Revue de la presse russe du 1er août

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MOSCOU - RIA Novosti

Novye izvestia/Nezavissimaia gazeta

La nouvelle élite essaie de discréditer celle qui l'a précédée

Après "l'affaire de la datcha" de l'ancien Premier ministre Mikhail Kassianov, la maison de campagne de Vladimir Rouchaïlov, Secrétaire exécutif de la CEI (Communauté des Etats Indépendants), pourrait attirer l'attention du Parquet général. Les experts interrogés par les quotidiens de la capitale Novye izvestia et Nezavissimaia gazeta estiment que les accusations lancées à l'adresse de Vladimir Rouchaïlo reflètent la lutte entre les élites nouvelle et ancienne.

Une requête sur les moyens d'acquisition de la maison a été envoyée à la Chambre d'enregistrement par Alexandre Khinchtein, député de la fraction Russie unie, connu par son enquête sur Mikhail Kassianov.

Dmitri Orechkine, chef du groupe analytique Merkator, explique la situation: Il y avait un accord tacite entre la nouvelle et l'ancienne élite. Pourtant, l'action d'Alexandre Khinchtein, soutenu par les structures du pouvoir, se traduit aujourd'hui comme la violation de cet accord par la nouvelle élite, qui jette avant les élections, le discrédit sur les "anciens".

Ces "anciens" ont consenti à laisser la place, mais les "nouveaux" refusent de respecter leurs engagements. Cela veut dire que les "nouveaux" feront tout leur possible pour garder le pouvoir, tout en craignant d'être victime à leur tour d'actions de ce genre.

Pour Alexei Makarkine, vice-directeur du Centre de technologies politiques, un groupement stable à l'instar du "clan" n'existe pas aujourd'hui. Il y a des personnes qui ont leurs propres intérêts politiques et économiques. Quant à la déclaration d'Alexandre Khinchtein, elle s'explique par deux facteurs. Premièrement, il s'agit non pas d'une guerre contre un "clan", mais d'une concurrence serrée entre la nouvelle et l'ancienne élites, entre celle de Poutine et celle d'Eltsine. Les nouvelles élites veulent probablement exercer davantage d'influence sur la situation au sein de la CEI. Deuxièmement, certains joueurs situent leurs propres intérêts dans le cadre même de cette lutte entre élites. Alexandre Khinchtein avait auparavant des rapports difficiles avec Vladimir Rouchaïlo, c'est pourquoi il a pris l'initiative de lancer cette affaire.

Guennadi Goudkov, membre du Comité de sécurité de la Douma (chambre basse du parlement russe) ajoute: Si l'attaque avait effectivement pour cible le "clan" lui-même, il aurait été plus utile de le priver d'appuis, y compris financiers, qui le soutiennent jusqu'à ce jour. Il peut s'agit tout simplement d'un règlement de comptes.

Troud

L'ex-premier ministre n'a pas assez de courage politique

L'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov n'a pas assez de courage politique, affirme le directeur général du Centre d'étude de la conjoncture politique, Konstantin Simonov, dans une interview au quotidien Troud.

Le comportement de Kassianov qui accuse les autorités de faire de lui un objet de persécutions politiques dans l'"affaire de la datcha" a l'air d'un spectacle politique : l'ex-premier ministre, l'air désinvolte, a préféré ne pas raccourcir ses vacances pour revenir en Russie et s'emploie à montrer comment il s'opposera à Poutine. "Kassianov n'a pas l'allure de combattant", affirme l'expert qui considère que l'ancien premier ministre n'est pas un homme capable de faire front au pouvoir.

Pourtant, certains hommes politiques de droite misent sur Kassianov, "faute de mieux", affirme Konstantin Simonov. Les candidatures du député Vladimir Ryjkov ou du leader du parti Iabloko, Grigori Iavlinski, n'ont pas été retenues pour les projets précédents. "Ryjkov, après avoir été incorporé dans tous les "partis au pouvoir" imaginables s'est tout à coup ravisé pour changer de cap et rallier l'opposition", explique l'expert.

