La caravane russo-espagnole

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(Après la visite de Poutine en Espagne) Par Piotr Romanov, commentateur de RIA Novosti.

Vu de l'extérieur, de loin, sur le petit écran à Moscou, la visite avait l'air impeccable. La garde d'honneur, les chevaux, les habits, le menu des dîners officiels, tout cela ajoutait de l'éclat au blason du service du protocole de la diplomatie espagnole.

D'ailleurs on ne doutait pas que sur ce chapitre tout serait en règle : les Espagnols ont l'art et la science de l'accueil.

Cependant, pour les relations bilatérales, la partie travail de la visite était plus intéressante. Pas aussi pittoresque mais extrêmement importante. La signature d'une série de documents bilatéraux était la partie principale, visible de cet iceberg. Ils portaient tous sur les questions qui préoccupent en premier lieu aujourd'hui les Espagnols et les Russes, notamment la déclaration conjointe sur la lutte contre le terrorisme, domaine où les affaires avancent bien, comme nous l'avions déjà dit à la veille de la visite. Le document constate des progrès et fait avancer la coopération dans ce secteur d'importance fondamentale. A ce document est étroitement lié l'accord sur la lutte contre le trafic illégal de stupéfiants.

Chose curieuse : il est rare que le rôle de locomotive des relations bilatérales soit assumé par la police, mais dans notre cas, du fait des menaces évidentes pour les deux parties, ce sont les forces de l'ordre et les services de sécurité qui marchent à l'avant-garde en développant leurs contacts plus rapidement que toutes les autres sphères des relations.

La liste des documents signés fait ressortir clairement les tentatives faites soit pour boucher des brèches dans un secteur, par exemple au moyen d'un mémorandum sur la coopération dans le domaine de la culture physique et du sport, soit pour dynamiser les efforts sur un autre terrain où en principe tout semble aller très bien mais où de nouveaux progrès sont quand même possibles. Un de ces documents porte sur le tourisme et un autre encore sur l'agriculture. Espérons que la gamme des produits agricoles espagnols sur le marché russe sera diversifiée et que les agences espagnoles réserveront de nouvelles surprises agréables aux touristes russes qui aiment tant passer leurs vacances en Espagne.

Enfin les documents signés affichent visiblement un effort pour conférer aux relations bilatérales une nouvelle dimension : l'accord de coopération dans la recherche et l'utilisation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques et plusieurs documents relatifs à différents aspects de la coopération économique. Des accords de coopération ont été signés entre la Banque russe pour les relations économiques extérieures (Vneshekonombank) et l'Association des chantiers navals privés espagnols Pimar, entre Vneshekonombank, Roseximbank et la compagnie espagnole d'assurance des crédits à l'exportation. Un accord-cadre a été conclu entre la Banque russe pour le commerce extérieur (Vneshtorgbank) et la banque espagnole privée Banesto.

La rencontre de Vladimir Poutine avec les hommes d'affaires espagnols au Palais de la Moncloa sur l'initiative de José Luis Rodriguez Zapatero, poursuivait le même objectif : développer les rapports économiques. Le retard du volet économique des relations bilatérales préoccupe les deux parties. Il est évident que de très vastes horizons s'ouvrent ici à une coopération diversifiée.

Bien que la visite ait été couronnée de succès, des tentatives ont eu lieu pour l'assombrir. Littéralement à la veille de l'arrivée de Poutine à Madrid, le journal ABC a publié une interview de M.Amsterdam, l'un des ex-avocats de Mikhaïl Khodorkovski. Me Amsterdam se donne pour un homme omniprésent mais invisible. De toute façon, il affirme sur un ton péremptoire, comme s'il avait lui-même servi les deux hommes au dîner, que l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder et Vladimir Poutine s'étaient entendus pour "laisser l'Espagne à l'écart du marché énergétique". Que les matières énergétiques représentent la majeure partie des exportations russes vers l'Espagne ou que la société espagnole Repsol a acheté récemment 10% des actions du groupe suédois West Siberian Resources et obtenu ainsi le droit d'exploiter des gisements d'hydrocarbures russes, cela ne dit, naturellement, rien à M.Amsterdam. D'ailleurs, dans le monde politique, on s'est fait à ce genre d'attaques. En pareil cas, en Russie comme ailleurs, on a l'habitude de dire : les chiens aboient, la caravane passe.

Cette fois aussi, la caravane russo-espagnole chargée de nouveaux projets de coopération est tranquillement passée et a poursuivi son chemin en direction de l'avenir.

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