Revue de la presse russe du 7 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

La Russie n'a pas de visées impériales à l'égard de l'Ukraine

Si la Russie avait des visées impériales à l'égard de l'Ukraine, elle aurait agi autrement. Kiev n'a toujours pas compris que ce n'est pas lui qui divorce d'avec Moscou, c'est Moscou qui a demandé le divorce. Et cette procédure est achevée, écrit Iskander Khissamov, rédacteur en chef de la revue "Expert-Oukraïna".

Avant les élections législatives de mars, les hommes politiques ukrainiens essaient de jouer la carte russe, mais cela n'a plus de sens. Même si le Parti des régions, parti pro-russe dirigé par Viktor Ianoukovitch, arrive au pouvoir, cela ne changera rien en principe. Il ne changera pas les prix du gaz, il n'adhérera pas à l'Espace économique unique et ne pourra pas arrêter la construction en Russie des usines qui suppriment les derniers stimulants de l'intégration industrielle interétatique.

L'une des versions de la désintégration de l'URSS se résume à ceci: pendant la crise, la Russie a décidé de quitter tous les actifs inefficaces: les républiques fédérées.

En fait, la Russie est aussi un actif inefficace. Sa seule efficacité, c'est son sous-sol. Le système d'administration centralisée de l'Etat vise à gérer cette partie efficace de la Russie. Quant aux recherches de l'idée nationale, elles se sont bornées à l'élaboration du programme de leadership énergétique global. Il y a quelque chose dans ce programme, dans ce système et cette idée qui déplait fortement au monde environnant, car tout cela lui rappelle quelque chose. L'image de la Russie à l'étranger se détériore, bien qu'elle ne fasse apparemment rien de répréhensible.

Le nouveau mot d'ordre invitant à réduire la consommation d'énergie et à diversifier les ressources énergétiques a réuni des pays différents: les Etats-Unis et l'Ukraine. C'est une réponse au défi russe (il est vrai, l'Amérique a aussi affaire au défi arabe). Mais les dirigeants russes ne veulent pas se souvenir des résultats du leadership énergétique des années 1970. Les adversaires se sont alors indignés, ils ont changé de tactique et assaini leur économie et la nature, après quoi ils ont "buté" l'URSS au moyen des prix du combustible. A présent, c'est de nouveau possible.

Vremia novostei

Le dirigeant de la Tchétchénie a rejoint la "campagne anticaricatures"

Le scandale provoqué par la publication dans les journaux européens de caricatures du prophète Mahomet a atteint la Russie. Ramzan Kadyrov, premier ministre intérimaire de Tchétchénie, a interdit l'activité des ONG danoises dans la république.

"Les Danois bafouent les sentiments d'un milliard et demi de personnes, ils agissent comme des provocateurs. Les ONG danoises et tout ce qui provient du Danemark sera interdit. L'accès de la République leur sera fermé", a déclaré le premier ministre intérimaire qui présidera désormais la section tchétchène de Russie unie.

Les employés du Conseil danois pour les réfugiés, la plus grande organisation humanitaire présente dans le Caucase du Nord depuis 1997, ont déjà été invités officieusement à fermer leur représentation à Grozny. Des bureaux de l'organisation fonctionnent également à Nazran, Vladikavkaz et Stavropol. Plus de 500 000 habitants de la Tchétchénie bénéficient de l'aide du Conseil danois pour les réfugiés qui distribue des produits alimentaires et des matériaux de construction. Après le recensement officiel de la population, les listes dressées par le Conseil danois restent la source d'informations la plus fiable sur le nombre d'habitants de la Tchétchénie.

Les autorités ont déjà tenté de mettre fin au projet russe de Conseil danois en 2004, car le Danemark était soupçonné d'apporter une aide humanitaire aux terroristes. Ramzan Kadyrov s'est avéré un défenseur plus zélé des valeurs islamiques que les représentants de l'émigration "séparatiste" qui ont formé une grande communauté au Danemark.

"Un homme qui souhaite du bien à son peuple ne peut pas faire une telle déclaration", a dit Elena Bourtina, qui dirige le programme d'assistance médicale aux habitants de la Tchétchénie de l'ONG russe Comité d'assistance civile.

Selon l'avocat Guenri Reznik, membre de la Chambre civile, "les Européens ont le droit de vivre en s'inspirant de leurs notions et des rapports entre la liberté d'expression et les sentiments religieux. Par conséquent, reporter toute cette affaire aux rapports avec l'Etat et ses organisations révèle un manque évident de professionnalisme".

Nezavissimaïa gazeta

Tbilissi menace d'employer la force contre les militaires russes

La Géorgie, qui reste encore membre de la CEI, se dit prête à user de la force pour accélérer le retrait du contingent de paix russe d'Ossétie du Sud. De l'avis des experts, Tbilissi a intérêt à transformer ce problème local en conflit interétatique.

Le chef du comité de la défense et de la sécurité du parlement géorgien, Guivi Targamadze, a déclaré que Tbilissi peut déclarer les militaires russes "troupes d'occupation" et recourir à la force pour les chasser de la zone du conflit.

La rhétorique antirusse n'a cessé de s'amplifier en Géorgie depuis ces derniers temps et voilà que Tbilissi passe maintenant des habituelles invectives et des griefs aux menaces pures et simples.

Le problème local de la présence de la force de paix russe en Ossétie du Sud peut dégénérer en conflit d'envergure, voire interétatique, estime le chef du département des pays de la CEI du Centre des études stratégiques de Russie, Alexandre Skakov. "Tbilissi recherche une telle évolution des événements. La Géorgie s'emploie à entraîner les soldats russes dans les hostilités", met en garde l'expert qui estime qu'alors un déploiement injustifié de troupes géorgiennes dans la zone du conflit serait présenté comme la "lutte de la Géorgie contre l'empire russe".

