais le second tour de l'élection dans ce pays n'a pas modifié l'ordre du jour du sommet, lit-on dans les "Novye izvestia". Par contre, c'était le sujet principal au déjeuner officiel à La Haye. En fait, les parties ont exposé leurs positions respectives qui étaient déjà connues: les représentants de l'UE ont rappelé qu'ils n'avaient pas l'intention de reconnaître les résultats des présidentielles ukrainiennes. La Russie, premier pays à avoir félicité Viktor Ianoukovitch de sa victoire, sans attendre l'annonce des résultats de la Commission électorale centrale, a déclaré que son avis était différent.

Au cours de la conférence de presse, les parties ont reconnu qu'elles avaient les visions différentes de la situation en Ukraine (c'est ce qu'a dit Ian Peter Balkenende, premier ministre des Pays-Bas, pays qui assume actuellement la présidence de l'UE). Le président russe Vladimir Poutine a déclaré: "A mon avis, les Etats ne doivent pas reconnaître ou ne pas reconnaître les élections en Ukraine. C'est l'affaire du peuple ukrainien". Selon Vladimir Poutine, il y a un moyen légitime de régler les contentieux qui surgissent:" Toutes les prétentions doivent être exposées au tribunal".

Il n'y a pas eu non plus de percées sur un autre point de l'ordre du jour: la création de quatre espaces communs (l'économie, l'enseignement et la culture, la sécurité intérieure et extérieure) entre l'UE et la Russie. Si, en ce qui concerne l'enseignement, la culture et l'économie, les parties se sont entendues dès l'année dernière, par contre, des divergences ne manquent pas dans le domaine de la sécurité extérieure, surtout concernant le règlement des conflits dans l'espace postsoviétique. La Russie ne voudrait certainement pas que l'UE renforce son influence dans cette région, en estimant que c'est la zone des intérêts de la Russie. Dans le domaine des affaires intérieures et de la justice, il n'y a pas non plus de progrès, notamment sur le régime sans visas.

Comme l'a dit Constantin Kossatchev, président du Comité des affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), la création des groupes de travail chargés de régler le problème du transit des cargaisons vers la région de Kaliningrad, dont les tarifs se sont considérablement accrus après l'élargissement de l'UE, et de la situation de la population russophone dans les pays baltes, est la réalisation principale du sommet pour la Russie. En ce qui concerne le dernier point, il signifie que l'Union européenne a reconnu l'existence de ce problème et s'est chargée de son règlement.

Gazeta

" Russie unie " a reconnu publiquement d'être un projet politique du Kremlin

La direction du parti "Russie unie" a expliqué jeudi le sens du projet de loi en voie de préparation à propos de l'élection de la Douma sur les listes des partis.

Selon le quotidien "Gazeta", le leader de "Russie unie" Boris Gryzlov a déclaré: "Malheureusement, au cours des 14 dernières années, les partis politiques ne se sont pas formés comme il le faut. C'est pourquoi le futur projet de loi propose le système de formation des partis en Russie d'en haut".

Oleg Morozov, chef du groupe de députés faisant partie de la fraction "Russie unie", a expliqué: "Lorsque la tradition de la formation des partis n'existe pas dans la société, il est impossible de se représenter l'apparition d'un parti fédéral des masses comme une initiative venant uniquement d'en bas". Oleg Morozov a cité, en tant qu'exemple positif de la "formation du parti d'en haut", le parti "Russie unie": "A quoi bon se leurrer?! Certes, le parti "Russie unie" est un projet politique mis en oeuvre d'en haut".

Il est à noter que les membres du parti "Russie unie" avaient reconnu publiquement ce fait évident aussitôt après la fondation de leur parti en 1999. Depuis, les membres de ce parti ont toujours affirmé qu'ils constituaient une structure politique indépendante, bien que, selon l'avis unanime des experts, au cours des quatre années écoulées, le parti n'a pu élaborer son idéologie. Il a remporté les élections à la Douma grâce à la cote de popularité du président.