On cherche donc maintenant un "poids lourd", capable de réanimer tant soit peu la droite, actuellement en proie à une crise évidente. "Des hommes comme Kassianov émergent quand on n'en a pas d'autres", affirme le directeur du Centre d'étude de la conjoncture politique.

Kassianov, affirme-t-il, pourrait se voir proposer des services par les oligarques Boris Berezovski et Léonide Nevzline. "Mais l'ex-premier ministre n'est pas un novice en politique. Il se rend compte qu'on le pousse à combattre en Russie tandis que Berezovski est à Londres et Nevzline en Israël", explique Konstantin Simonov qui estime qu'à l'intérieur de la Russie il n'y a pas de figures solides capables de soutenir Kassianov. "Pour le big business l'essentiel c'est la stabilité, il ne financera pas l'opposition à Poutine", conclut le politologue.

Gazeta

Le parti Patriotes de Russie concurrence le KPRF et Rodina

Le parti Patriotes de Russie dirigé par Guennadi Semiguine a officiellement été enregistré vendredi. Les experts pensent que Guennadi Semiguine entend rassembler autour de lui l'électorat patriotique de gauche et faire concurrence au Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) et à Rodina (Patrie), écrit le quotidien Gazeta.

Pour pouvoir présenter des candidats aux élections législatives de 2007, le parti Patriotes de Russie a six mois pour se conformer aux exigences de la nouvelle loi sur les partis: créer des sections dans la moitié des entités de Russie et porter le nombre de ses adhérents à 50.000.

Si le parti y parvient (dans le cas contraire l'enregistrement sera annulé), la scission du KPRF serait sanctionnée sur le plan organisationnel).

La création du parti Patriotes de Russie avait été précédée par un conflit prolongé entre Guennadi Semiguine et le leader du KPRF, Guennadi Ziouganov. Après l'échec des communistes aux élections législatives de 2003, le président du Comité exécutif de l'Union nationale patriotique, Guennadi Semiguine, avait proposé de démettre Guennadi Ziouganov du poste de président du KPRF. De son côté, Ziouganov avait accusé Semiguine de vouloir faire éclater le KPRF sur commande du pouvoir. Finalement Semiguine et ses partisans avaient été chassés du KPRF.

En été de l'année dernière les exclus avaient annoncé la création du Parti communiste russe de demain (VKPB). Le leader en était le gouverneur de la région d'Ivanovo, Vladimir Tikhonov, mais les membres du comité d'organisation n'avaient pas cherché à dissimuler que l'"inspirateur idéologique du parti" était Guennadi Semiguine.

Bien qu'enregistré depuis déjà six mois, le VKPB n'a encore rien d'un parti, estiment les experts. C'est la raison pour laquelle au mois de mai dernier Guennadi Semiguine a décidé de fonder le parti Patriotes de Russie, rappelle la Gazeta.

Pour le directeur général du Centre des technologies politiques, Alexeï Makarkine, "en tant qu'unificateur des forces patriotiques de gauche Guennadi Semiguine concurrencera moins le KPRF que Rodina de Dmitri Rogozine et en cette qualité il roule pour le pouvoir".

Vedomosti

L'EEU deviendra sous peu une "union tripartite"

L'Espace économique unique (EEU) de la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie et du Kazakhstan semble vivre ses derniers jours. L'Ukraine refuse net d'adopter les mêmes règles douanières et de mettre en place les mêmes organes de gestion que ses partenaires qui, pour leur part, ne sont pas prêts à faire de l'EEU une simple zone de commerce en franchise, annonce le quotidien Vedomosti.

La création de l'EEU a été annoncée par les leaders russe, ukrainien, biélorusse et kazakh en févier 2003. L'idée de l'association prévoyait la création d'une zone de libre échange, d'une union douanière et la mise en place de règles uniques de soutien aux producteurs et d'organes supranationaux qui détermineraient, entre autres choses, les tarifs douaniers. Pour ce faire, les associés devaient avaliser 93 accords au total.

