La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Le thème de la dépendance de l'Europe et des pays post-soviétiques face aux hydrocarbures russes et des tentatives de Moscou de jouer cette carte est largement commentée par la presse estonienne. "La crise entre Kiev et Moscou est perçue avec d'autant plus d'acuité que les dirigeants de l'Europe savent que les gisements de la mer du Nord sont en voie d'épuisement et certains pays ont déjà décidé de remplacer le gaz par l'énergie nucléaire. Voilà pourquoi il y a un espoir que cette crise poussera l'Europe à mettre au point une politique énergétique unique" (Delfi, 18.01).

La presse publie la lettre ouverte des anciens premiers ministres baltes et de Pologne, dans laquelle ils appellent l'Union européenne à élaborer une politique énergétique unique. "Le litige gazier (russo-ukrainien) prouve que la Russie n'hésitera pas se servir de l'énergie comme d'une arme (...). Gazprom a donné une leçon non seulement à des millions de personnes mais aussi aux élites politiques. Dans quelques années, nous serons reconnaissants à Vladimir Poutine d'avoir poussé l'Europe à réfléchir sérieusement à la manière dont l'énergie pourrait être utilisée et à en diversifier les sources. L'UE doit donc trouver un langage commun dans sa politique énergétique et dans sa politique envers la Russie" ("Eesti Paevaleht", 18.01).

LETTONIE

La presse est préoccupée par l'éventualité de spéculations politiques autour du voyage de représentants lettons à Saint-Pétersbourg pour participer aux festivités consacrées au 100e anniversaire de la Douma russe. "D'une part, il est très tentant de se rendre dans la capitale du Nord de la Russie : on pourrait admirer une ville d'une beauté fabuleuse, entrer en contact avec des politiques russes, enfin, se régaler (...). Mais, de l'autre, la participation, à la veille des élections lettonnes, à une fête russe, pourrait ne pas être du goût de la presse et des électeurs aux tendances nationalistes (...). Il faudra de toute évidence s'attendre, à l'occasion de ce voyage (et même s'il est annulé), à des débats tout aussi houleux qu'il y a un an, lorsque la présidente lettonne avait été invitée à Moscou à la célébration du 60e anniversaire de la Victoire contre le nazisme" ("Vesti-segodnia", 24.01).

LITUANIE

La presse locale souligne que l'Europe occidentale ne se montre pas pressée de reconnaître la nécessité d'une politique énergétique unique depuis longtemps préconisée par les pays baltes et de l'Europe de l'Est. "En Europe, tous les pays ne se montrent pas préoccupés. La retenue manifestée par l'Allemagne, la France, la Scandinavie et par beaucoup d'autres pays montre qu'ils misent plutôt sur le Gazoduc nord-européen qui doit permettre de réduire notablement le prix du gaz livré aux puissances amies de la Russie" ("Journal populaire de Lituanie", 22.01).

Plusieurs articles traitent de la récente visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Moscou. L'Allemagne, soulignent leurs auteurs, poursuit des objectifs purement pratiques. "Le nouveau pouvoir allemand s'est mis à rechercher un équilibre dans ses rapports avec la Russie et les Etats-Unis. Si Angela Merkel réussissait à gagner la confiance de George Bush, cela permettait à l'Allemagne de bénéficier d'une immense influence en Europe. De ce fait, la chancelière souhaite, ne serait-ce que pour la période à venir, renoncer à l'idée, soutenue par Gerhard Schröder, de transformer l'Europe en un contrepoids à la puissance américaine. Mais, en même temps, elle ne veut pas tourner le dos à la Russie, car des rapports avec ce pays dépend, dans un degré non négligeable, l'économie allemande. Le fait est que l'Allemagne importe un tiers du gaz qu'elle consomme justement de Russie réduit fortement sa liberté de man�uvre géopolitique" ("Lietuvos rytas", 21.01).

