Revue de la presse russe du 28 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

Un vent de guerre froide souffle d'Iran

La crise autour au programme nucléaire de l'Iran s'exacerbe. Samedi dernier le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que son pays défendrait par la force son droit de maîtriser les technologies nucléaires. Ces propos ont été tenus au cours de l'inauguration d'une usine d'eau lourde.

L'ouverture de l'usine constitue évidemment la "percée importante" que les autorités iraniennes avaient promis d'annoncer au monde. L'Iran s'emploie à convaincre l'opinion internationale que son programme nucléaire est un fait accompli et ne saurait être stoppé.

L'eau lourde doit être utilisée dans le circuit de refroidissement et de ralentissement d'un réacteur de 40 mégawatts. A partir du combustible brûlé dans ce réacteur il sera possible d'obtenir du plutonium. Pour remplir les ogives, ce dernier est plus pratique que l'uranium enrichi. Les têtes de missiles ainsi truffées sont plus légères (une charge de 4 kilogrammes suffit par unité) et il est plus facile de les adapter aux missiles. On estime que c'est cette filière et non pas celle de l'uranium qui a été choisie pour les programmes nucléaires militaires de l'Inde, de la Corée du Nord et, peut-être, d'Israël.

Samedi dernier le président iranien a aussi tenu à préciser que le programme nucléaire de son pays avait une vocation civile et ne "menace personne, pas même le régime sioniste". Quoi qu'il en soit, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) appelle Téhéran à arrêter la construction du réacteur. Cette exigence figure aussi dans la résolution votée au mois de juillet par le Conseil de sécurité de l'ONU, obligeant l'Iran à se plier à "toutes" les prescriptions de l'AIEA.

L'inauguration officielle de l'usine complique la position de Moscou qui tente de reporter le débat sur les sanctions. La Russie ne souhaite pas exposer à des coups les perspectives de la coopération avec l'Iran que l'on chiffre à plus de 8 milliards de dollars.

En attendant, de l'avis de plusieurs spécialistes les motifs économiques ne sont pas déterminants pour Moscou. En collaboration avec Téhéran, il essaye d'empêcher sa propre éviction du dialogue sécuritaire proche-oriental et de contrebalancer l'influence américaine et turque toujours plus grande en Asie centrale, en Transcaucasie et au Proche-Orient. Telle est en tout cas la conclusion tirée par les auteurs d'un rapport publié par l'Institut royal des relations internationales à Londres. Cet ouvrage a pour titre "L'Iran, ses voisins et les crises régionales". Les perspectives de la coopération russo-iranienne dans le domaine nucléaire y sont envisagées avec pessimisme. "Maintenant il est peu probable que le consensus international dans le cadre duquel la coopération nucléaire russo-iranienne était tolérée puisse continuer d'exister", lit-on dans le rapport en question.

Kommersant

Une filiale de Shell suspend ses travaux à Sakhaline

Sakhalin Energy, filiale de Shell et opérateur du projet Sakhaline-2, a suspendu pour une durée indéterminée les travaux de construction d'une partie des canalisations terrestres. La raison officielle en est le manquement au règlement technique par des sous-traitants constaté par la société. En réalité, cela pourrait être une réaction aux reproches du Rosprirodnadzor (Service fédéral de surveillance écologique) qui a émis des doutes quant à la sécurité écologique du projet. Il est également possible que les reproches de Rosprirodnadzor soient tout simplement utilisés comme argument dans les négociations de Shell avec Gazprom qui prétend à 25% du capital social de Sakhalin Energy.

Il s'agit d'un gazoduc et d'un oléoduc d'une longueur totale de 1.572 km chacun qui doivent relier les gisements du projet Sakhaline-2, situés dans le secteur nord-est du plateau continental de l'île, à l'usine de gaz liquéfié et au terminal pétrolier en chantier dans le sud de Sakhaline. Les canalisations ont déjà été construites sur 1.410 km.

La semaine dernière, Rosprirodnadzor a achevé les vérifications de la compatibilité des canalisations côtières aux normes et règles techniques. Les résultats n'ont pas encore été annoncés. Mais son chef adjoint, Oleg Mitvol, avait déclaré début août que d'après les informations à sa disposition Sakhalin Energy n'avait pas pris toutes les mesures nécessaires pour écarter le danger d'endommagement de certains tronçons de tubes par des torrents de boue.

L'attention soutenue que Rosprirodnadzor prête à Sakhaline-2 donne des arguments à Gazprom qui a ouvert en 2005 des négociations avec Shell sur l'acquisition de 25% du projet: les éventuels reproches abaissent le coût de l'actif. Si la menace se matérialise, Sakhalin Energy subira des pertes énormes en versant des pénalités aux contractants, car le gaz que produira la future usine fait déjà l'objet de contrats.

Les dessous politiques des reproches faits à Sakhaline-2 trouvent leur confirmation dans le fait que les conclusions des expertises écologiques ont été jusqu'à présent délivrées dans leur majorité accompagnées de recommandations qui devaient avoir été réalisées au moment du lancement du projet. Par exemple 26 recommandations ont été émises pour le projet de mise en valeur par Lukoil du gisement de Kravtsovo expertisé en 2003, 97 pour le Système d'oléoducs de la Baltique et 88 pour le Système de canalisations de la Caspienne. Aucun de ces projets n'a été arrêté sous l'effet des reproches de Rosprirodnadzor, et ils fonctionnent actuellement de manière efficace.