Dès le début l'Ukraine a donné un coup de frein à l'intégration. A sa demande, la moitié des 29 accords de première priorité portent sur la création d'une zone de libre échange et le texte de l'accord sur l'EEU stipule que les pays peuvent y adhérer pendant des périodes différentes.

Vendredi, la réunion du Groupe de haut niveau chargé de la création de l'EEU a mis en évidence que les idées que les participants ont de l'intégration diffèrent d'une façon radicale. Kiev ne consent qu'à signer moins de la moitié des accords sur l'EEU. Ils portent tous sur le démantèlement des barrières commerciales. L'Ukraine est également contre la création d'organes supranationaux sans lesquels cette union ne peut pas fonctionner et contre l'unification des régimes douaniers des pays membres dans les échanges avec des pays tiers.

Kiev craint que sa participation plein format à l'EEU ne retarde l'intégration de l'Ukraine à l'Union européenne et à l'Organisation mondiale du commerce.

Mais sans l'Ukraine créer une telle association intégrée n'a pas de sens, de l'avis général des fonctionnaires et des experts interrogés par le quotidien. En effet, les autres membres peuvent adopter les règles prévues pour l'EEU dans le cadre de la Communauté économique eurasiatique (CEEA). D'autre part, la Russie et la Biélorussie forment déjà une union, explique le directeur général du Centre de la politique et du droit commercial, Anatoli Martynov, alors qu'un fonctionnaire du ministère de l'Industrie et de l'Energie affirme qu'à leur rencontre au sommet de la CEI, le 26 août, les présidents des quatre pays annonceraient que l'EEU serait une "union tripartite".

Kommersant

L'Etat a trouvé le moyen de consolider le paquet d'actions de contrôle de Gazprom

Les structures publiques ont élaboré le mécanisme qui permettra à Gazprom d'entrer en possession des actions de la compagnie manquant pour consolider le paquet de contrôle détenu par l'Etat, écrit le quotidien Kommersant.

Il est admis de penser que l'Etat possède déjà plus de 50 pour cent des actions du monopole gazier du moment que dans les valeurs publiques on fait ordinairement figurer 0,89 pour cent des actions appartenant à Rosgazifikatsia (cette société gère par procuration les actions publiques dans les organismes russes de distribution de gaz). Toutefois, compte tenu de la part de l'Etat dans ces sociétés il s'avère que ce dernier ne contrôle réellement que 49,776 pour cent des actions Gazprom. Or, pour obtenir les actions Gazprom appartenant à Rosgazifikatsia, il faut soit accroître sensiblement la part de l'Etat dans la société (de 74,5 à plus de 99 pour cent), soit parvenir à ce qu'elle vende des actions Rosneftegaz (créée par la compagnie Rosneft pour réaliser une transaction portant sur un échange d'actions avec Gazprom). Seulement pour décider une transaction de cette importance (au regard de la capitalisation actuelle de la société, 0,89 pour cent des actions Gazprom ont une valeur de près de 19 milliards de roubles /le dollar s'échange contre 28,63 roubles/), il faut l'assentiment de la majorité qualifiée des voix que l'Etat ne possède pas au sein de Rosgazifikatsia.

Selon un haut fonctionnaire, l'Etat entend augmenter de pratiquement 100 pour cent sa part dans Rosgazifikatsia en faisant entrer dans le capital statutaire de la compagnie les paquets minoritaires d'actions de plus de 50 organismes régionaux de distribution de gaz (GRO) appartenant à l'Etat.

Sergueï Vassiliev, conseiller du directeur général de Rosgazificatsia, a déclaré dimanche au journal que l'échange des actifs avec l'Etat était envisagé depuis longtemps, que diverses options étaient avancées mais qu'aucune décision concrète n'avait encore été prise. Selon lui, en raison de la structure compliquée des organismes de distribution de gaz il est malaisé de modifier en même temps la part dans toutes ces sociétés.

Le transfert des actions des organismes de distribution de gaz sous gestion de Rosgazifikatsia pourrait se faire cet automne et s'achever d'ici à la fin de l'année.

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