Revue de la presse russe du 17 janvier

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru

L'accord sur la construction du gazoduc South Stream menacé d'échec

A la veille de la visite de Vladimir Poutine en Bulgarie qui doit avoir lieu les 17 et 18 janvier, les dirigeants de ce pays ont déclaré que la signature de l'accord sur le projet de gazoduc South Stream pourrait être ajournée.

Les experts estiment que le gazoduc devrait tout de même être construit, mais que la Russie devra pour cela faire des concessions.

Selon le ministre bulgare de l'Economie et de l'Energie Petar Dimitrov, les parties sont en train d'examiner les droits de propriété des actifs. Mais, pour les analystes, la véritable raison est ailleurs.

"Il s'agit là d'un grand jeu géopolitique, explique Dmitri Orechkine, chercheur à l'Institut de géographie de l'Académie des sciences de Russie. La Bulgarie est un pays pauvre, elle veut obtenir le maximum d'avantages de son adhésion à l'Union européenne qui essaie, à son tour, de diversifier au maximum les itinéraires d'approvisionnement en gaz, en réduisant la participation de la Russie. Cependant, la Bulgarie a également ses intérêts locaux, elle essaie de tirer le maximum de profit du transit de combustible russe, particulièrement de gaz russe".

La Bulgarie va manoeuvrer entre l'Union européenne et la Russie. D'une part, elle est intéressée par les livraisons de produits énergétiques russes, de l'autre, elle voudrait éviter d'apparaître comme un Etat pro-russe aux yeux des Européens", explique Alexeï Makarkine, directeur général adjoint du Centre des technologies politiques.

D'après lui, la présence de Sofia en même temps dans deux projets avec participation de la Russie (le deuxième projet étant l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis) pourrait détériorer l'image de la Bulgarie aux yeux de l'Europe qui tente de se débarrasser de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, c'est pourquoi les dirigeants bulgares feront preuve d'un maximum de prudence à l'égard de South Stream.

Qui plus est, les Etats-Unis qui participent également à ce grand jeu ont eux-aussi leurs intérêts dans la région: le gazoduc South Stream fait concurrence au projet "pro-américain" de Nabucco. Si le gazoduc South Stream est construit, on n'aura plus besoin de Nabucco.

Mais les analystes politiques estiment que la Russie peut contenir l'influence des Etats-Unis. "La Russie peut faire pression sur les Etats-Unis à l'aide de ses alliés en Europe, l'Allemagne et la France, qui sont très intéressés par les ressources énergétiques russes", estime Dmitri Orechkine. De toute évidence, (la partie russe) fera en Bulgarie des concessions considérables, car ce projet est important pour la Russie. En ce sens, selon Alexeï Makarkine, la visite du président russe en Bulgarie augmente les chances de succès du projet, sans toutefois les rendre absolues.

Vremia novosteï/Komsomolskaïa pravda

L'Ukraine souhaite adhérer à l'OTAN le plus vite possible

A peine remise d'une crise politique, l'Ukraine s'est dépêchée de vouloir adhérer à l'OTAN.

Mercredi, le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, la première ministre Ioulia Timochenko et le président de la Rada suprême (parlement), Arseni Iatseniouk, ont adressé un message conjoint au secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, pour demander d'inclure l'Ukraine dans le Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance dès le sommet d'avril prochain prévu à Bucarest.

"Une telle "supplique" est une condition sine qua non pour les pays désirant devenir membre de l'Alliance", a expliqué Vladimir Gorbatch, expert de l'Institut ukrainien de coopération euro-atlantique. La possibilité que l'Ukraine fasse tout de même partie du Plan d'action en avril 2008 est de plus de 50%, selon lui. La nouvelle étape durera entre deux ou trois ans, et par la suite l'Ukraine deviendra membre de l'OTAN, ce qui constitue l'objectif de tout ce processus.

Cependant, la plupart des Ukrainiens s'opposent catégoriquement à l'adhésion à cette organisation. Selon des sondages, régulièrement organisés en Ukraine, la part d'opposants à l'Alliance dans différentes régions du pays atteint 70 à 80%.

