Revue de la presse russe du 24 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

Eltsine a dépassé son époque

Le premier président russe Boris Eltsine est mort. Apanage de tous les réformateurs, il n'a jamais connu la reconnaissance de son vivant. Il a pourtant donné à la nation une nouvelle vie, une nouvelle chance de s'affirmer, mais il a surtout détruit la peur qui régnait dans les consciences. Les Russes ont fait passer leurs propres difficultés d'adaptation au nouveau mode de vie pour des mécomptes du chef de l'Etat. Et solidairement, comme il ne restait plus de place pour la peur dans leurs âmes, ils l'ont frappé d'ostracisme.

Le nom de Boris Eltsine est associé à la disparition de l'URSS et à la crise idéologique et économique qui s'en est suivie. Le démantèlement de l'ancien modèle économique a privé beaucoup de gens de leur mode de vie habituel et de leurs salaires en débouchant sur la répartition de la propriété et la criminalisation de la société. On lui reprochera longtemps le démembrement du pays, la baisse brutale du niveau de vie au début des années 1990 qui a entraîné une augmentation de la mortalité et une baisse de la démographie, la guerre en Tchétchénie qui a tué des milliers de soldats et de civils et qui a réduit à la misère des dizaines de milliers de réfugiés, la crise financière de 1998, la bureaucratisation de la société et l'oligarchisation de l'économie.

Ceux qui n'étaient pas prêts à faire preuve d'initiative, ceux qui s'attendaient à un avenir capitaliste radieux en ont déduit que la démocratie se résumait à la hausse de la criminalité, à la corruption du pouvoir et aux conflits ethniques.

Le sentiment éprouvé par les Russes à l'égard des réformes eltsiniennes se traduit moins par le rejet général de la politique du premier président, pourtant approuvée dans un premier temps, que par l'approbation de la politique actuelle, absolument antithétique, mais applaudie avec autant d'enthousiasme.

La plupart des acquis de l'époque eltsinienne - élections démocratiques, liberté d'expression, décentralisation du pouvoir, privatisation et désétatisation de l'économie - sont actuellement remis en question.

Les Russes ont cru que Boris Eltsine avait échoué à son examen, qu'il n'avait pas rempli son contrat. En réalité, les gens continuent de jouir des conquêtes des années 1990 tout en croyant qu'ils surmontent le chaos et le délabrement de la "perestroïka". Mais les choses seront claires quand le recul qui se cache sous le masque de la stabilité deviendra évident. Et c'est alors qu'on comprendra qu'heureusement, les acquis de Boris Eltsine sont irréversibles, car ils représentent une valeur éternelle. Il faut juste attendre.

Vremia novosteï

Moscou soupçonne Washington de double jeu

La Russie et les Etats-Unis se sont lancés dans un jeu militaro-politique captivant. Les Américains donnent l'impression de vouloir exhorter les Russes à prendre part à la construction de leur système antimissile (ABM) en Europe. Une invite à laquelle les Russes semblent en passe de céder. Mais des deux côtés on s'attache à faire en sorte que la coopération fasse long feu.

La Russie s'oppose catégoriquement à la mise en place d'une ABM américaine à proximité de ses frontières. Cependant, hier le secrétaire d'Etat à la Défense, Robert Gates, a officiellement proposé aux Russes de collaborer en la matière.

"Les Américains savent pertinemment qu'ils n'ont rien à gagner à acculer la Russie au mur. Aussi se sont-ils mis à rechercher d'urgence des possibilités de coopération", dit le directeur des programmes russes et asiatiques de l'Institut de la sécurité mondiale (Washington), Nikolaï Zlobine, en commentant la situation.

Force est de reconnaître que les Etats-Unis ont magistralement valorisé leur image: la Russie se montrait préoccupée, alors on lui a suggéré un partenariat, mais elle ne l'a pas accepté et maintenant elle continue de critiquer les projets des Etats-Unis.

En réalité, ainsi que les négociateurs russes l'ont expliqué à Vremia novosteï, les propositions américaines étaient "destinées à des naïfs": "Ces systèmes sont de toute façon dirigés contre la Russie". Accepter les propositions aurait équivalu à creuser soi-même sa tombe". Un exemple: Washington prétend que les nouvelles bases en Europe auront pour mission de parer au danger émanant de pays imprévisibles comme l'Iran. Cependant, les Iraniens n'ont pas de missiles balistiques capables de frapper l'Europe ni, à plus forte raison, les Etats-Unis. Par contre, la Russie dispose de telles armes.

Mais même en admettant l'existence d'un péril iranien, il serait alors plus logique d'implanter les bases en question non pas en Europe orientale, mais en Turquie, par exemple. Si cela était le cas, Moscou accepterait de coopérer avec les Américains, mais à condition d'entamer la construction des sites ABM à partir de zéro, sur un pied d'égalité.

Moscou estime que les plans américains vont rompre l'équilibre des forces stratégiques en Europe et provoquer une nouvelle course aux armements. "Si nous ne nous entendons pas, nous serons dans l'obligation de trouver une riposte, a dit un diplomate russe informé en évoquant les contre-mesures que la Russie pourrait prendre. Or, il est notoire que les armements offensifs sont toujours meilleur marché que les armements défensifs".

Nezavissimaïa gazeta

La démocratie française permet de commettre des erreurs et de les corriger

Le premier tour de la présidentielle française a frappé par son taux de participation record et a montré que les Français considéraient les procédures démocratiques comme une pratique permettant de corriger leur comportement. En 2002, la participation des électeurs au premier tour était inférieure, de nombreux Français avaient décidé de rester à la maison et de voter au second tour. Les résultats sont connus. Lionel Jospin, leader des socialistes, n'avait pas été admis au second tour, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen avaient recueilli ensemble 37% des voix, respectivement 20,3% et 16,7%.

Pour que le monde ne pense pas que les idées nationalistes sont toujours populaires dans la République Française, les Français ont participé au premier tour de l'élection 2007 avec un sens accru des responsabilités. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont recueilli ensemble 57% (respectivement, 31% et 26%). Jean-Marie Le Pen crédité seulement de 10,5% a été désagréablement surpris. Il pensait qu'après les violences des immigrés qui avaient incendié des voitures en 2005 le nombre de ses sympathisants serait bien plus élevé.

Le 6 mai, les Français vont élire leur président parmi les représentants des deux partis les plus représentatifs. C'est un choix traditionnel pour les démocraties développées. Ségolène Royal reflète mieux le modèle français spécifique, Nicolas Sarkozy, le besoin d'apporter des changements à ce modèle.

Quel que soit le nouveau président de la France, il/elle aura affaire aux problèmes du fonctionnement de l'Union européenne qui s'élargit, à l'adoption de la Constitution européenne et à l'admission de la Turquie à l'UE, à la coopération avec les "nouveaux Européens". Le dialogue avec ces pays promet d'être difficile, compte tenu du droit de veto dont ils sont investis. L'absence de traditions en matière de respect de l'opinion d'autrui et l'égalité des droits de la minorité font des "nouveaux Européens" un partenaire difficile pour la France dans les relations internationales.

Quel que soit le nouveau président français, peu de choses changeront en France dans les cinq prochaines années, mais le choix a une importance de principe. La logique interne de la transformation de la France en Etat compétitif impliquera l'adoption d'un grand nombre de décisions impopulaires et agressives sur le marché. Dans ce cas, il ne fait presque pas de doute qu'un socialiste sera président en 2012.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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