Le vice-président de l'Académie russe des problèmes géostratégiques et géopolitiques, le général Léonide Ivachov, pense que l'hystérie antirusse a pour but de chasser les militaires russes de Géorgie pour "déblayer le terrain afin d'y recevoir des troupes de l'OTAN". Cependant, les autorités géorgiennes ne peuvent pas influer réellement sur la présence de la force de paix russe si, naturellement, "Washington ne fait pas pression et si la Russie ne flanche pas", ajoute l'expert. "En cas de confrontation directe avec la Russie la Géorgie risque de rester sans gaz, sans chauffage et sans électricité. Si cela se produit, je ne pense pas que le régime de Saakachvili puisse durer longtemps", estime le général.

Gazeta

Le Kremlin se dotera d'un organisme permettant à la Russie de conquérir le marché énergétique mondial

Vladimir Poutine pourrait annoncer au mois d'avril la création au sein de son administration d'une Direction du secteur énergétique. Ce sera le coup d'envoi de la réalisation de l'objectif déclaré en décembre 2005 de transformer le pays en leader mondial du marché des hydrocarbures. De l'avis des experts, le Kremlin dispose déjà des ressources suffisantes pour influer sur cette branche économique.

La personne qui conduira la marche vers le leadership mondial pourra faire concurrence au premier vice-premier ministre Dmitri Medvedev qui, nommé chef des projets nationaux, est considéré comme le successeur de Poutine.

Il est vrai que l'apparition dans l'administration d'un responsable de la filière combustible-énergie ne change en fait rien à l'affaire. Ce n'est un secret pour personne que tous les projets les plus importants dans ce domaine n'ont aucune chance d'être réalisés sans l'approbation du Kremlin. L'exemple le plus convaincant est la tentative de Mikhaïl Khodorkovski de créer de concert avec les Américains une compagnie pétrolière mondiale dont il aurait été le principal top-manager sans bénéficier de la confiance totale du Kremlin.

Le contrôle par le Kremlin du pétrole russe risque, par contre, de s'avérer préjudiciable car il lèverait le voile sur les mystères du pouvoir, si bien que tous (et pas seulement les initiés) verraient clairement qui détient la clef des richesses pétrolières russes. Mais ce n'est rien par rapport à ce qu'obtiendra le détenteur de cette clef.

Il n'y a pas, à ce jour, de favoris évident dans cette lutte intestine. Selon une source au Kremlin, le candidat qui a le plus de chance d'être nommé à la tête du département énergétique est le gouverneur du district des Nénets de Yamal, Iouri Neïelov, créature du chef adjoint de l'administration présidentielle et assistant du président, Igor Setchine, qui, pourtant, convient aussi à Dmitri Medvedev. Le candidat numéro deux sur la liste du Kremlin est le gouverneur du district des Khanty-Mansis, Alexandre Filippenko, qui passe pour un homme du président d'Alfa-Group, Mikhaïl Fridman, que les rumeurs circulant dans les couloirs du Kremlin incluent dans l'équipe d'un autre chef-adjoint de l'administration présidentielle, Vladislav Sourkov. La même source n'exclut pas un troisième candidat, aujourd'hui inconnu, un responsable du second rang de Rosneft ou de Gazprom.

Vedomosti

Les fonctionnaires et les députés s'attèlent à la création de la police militaire

La relance par Vladimir Poutine de l'idée de créer une police militaire a mis en effervescence les milieux militaires, les fonctionnaires et l'opinion. Au ministère de la Défense on secoue la poussière des dossiers constitués voici dix ans en vue de créer dans le cadre de ce département une puissante structure dotée d'un personnel étoffé. Les députés proposent de subordonner la nouvelle structure au pouvoir civil, des propositions concernant un retour aux organes politiques sont avancées. Cependant, les experts doutent que la criminalité au sein de l'armée puisse être vaincue à coup de méthodes bureaucratiques.

Le président du comité de la Douma pour la législation criminelle, arbitrale et procédurale, Pavel Kracheninnikov, s'oppose à ce que la police militaire soit subordonnée au ministère de la Défense: "Il faut un Service fédéral de police militaire qui, comme les huissiers, relève du ministère de la Justice".

Quant au président du comité défense du Conseil de la Fédération, Viktor Ozerov, il ne pense pas que la police en question puisse mettre de l'ordre dans l'armée. Ce qu'il propose, c'est de renforcer les structures éducatives mises en place sur les ruines des organes politiques et d'ouvrir des établissements militaro-éducatifs sur l'exemple des anciennes écoles politiques.

Un projet de loi sur la police militaire avait déjà été rédigé dans les années 90, mais il n'avait pas été soumis à l'examen de la Douma, rappelle le vice-président du comité sécurité de la chambre basse, Mikhaïl Grichankov. Selon lui, la loi en question pourrait être adoptée au cours d'une seule session, mais il faudra bien davantage de temps pour réunir les effectifs de cette police militaire. De l'avis du député, pour être efficace la police ne doit pas être subordonnée au ministère de la Défense, elle doit être créée sur la base du parquet militaire.

La police militaire ne règlera pas le problème, dit Vladimir Evseev, expert du centre de la sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales. "Si l'on ramène à un an la durée du service militaire d'ici à 2007, cela entraînerait une baisse de la criminalité dans l'armée, mais pour l'éradiquer totalement il faut créer des stimulants plus attractifs pour les militaires: relèvement substantiel des soldes, plus grande accessibilité à l'enseignement supérieur. Tant que l'appel sous les drapeaux sera contraint le bizutage persistera, dit l'expert en conclusion.

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