Les observateurs estiment que les membres du parti "Russie unie" ont deux raisons d'en parler franchement. Premièrement, le parti trouve avantageux de s'identifier aujourd'hui à l'administration présidentielle. Deuxièmement, les membres de "Russie unie" veulent démontrer que le Kremlin a abandonné l'idée de démanteler sa "création". "Le Kremlin est aujourd'hui l'unique acteur politique dans le pays, a expliqué Alexei Makarkine, directeur général adjoint du Centre de technologies politiques. Par conséquent, il est avantageux pour l'image du parti de déclarer qu'il est "proche du Kremlin". Cela lui redonne du poids politique". Les propos, selon lesquels le parti "Russie unie" serait divisé en deux: en parti de gauche et en parti libéral, ont cessé récemment. Ces propos inquiétaient beaucoup les membres du parti "Russie unie". Apparemment, le Kremlin a abandonné ces plans et a autorisé au parti "Russie unie" de le déclarer à l'establishment.

Vedomosti

La victoire de Viktor Ianoukovitch est reportée par la Cour suprême d'Ukraine

Bien que la Commission électorale centrale ait annoncé la victoire de Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle en Ukraine, il ne peut pas encore entrer en fonction. La Cour suprême a interdit hier à la Commission électorale centrale de publier officiellement les résultats du second tour. L'examen de la plainte des partisans de Viktor Youchtchenko, leader de l'opposition, contre la décision prise par la Commission électorale centrale sur les résultats officiels du dépouillement du scrutin est prévu pour le 29 novembre.

Les observateurs interrogés par le journal "Vedomosti" estiment que le président en exercice Leonid Koutchma a "freiné" l'investiture de Viktor Ianoukovitch. "S'il voulait prendre la décision ferme (sur la victoire de Viktor Ianoukovitch), l'examen de la plainte aurait été prévu pour le lendemain", estime Stanislav Belkovski, président de l'Institut de stratégie nationale. A son avis, avant lundi, Viktor Youchtchenko, Viktor Ianoukovitch et Leonid Koutchma examineront les variantes d'une issue pacifique à la situation révolutionnaire. Selon une variante, on pourrait réaliser une réforme constitutionnelle qui permettrait répartir le pouvoir entre le président et le parlement. La Rada suprême (parlement) doit voter le 2 décembre à ce sujet.

Parmi deux variantes possibles de règlement de la situation - politique, avec la médiation des hommes politiques de réputation mondiale, et juridique, sur laquelle a insisté d'ailleurs le président russe - Leonid Koutchma a choisi la deuxième, constate Alexei Makarkine, directeur général adjoint du Centre de technologies politiques. "Les médiateurs politiques exprimeraient inévitablement leur sympathie à l'un des candidats, de plus, il serait impossible de ne pas accepter les résultats de cette médiation, raisonne Alexei Makarkine. Leonid Koutchma a la possibilité d'influer sur le mécanisme judiciaire, c'est pourquoi, tant que les délibérations ont lieu, il aura le temps de prendre une décision définitive". Selon la loi, la Commission électorale centrale doit publier les résultats de l'élection dans les journaux "Golos Oukraïny" et "Ouriadovy kourier" trois jours, au plus tard, après l'établissement des résultats des élections. Après cette publication, le candidat élu à la présidence quitte le poste qu'il occupe et, dans 30 jours, au plus tard, il prête le serment présidentiel.

Finansovyé izvestia

Des experts commentent le rythme d'inflation en Russie

Tout porte à croire que le taux d'inflation en 2004 dépassera le niveau pronostiqué de 10%. Les prix de consommation augmenteront de 11% et la hausse des prix à la production risque de monter l'inflation davantage. Autant dire que les autorités monétaires russes n'arrivent pas, à l'étape actuelle, de réaliser l'objectif, fixé par de Vladimir Poutine, de ramener l'inflation à 3% seulement vers 2008, écrit le quotidien "Finansovyé izvestia".

Les experts soulignent que l'inflation est éperonnée aussi bien par les cours élevés du pétrole que par la politique de la Banque centrale qui achète du dollar pour éviter un renforcement excessif du rouble.

