Les fêtes de fin d'année seront tristes à Beslan

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MOSCOU, 24 décembre - par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti.

Il se passera beaucoup de temps pour que le bonheur que l'on souhaite habituellement à l'occasion du Nouvel An revienne dans les maisons de la petite ville nord-ossète de Beslan dont la tragédie a choqué le monde entier.

On compte à Beslan près de 6 000 enfants, et la fête aura certainement lieu. D'autant plus que toute émotion positive est une aide psychologique précieuse aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Presque tous ceux qui ont été hospitalisés dans des cliniques à Moscou, placés dans des centres de cure ou envoyés à l'étranger sont rentrés pour les fêtes de fin d'année. Des cadeaux attendent les enfants sous l'arbre de Noël, comme le veut la tradition. Quant aux enfants morts, jouets, chocolats et fleurs seront déposés sur leurs tombes.

S'appuyant sur l'avis de la majorité des habitants de Beslan, les autorités municipales ont décidé de raser le bâtiment à moitié détruit de l'école pour ériger à sa place un mémorial. Toutefois, les habitants des rues voisines ne veulent pas avoir sous les yeux ce symbole de malheur et proposent de tracer des parterres de fleurs ou d'y planter magnolias et épicéas du Caucase. Pour l'instant, on ne touche pas à l'école. Des gens arrivent des quatre coins du pays pour déposer des fleurs et exprimer leur compassion. À la veille du Nouvel An, un inconnu a même installé ici un arbre de Noël décoré de rubans noirs de deuil.

Les murs de l'école sont couverts d'inscriptions proférant des malédictions aux assassins et des appels à la vengeance. La tradition de la vendetta qui existe chez les peuples caucasiens et quasi oubliée par les Ossètes échauffent les esprits et pointe du doigt l'Ingouchie et la Tchétchénie frontalières. Les autorités qualifient de provocation les appels publics à la vengeance et répriment les instigateurs. On ne connaît toujours pas les noms des assassins. Mais, d'après ce que l'on sait, le commando était de par sa composition international. Il y a encore une chose qui est claire à tous les Russes: quelqu'un a voulu semer la discorde entre les peuples caucasiens et blesser le talon d'Achylle qu'est l'Ossétie du Nord, la tête de pont russe dans la région. Les Ossètes croient qu'ils ont "payé" pour leur parenté historique et leur loyauté séculaire à la Russie.

La commission parlementaire de la Douma présidée par Alexandre Torchine étudie avec rigueur et minutie les causes de la tragédie. Une commission analogue du parlement ossète travaille parallèlement. L'enquête est contrôlée par le président Vladimir Poutine. On promet de finir d'instruire cette affaire d'ici février, mais les parents de victimes pensent qu'elle progresse trop lentement. Rumeurs et suppositions viennent combler ce manque d'information, chose courante dans ce type d'enquêtes. Submergés par le malheur et l'émotion, les parents des enfants morts s'en prennent à tous ceux qui leur tombent sous la main, y compris aux enseignants survivants et à la directrice de l'école Larissa Tsalieva sortie elle-même à peine saine et sauve des décombres. On l'accuse d'avoir embauché n'importe qui pour les travaux de réparation, ces inconnus auraient caché des armes sous le parquet de l'école. Les faits démontrent le contraire: les criminels ont apporté les armes avec eux.

Pour désamorcer la situation, le président de la république d'Ossétie du Nord, Alexandre Dzassokhov, a rendu public un décret "De la situation éthique et morale autour de la tragédie de Beslan" par lequel il a prescrit aux organes du pouvoir et aux collectivités locales d'apporter le soutien moral et social à tous ceux que la tragédie a touchés. Parallèlement, il est recommandé aux organes compétents de poursuivre ceux qui déstabilisent la situation dans la république caucasienne.

Les Ossètes disent que l' "Apocalypse" les a complètement changés et que, l'an prochain, la république ne vivra plus comme "avant Beslan". Mais la tragédie est devenueune "Apocalypse" pour beaucoup de gens, y compris à l'extérieur de la Russie.

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