La présentation de la demande ne signifie pas encore l'adhésion à l'OTAN, bien qu'elle constitue la principale démarche à entreprendre pour y parvenir, a rappelé Vladimir Jarikhine, directeur adjoint de l'Institut des pays de la CEI. Selon toute apparence, M. Iouchtchenko ne veut que jouer avec les nerfs de la Russie, a-t-il affirmé.

Alexandre Vladimirov, vice-président du Collège des experts militaires de Russie, est convaincu que cette orientation vers un rapprochement étroit avec l'OTAN reflète les convictions personnelles des trois signataires de la demande et non de l'ensemble du peuple ukrainien. Dans le même temps, l'expert a souligné que ce rapprochement s'inscrivait tout à fait dans le nouveau concept de l'Alliance, actuellement en préparation, selon lequel sa survie sera garantie grâce à l'adhésion de nouveaux membres tels que l'Ukraine ou la Géorgie.

Le plus important parti d'opposition, et notamment le Parti des régions, reste le principal opposant à l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance de l'Atlantique Nord. Il a accusé les autorités d'avoir violé la Constitution, en vertu de laquelle l'Ukraine est un Etat neutre. "La décision relative à la possibilité pour l'Ukraine d'adhérer au Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN ne peut être adoptée que par le peuple", déclarent les militants de ce parti. Aucun référendum sur cette question n'aura sans doute lieu, pense M. Jarikhine, car en cas de plébiscite, Iouchtchenko et Timochenko essuieraient une défaite.

La Russie est persuadée que l'adhésion de ce pays voisin à l'OTAN aura inévitablement un impact sur les relations bilatérales. "Si l'Ukraine adhère tout de même à l'Alliance, les relations entre les deux pays se dégraderont inévitablement", affirme Viatcheslav Nikonov, président de la fondation Politika. Mais elles ne s'écrouleront sans doute pas définitivement, selon lui. "D'autant qu'il s'agit d'un peuple frère qui a tout simplement un gouvernement antirusse", a-t-il ajouté.

Novaïa gazeta

La guerre diplomatique entre Moscou et Londres se poursuit

L'origine politique des tribulations du British Council en Russie est évidente. Tant que les relations avec la Grande-Bretagne étaient plus ou moins bonnes, l'activité de cette organisation ne suscitait aucun accès de perfectionnisme juridique du côté russe.

Ces derniers temps, surtout après la mort mystérieuse d'Alexandre Litvinenko à Londres et le refus de Moscou de livrer à la justice britannique Andreï Lougovoï, soupçonné de l'avoir assassiné, tout a changé. Des lacunes juridiques ont servi de facteur décisif dans la formation de la position officielle du ministère russe des Affaires étrangères et l'activité du British Council a été, de fait, interdite.

Les désaccords auraient pu être réglés par des négociations, mais aucune des parties engagées dans le conflit n'agit en ce sens. "Dans la situation présente, des normes intérieures de l'Etat, entre autres, douanières et fiscales, sont en vigueur, et il est impossible de ne pas en tenir compte dans les relations internationales: c'est ainsi que le cas du British Council a été commenté à la chaire de droit européen de l'Académie russe de Justice. C'est un conflit ordinaire. Dans ce genre de cas, on applique le principe de réciprocité (par exemple, des centres culturels russes existent à Paris et à Berlin), par conséquent, s'il était en même temps question de l'ouverture d'établissements russes en Grande-Bretagne, il serait plus facile de régler ce problème. Enfin, il existe une règle générale qui dit que les désaccords doivent être réglés à la table des négociations. Le Conseil de l'Europe qui siège à Strasbourg a également des désaccords avec certains organes d'Etat français, mais ils arrivent à s'entendre et le conseil paie des impôts".