UKRAINE

La société RusUkrEnergo qui est, suite à un accord entre Moscou et Kiev, l'intermédiaire dans les ventes de gaz russe à l'Ukraine reste au c�ur des commentaires des médias locaux. La presse ne doute pas que des personnages hauts placés du pouvoir russe et ukrainien se tiennent derrière les détenteurs officiels des actions de cette entreprise, Gazprom et Raiffeisen Investment AG. "Les compagnies parties à l'accord ont des filiales impliquées dans des scandales internationaux et dans des histoires louches. Cette ombre rapproche la Russie et l'Ukraine mieux que n'importe quel gaz naturel" ("Podrobnosti", 18.01).

Certains experts mettent en garde Kiev contre une éventuelle dénonciation de l'accord "gazier" avec Moscou et soulignent que la cause réelle du mécontentement des différentes forces politiques face aux clauses de ce traité et à la "renommée douteuse" de RosUkrEnergo réside dans la lutte entre les acteurs du marché du pétrole et du gaz en Ukraine. "Il y a toutes les raisons de supposer que l'Ukraine a lancé des tentatives sérieuses non seulement d'imposer un nouveau format dans les rapports gaziers entre les deux pays mais aussi de "nommer" sa structure intermédiaire qui aurait contrôlé le transport de gaz jusqu'à la frontière (occidentale) ukrainienne. Des pas en cette direction avaient été accomplis par le gouvernement ukrainien au printemps 2005" ("Versii", 20.01).

L'interdiction provisoire russe frappant les livraisons de produits d'élevage ukrainiens est liée, par de nombreuses éditions, à la récente dispute énergétique entre Moscou et Kiev. "Afin d'accélérer la création d'une coentreprise avec RosUkrEnergo, la Russie a interdit les importations de laitages ukrainiens. Les récents débats en Ukraine autour de l'utilité de cette coentreprise avec la douteuse RosUkrEnergo semblent pousser les Russes à agir plus énergiquement" (ProUA, 20.01)

MOLDAVIE

Le scandale retentissant qui a éclaté à la suite du verdict prononcé contre l'ex-ministre de la Défense de la Moldavie et conseiller du président du Conseil d'administration du holding RAO "EES Rossii" (Electricité de Russie), Valeriu Passat, est l'un des sujets essentiels de la semaine.

De très nombreuses éditions ont vivement réagi à la déclaration du patron du monopole énergétique russe, Anatoli Tchoubaïs, qui a violemment critiqué cette sentence. La presse pro-roumaine considère même ses propos comme une sérieuse menace à la sécurité personnelle du Président de la Moldavie, Vladimir Voronine, et à celle des membres de sa famille.

"Le régime de Poutine qui a fait sauter plusieurs immeubles d'habitation dans des villes russes pour s'affirmer au pouvoir et qui a déclenché sciemment une guerre sanglante en Tchétchénie n'est arrêté par aucun obstacle moral pour exercer une justice sommaire contre ses adversaires politiques à l'étranger. Aussi, ne doit-on pas nourrir d'illusions sur ce point. Quoi qu'il en soit, les menaces émanant de Moscou sont un mauvais signe. Les politiques de Chisinau doivent prendre des précautions" ("Flux", 24.01).

ARMENIE

L'élévation des prix du gaz russe reste le thème le plus actuel dans les médias arméniens. Les experts citent, comme motif réel de cette décision de Moscou, le mécontentement du Kremlin face au partenariat en gestation entre l'Arménie et l'Alliance de l'Atlantique Nord. "La raison de la hausse des tarifs du gaz russe livré à l'Arménie réside dans le fait que la Russie n'a pas apprécié l'adoption par l'Arménie du Plan d'Action de Partenariat Individuel (IPAP) avec l'OTAN... De facto, la Russie utilise à l'heure actuelle le gaz comme facteur géopolitique contre les pays qui essaient de lui tenir tête ("Aib-Fe", 20.01).

La nécessité de revoir les relations avec la Fédération de Russie est une des revendications majeures de certaines forces politiques en Arménie. "Les principes des relations interétatiques Arménie-Russie datent de l'époque où la Russie était un tout autre pays qui aspirait à la démocratie et pratiquait une politique intérieure et extérieure prévisible. Aujourd'hui, la révision de la conception même de nos relations avec la Fédération de Russie est imposée par les intérêts des Arméniens et nos intérêts d'Etat" ("Aikakan Zhamanak", 18.01).

