Bourses: s'armer de patience face à la crise

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

La chute des cotations des actions dans les bourses mondiales qui avait commencé il y a une semaine a entraîné les 21 et 22 janvier un véritable effondrement des cours. Les investisseurs, entre autres, en Russie, ont déjà subi des pertes se comptant en centaines de milliards de dollars. A l'origine de tout cela, la seule supposition que l'économie américaine puisse entrer dans une longue période de stagnation, entrainant inévitablement des effets négatifs pour l'ensemble de l'économie mondiale. Cependant, la situation et les perspectives du secteur réel de l'économie russe ne se sont nullement détériorées et, par ailleurs, les principales économies du monde, à l'exception de celle des Etats-Unis, se portent bien.

La crise était latente depuis longtemps sur le marché des valeurs. Après la crise du crédit immobilier américain qui a éclaté à la fin de l'été dernier, les grandes banques du monde, se trouvant pour la plupart aux Etats-Unis, vont essuyer des pertes d'environ 400 milliards de dollars. Bien entendu, cela se répercute déjà négativement sur l'économie américaine. Il n'est pas exclu que cela entraîne une stagnation (ou une récession) aux Etats-Unis, ce qui diminuera l'attrait des investissements dans les compagnies d'outre-Atlantique. De plus, les banques, qui ont beaucoup souffert de la crise des subprimes, sont obligées de réduire leurs investissements en actions.

Mais, on ne sait pourquoi, la plupart des investisseurs se sont mis la semaine dernière à privilégier le pire scénario, à savoir que l'inévitable récession aux Etats-Unis se transmettrait aux autres économies du monde, et ont commencé à vendre massivement leurs titres. Puisque les acteurs les plus importants sont à peu de chose près les mêmes sur toutes les bourses mondiales, la chute des indices boursiers s'est produite simultanément dans le monde entier.

Ironie du sort, la crise s'est définitivement déclarée lundi 21 janvier, alors que les bourses étaient fermées aux Etats-Unis (son épicentre) pour cause de jour férié. Les places financières asiatiques ont chuté, en moyenne, de 5%, l'indice de référence européen Dow Jones Stoxx 600, de 5,7%. Le marché des actions russes qui a inscrit un nouveau "lundi noir" dans son histoire s'est distingué, même dans ce contexte, par une dégringolade de plus de 7%.

Mardi 22 janvier, les cotations ont continué leur chute libre. Les indices asiatiques ont reculé, en moyenne, de 7%. Au milieu de la journée, le Dow Jones Stoxx 600 baissait de 3,7%, l'indice russe RTS, de 1,5%. Tout le monde attendait avec anxiété l'ouverture de la bourse de New York (NYSE), qui s'effectue habituellement à 17:00, heure de Moscou.

Etant donné l'état d'esprit des investisseurs globaux, il est impossible de prévoir la durée de la crise boursière et sa gravité. Pour l'instant, ils ont répercuté dans la cotation des titres la pire variante d'évolution des événements: une forte stagnation de l'économie américaine qui entraînera le ralentissement de l'activité dans toutes les grandes puissances économiques et, par conséquent, des pertes de plus en plus importantes pour les grandes compagnies.

Il est vrai, cet avis ne correspond nullement à la situation réelle de nombreuses économies du monde. Ainsi, les cours des actions des principales compagnies pétrolières russes - Lukoil et Sourgoutneftegaz - sont tombés à leur plus bas depuis 18-24 mois. Mais le prix actuel du pétrole sur les marchés mondiaux est de 88 dollars le baril, soit 70% de plus qu'il y a un an! Les prix pratiqués sur le marché des métaux industriels, deuxième pilier des exportations russes, sont également stables. Cela veut dire que les recettes russes provenant des exportations ne diminuent pas. Par conséquent, les revenus des Russes, qui stimulent la croissance dans d'autres secteurs de l'économie, ne baissent pas non plus.

"Est-ce que les Russes vont consommer moins de nourriture, rouler moins en voiture et parler moins au téléphone? Probablement, non. Comment donc expliquer la faiblesse des cotations des principales compagnies russes? Est-ce que l'une d'elles a participé à l'achat d'obligations immobilières américaines?", se demande Alexandre Potavine, analyste du groupe d'investissement russe AntantaPioglobal.

Cependant, il reconnaît que le marché des actions ne présente actuellement aucun intérêt: acquérir des titres dépréciés, même aux niveaux actuels, n'a aucun sens, car ils se déprécieront encore plus.

Oleg Viouguine, ex-directeur du Service fédéral pour les marchés financiers, partage cet avis. "La situation est loin de s'être stabilisée", a-t-il déclaré à RIA Novosti. D'après lui, l'instabilité des places financières mondiales peut se prolonger jusqu'à la fin de cette année, car tous les investisseurs ont un avis négatif sur les perspectives de développement de l'économie américaine.

Pour les Russes qui ont participé, en 2006 et 2007, aux premières émissions "populaires" d'actions (IPO, entrées en bourse) - de Rosneft, de Sberbank, et de Vneshtorgbank - le danger réside dans le fait qu'ils ne pourront pas résister à la tentation de vendre leurs titres. Cependant, Oleg Viouguine conseille aux investisseurs privés de ne pas vendre leurs actifs dans la situation présente, car cela n'aura pour conséquence que de fixer leurs pertes.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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