La croissance rapide des prix à la production (22% au cours du premier semestre 2004, selon les données de la Banque mondiale) a considérablement accéléré l'inflation. Les spécialistes de l'Institut russe de l'économie ouverte citent des chiffres encore plus importants : les prix des producteurs ont augmenté de 35% dans le secteur énergétique, de 54% dans la métallurgie, de 10% dans les constructions mécaniques, de 12% dans le BTP. Les causes principales en sont la hausse des prix des matières premières énergétiques et l'augmentation des salaires.

Les spécialistes de l'Institut russe de l'économie ouverte prédisent que même si le niveau des prix à la consommation s'accroît de 11% en 2004, comme le promet le ministre des Finances Alexéi Koudrine, l'inflation réelle sera quand même plus importante : 13,1% à peu près, compte tenu de la hausse des prix des producteurs. Le chef du groupe d'expertises économiques, Evséi Gourvitch, estime qu'à l'heure actuelle la hausse des prix à la consommation est contenue par les prix des produits d'importation qui représentent à peu près 45% du marché russe. Pour cette raison les producteurs nationaux ne peuvent pas se permettre d'augmenter leur prix. Mais tôt ou tard, soulignent les experts, les prix à la consommation et ceux à la production finiront par augmenter au même rythme.

Pour cette raison, de toute évidence,les autorités monétaires russes ne parviendront pas à retenir l'inflation au niveau programmé pour 2005 (8% à 9%). "Une partie importante de l'offre monétaire est dévorée par l'inflation au lieu d'être consommée par l'économie. La demande d'argent diminue, ce qui traduit un ralentissement de l'activité économique", souligne le directeur scientifique du Haut Collège d'Economie, Evgueni Iassine. De ce fait, à ses dires, le rouble perdrait 12% à 15% de sa valeur en 2005.

Vrémia novostéi

Le Venezuela veut mettre en place une alliance stratégique avec la Russie

Le président vénézuélien a déclaré hier à Moscou que "la Russie et le Venezuela représentent une alliance stratégique dont les circonstances actuelles favorisent le renforcement". Dans cette alliance, Hugo Chavez privilégie l'aspect politique, écrit le quotidien "Vrémia novostéi". "Nous sommes contre le monde unipolaire (que, de l'avis de Chavez, cherchent à créer les Etats-Unis). Il doit y avoir une Europe puissante, une Russie puissante, une Asie puissante avec la Chine et l'Inde, un Proche-Orient puissant et une Amérique latine puissante", a affirmé avec conviction le président vénézuélien.

La coopération russo-vénézuélienne repose non seulement sur la politique mais également sur l'économie, sur le pétrole en premier lieu. Dans cet ordre d'idées, Chavez a proposé de modifier l'encadrement des cours de cette matière première fixé par l'OPEP. La fourchette allant de 22 à 28 dollars le baril est, a son avis, une "réalité dépassée". Le leader vénézuélien soutient que le plancher doit être de 30 dollars le baril et que c'est le marché qui doit déterminer le plafond.

L'actuelle visite de Chavez doit aboutir à la signature d'une convention intergouvernementale sur la coopération entre Moscou et Caracas dans le secteur énergétique. La production en commun de pétrole dans le bassin de l'Orinoco s'annonce possible. Lukoil se propose d'investir jusqu'à 1 milliard de dollars dans des projets pétroliers à réaliser au Venezuela. Les milieux d'affaires russes ont fait savoir leur intérêt à construire dans ce pays des centrales hydrauliques et thermiques, des entreprises de transformation d'aluminium primaire. Le coût de ces projets est estimé à encore 1 milliard de dollars.

D'autre part, Caracas projette d'acheter à Moscou 40 hélicoptères d'appui tactique Mi-35 et chasseurs MiG-29S. Le Venezuela voudrait non seulement acquérir des armements et du matériel de guerre russe mais aussi former des cadres militaires en Russie. Moscou attend avec impatience que Caracas tienne sa promesse de reconnaître la Russie comme pays à économie de marché, ce que Hugo Chavez pourrait faire lors de cette visite, et de soutenir son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.

D'après un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Hugo Chavez a été "très bien reçu chez nous au plus haut niveau". Il a été bien reçu hier par les pétroliers russes qui ont accueilli debout l'apparition du leader vénézuélien au colloque pétrogazier et ont plus d'une fois interrompu par des applaudissements, toujours debout, son discours.

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