"Si la Russie continue à prouver par ses actes qu'elle n'a plus besoin d'un partenaire tel que l'Arménie, nous serons bien obligés de chercher d'autres amis... Les Etats-Unis débloquent, par exemple, tous les ans, à titre d'aide monétaire directe à l'Arménie, 100 millions de dollars, alors que la Russie a pris, à titre de remboursement de la dette de l'Arménie, cinq entreprises arméniennes pour une somme équivalente, mais ne les a toujours pas remises en exploitation" ("Hayots Ashkhare", 19.01).

GEORGIE

Les explosions sur les gazoducs "Caucase du Nord-Transcaucasie" et "Mozdok-Tbilissi" et le sabotage sur la ligne HT "Kavkassioni" ont déclenché une avalanche de publications anti-russes dans la presse. "La guerre énergétique menée jusqu'à présent par la Russie, en manipulant les prix des hydrocarbures et en usant du chantage, est entrée aujourd'hui dans sa "phase chaude""("24 saati', 23.01).

Selon la version la plus répandue dans les médias, les explosions ont été organisées par Moscou pour faire pression sur la Géorgie. "Nos ennemis veulent semer la panique, mais nous ne devons pas leur en donner la possibilité... Il est tout simplement impossible qu'elles (les explosions) soient fortuites quand elles se produisent simultanément sur deux gazoducs et sur une ligne de transport d'électricité. C'est une provocation planifiée d'avance" (Civil.Ge,23.01).

AZERBAIDJAN

La participation de l'Azerbaïdjan à la liquidation de la situation extraordinaire dans le secteur énergétique de la Géorgie a suscité un intérêt accrû pour les relations russo-géorgiennes à la lumière de leur violente dégradation. "Pendant que le Kremlin continue de "perdre la face", l'Azerbaïdjan renforce de plus en plus ses positions dans le domaine du transport d'hydrocarbures. De façon tout à fait inattendue pour lui-même, l'Azerbaïdjan a même commencé à marquer des points en matière de transport d'hydrocarbures depuis l'Asie Centrale dans les pays de notre région et plus loin en Occident. ("Zerkalo", 24.01).

L'information selon laquelle un hélicoptère américain a été abattu en Irak par un missile de fabrication russe a fourni aux médias de nouvelles raisons d'accuser la Russie de trafic illégal d'armes via l'Arménie. "Les experts estiment que, même théoriquement, l'Arménie n'est pas en mesure d'utiliser tout le volume d'armements que la Russie lui a offert. Nul doute, par conséquent, que ce pays qui a des liens étroits avec les régimes arabes radicaux et des groupes terroristes servait de plaque tournante à un immense trafic d'armes" ("Ekho", 20.01).

En tant que principal obstacle dans la voie du règlement du conflit dans le Haut-Karabakh, la presse cite la Fédération de Russie pour qui ce conflit est une nécessité vitale, estiment les médias, pour maintenir sous son influence tant l'Arménie que l'Azerbaïdjan". "L'analyse de l'attitude de la Russie prouve que, tout comme par le passé, elle n'est tout simplement pas intéressée au règlement définitif de ce conflit... C'est que n'importe quel accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est en contradiction avec les intérêts de Moscou" ("Zerkalo", 20.01).

KAZAKHSTAN

Les médias continuent de commenter le conflit entre intérêts économiques russes et kazakhs.

"La longue négociation entre la Russie et le Kazakhstan au sujet du partage du marché du gaz est entrée, semble-t-il, dans une impasse. Dans sa conquête du marché européen du gaz, Astana cherche à s'allier à certains concurrents du géant russe Gazprom. Une telle réorientation redéfinirait les flux d'investissements dans le secteur du gaz en ex-URSS... Les grands manitous kazakhs sont en train d'étudier le projet de construction du Gazoduc transcaspien, ils envisagent le transit vers l'Europe du gaz kazakh via le Caucase " (Kompromat.kz, 18.01).