Novye izvestia

Le marché russe des médicaments en très forte croissance

Depuis plus d'un an, le marché des médicaments en Russie enregistre des taux de croissance de 30 à 35%. Mais la joie des entrepreneurs n'est pas partagée par les consommateurs: les prix des médicaments montent, le nombre de médicaments contrefaits ne diminue pas et les préparations d'importance vitale disparaissent de la vente.

D'après les estimations préalables, le marché des médicaments en Russie dépassera cette année le cap des 12 milliards de dollars (contre 9 milliards de dollars l'année dernière). La compagnie d'investigation DSM estime que l'accroissement est assuré, pour l'essentiel, par la présence de l'Etat sur le marché pharmaceutique. Cette année, le financement par l'Etat constituera 38% du volume total du marché des médicaments prêts à consommer. En 2004, cet indice était de 20%. Le programme d'approvisionnement supplémentaire en médicaments des bénéficiaires d'avantages sociaux est devenu la force motrice principale du développement du marché russe.

D'après les résultats d'une étude réalisée par l'agence ABARUS Market Research, ces 10 dernières années, le volume du marché pharmaceutique russe a doublé (les taux de croissance du marché pharmaceutique mondial ne constituent que 5%).

Le marché des pharmacies s'étend également. Selon les données de l'audit des ventes de détail des médicaments en Russie effectué par la compagnie RMBC, au premier semestre 2006 le chiffre d'affaires a constitué 2,27 milliards de dollars en prix de gros, ce qui dépasse de plus de 20% l'indice enregistré au cours de la même période de 2005 (1,87 milliard de dollars).

D'ailleurs, ces données qui rendent optimistes les hommes d'affaires ne réjouissent guère le consommateur qui observe un tableau différent: d'après les données de RMBC, au premier semestre 2006, le prix moyen d'une boîte de médicaments finis dans les pharmacies s'est accru de 20% pour atteindre 1,66 dollar en prix de détail.

Le programme de remplacement des médicaments importés par d'autres fabriqués en Russie donne, selon les experts, un résultat mitigé. Certes, il n'est pas bon de dépendre de l'importation, mais, sans elle, on assistera à une diminution de la concurrence qui endiguait la hausse des prix.

Comme cela a déjà été affirmé dans le quotidien Novye Izvestia, environ 20% des médicaments vendus sur le marché russe sont faux. Comme il ressort des dernières analyses, la part des médicaments contrefaits ne diminue pas. Il est à noter que la moitié des faux médicaments sont produits en Russie, le reste est partagé par les pays de la CEI (Communauté des Etats Indépendants), ceux d'Europe de l'Est et du Sud-Est asiatique.

Vedomosti

Renault cherche une approche pour aborder AvtoVAZ

Les négociations sur le partenariat entre AvtoVAZ et Renault font du surplace. La proposition du constructeur français d'acquérir 25% du géant automobile de Togliatti et de créer une coentreprise qui sortirait une voiture assemblée sur la base de la Renault Logan n'a pas plu à AvtoVAZ. S'il s'agissait d'une plate-forme plus avancée, par exemple de la Mégane, l'usine russe pourrait accepter, estiment les spécialistes.

Les négociations ont démarré au printemps dernier. Le constructeur français proposait de créer une entreprise conjointe pour produire une voiture commune élaborée sur la base de la Logan. En échange de son offre, il prétendait à une minorité de blocage dans AvtoVAZ. En juillet, Igor Essipovski, aujourd'hui ex-directeur général de l'usine russe, a déclaré que céder une minorité de blocage à une société étrangère reviendrait à lui donner le contrôle du marché russe.

Vendredi, le directeur de la section russe de Renault, Jean-Michel Jalinier, déclarait aux journalistes que les négociations avec AvtoVAZ étaient toujours en cours et que Renault tentait d'élargir sa présence sur le marché russe avec l'aide de l'usine de Togliatti. Un représentant d'AvtoVAZ a confirmé que les négociations se poursuivaient, comme d'ailleurs avec d'autres constructeurs étrangers. Mais ce sont de nouveaux modèles et technologies qui intéressent l'entreprise russe en premier lieu, a-t-il ajouté.

Selon une source proche de la direction d'AvtoVAZ, l'entreprise russe souhaiterait construire une voiture avec Renault sur une autre base. D'après une autre source, bien informée sur la teneur des négociations, il s'agirait de la Mégane. "Mais Renault refusera parce que cette voiture se vend bien en Russie. D'autre part, une voiture russe créée sur la base de la Mégane ferait concurrence à la Logan", a-t-elle estimé.

Les spécialistes voient d'un bon oeil l'idée de produire une voiture sur la base de la Mégane dans les usines d'AvtoVAZ. "Cette plate-forme a trois ans environ. Mais à la différence de la Logan qui a été conçue spécialement pour les marchés en développement, la Mégane se prête au développement et au perfectionnement", déclare Vitali Novikov, de la société Avtomir de Saint-Pétersbourg. Le directeur exécutif de l'Association des constructeurs automobiles russes, Igor Korovkine, considère que la Mégane est une "véritable voiture de classe C" sur laquelle mise précisément AvtoVAZ. 8.751 Mégane ont été vendues en Russie en 2005 et 4.686 au cours du premier semestre 2006, à un prix partant de 18.000 dollars. Les spécialistes estiment qu'assemblée et élaborée en Russie, la voiture pourrait coûter moins cher. "Si une voiture réalisée dans les usines AvtoVAZ sur la base de la Mégane coûtait entre 14.000 et 16.000 dollars, elle pourrait devenir très populaire", affirme M. Novikov.

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