En ce moment, il est question de suspendre l'activité du British Council en Russie jusqu'à la "conclusion d'un accord spécial". Il est évident que les problèmes auxquels s'est heurté le British Council ne résultent pas seulement du non-règlement des questions en suspens dans les rapports entre la Russie et la Grande-Bretagne. De toute évidence, la faute en revient aux deux parties: au lieu d'essayer de normaliser la situation, elles font monter la tension dans les relations.

Le plus fâcheux est que la guerre diplomatique et juridique qui se poursuit met en cause de multiples projets d'enseignement qui concernent des milliers de citoyens russes.

Kommersant

Russie-Ukraine: une nouvelle guerre du gaz se profile

A la veille de la première rencontre de Ioulia Timochenko en tant que nouvelle première ministre ukrainienne avec son homologue russe Viktor Zoubkov, prévue pour le 23 janvier, Moscou et Kiev ont pratiquement entamé une nouvelle guerre du gaz.

L'Ukraine a présenté ses revendications, exigeant notamment la suppression des intermédiaires dans la vente du gaz et l'augmentation de 450% du coût du transit. Gazprom a immédiatement répliqué qu'en raison d'un manque de livraisons de gaz centrasiatique, l'Ukraine recevait du gaz russe, dont le prix est de 75% plus élevé. Par conséquent, la délégation ukrainienne sera accueillie à Moscou par une nouvelle demande de paiement d'une dette se chiffrant cette fois-ci à 830 millions de dollars.

Une source au fait des préparatifs de cette visite a précisé que l'Ukraine souhaitait porter de 1,7 à 9,32 dollars le prix du transit vers l'Europe des mille mètres cubes de gaz russe sur cent kilomètres. Compte tenu du prix actuel du transit, de la longueur des tuyaux et du volume de gaz transporté, Gazprom paie actuellement à l'Ukraine au total quelque 2 milliards de dollars par an pour le transit. En cas d'augmentation du prix, les paiements supplémentaires pourront atteindre quelque 9 milliards de dollars.

En outre, le premier vice-premier ministre ukrainien Alexandre Tourtchinov a laissé entendre que Kiev chercherait à obtenir non seulement la liquidation de RosUkrEnergo en tant que médiateur dans les livraisons de gaz dans le pays, mais également des restrictions concernant l'activité sur le marché intérieur d'UkrGaz-Energo (qui appartient à 50% à RosUkrEnergo). Les bénéfices d'UkrGaz-Energo (dont 25% appartiennent à Gazprom) se sont chiffrés à environ 200 millions de dollars en 2007.

Gazprom a refusé de commenter les déclarations de M. Tourtchinov, et au lieu de cela, ont a assisté à une intervention du directeur exécutif de RosUkrEnergo et membre du conseil d'administration de Gazprom Konstantin Tchouïtchenko. Mercredi soir, il a déclaré que les livraisons de gaz d'Asie centrale vers l'Ukraine avaient été réduites de 40 millions de mètres cubes par jour (c'est-à-dire, d'un tiers). C'est pourquoi au 16 janvier, la compagnie avait envoyé à l'Ukraine 740 millions de mètres cubes de gaz russe, pour un prix de 314,7 dollars les mille mètres cubes, soit au total pour 233 millions de dollars, ce qui dépasse de 100 millions le coût du volume analogue de gaz centrasiatique qu'aurait dû recevoir l'Ukraine en vertu des contrats de RosUkrEnergo, Naftogaz et UkrGaz-Energo. Parallèlement, M. Tchouïtchenko a fait savoir que les dettes d'UkrGaz-Energo envers RosUkrEnergo avaient atteint 830 millions de dollars.

Le nouveau prix du gaz proposé par Gazprom à l'Ukraine ne semble pas être trop élevé: selon la compagnie d'investissement Troïka Dialog, le prix moyen du gaz en Europe se situera cette année à 348 dollars les mille mètres cubes.

Vadim Karassev, directeur de l'Institut des stratégies globales de Kiev, estime que Ioulia Timochenko progresse consciemment vers une guerre du gaz avec la Russie, "car elle a besoin de créer une image politique de l'ennemi et d'une victoire contre lui".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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