La presse d'opposition a critiqué la loi russe sur les organisations non gouvernementales. Pour les journalistes, elle témoigne du durcissement du régime autoritaire en Russie.

"Moscou rétrécit son espace politique, en assumant le rôle de garant de l'autocratie dans les Etats voisins. La restriction sur les activités des ONG indépendantes n'est qu'une mesure parmi d'autres prises par le Kremlin, qui médite ses démarches ultérieures tout en créant des organes de "société pseudo-civile" dociles, dont l'objectif principal consiste à appliquer la politique choisie par les autorités fédérales. En dehors de la Russie, ces organismes sont représentés par des "observateurs", chargés de confirmer l'absence de violations au cours des élections de façade dans les pays voisins" ("Aïkyn", 18.01).

KIRGHIZISTAN

Selon les médias, le Kirghizistan trouve son intérêt à ce que les entreprises russes continuent de gagner le marché national kirghiz. Dans ce contexte, Bichkek entreprend une série de mesures visant à améliorer le climat d'investissement dans le pays.

"La République du Kirghizistan a réduit de 50% l'impôt sur les bénéfices, qui s'élève aujourd'hui à 10%. Le parlement kirghize examine en ce moment l'arrêté sur la diminution à 10% de la TVA " (Gazeta.KG, 19.01).

Plusieurs éditions soulignent l'intérêt des hommes d'affaires russes pour le marché kirghiz des télécommunications. Les récents débats autour de l'opérateur GSM kirghiz Bitel entre deux compagnies russes, MTS et Rezervspetsmet, affiliée au groupe Alfa, en sont la preuve, selon les journalistes.

"En cas d'échec dans la lutte pour Bitel, MTS pourra se tourner vers Kyrghyztelecom. Des représentants de Kyrghyztelecom ont déjà proposé à la holding financière Sistema (le plus important actionnaire de MTS - ndlr.) de participer à l'appel d'offres. ("Kabar", 20.01).

OUZBEKISTAN

La presse note que le géant russe Gazprom pourrait bientôt contrôler les exportations de gaz ouzbek.

"La visite du président de Gazprom à Tachkent avait pour objectif essentiel d'approuver les dernières versions du contrat sur la mise en valeur par la société russe des trois plus grands gisements gaziers d'Ouzbékistan (Ourga, Kouanych et Aktchalak), en vertu de l'accord de partage de la production... En cas de signature du contrat, le monopole gazier russe deviendra l'acteur principal du marché des exportations de gaz ouzbek" ("Moussoulmanski Ouzbékistan", 19.01).

Le président turkmène s'est rendu à Moscou pour négocier les tarifs du gaz pour la Russie et l'Ukraine.

"On pourra faire des conclusions sur les résultats des négociations à Moscou dans quelques jours. Si Gazprom commence à augmenter les prix du gaz pour l'Ukraine, ceci signifiera que le Turkmenbachi (le chef des Turkmènes - ndlr.) a augmenté le prix du gaz pour la Russie. Si non, cela signifiera qu'il l'a augmenté pour l'Ukraine. Dans tous les cas, on peut le supposer, le bruit que fera Kiev sera entendu dans le monde entier" (TRIBUNE-uz, 24.01).

TADJIKISTAN

Les médias ont répondu au passage du Turkménistan dans la catégorie des membres associés de la CEI (Communauté des Etats indépendants) par des publications condamnant la politique du président turkmène, Saparmourat Niazov. Selon les journalistes turkmènes, celui-ci cherche à tirer profit des conflits entre les autres Etats de la CEI, et notamment entre la Russie et l'Ukraine.

"Une source digne de confiance à Achkhabad a fait savoir qu'un sous-secrétaire d'Etat américain avait récemment remercié M. Niazov pour avoir fourni du gaz à l'Ukraine sur la demande de Washington, au plus chaud du conflit gazier [avec la Russie]" ("Asia-plus", 19.01).

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