Revue de la presse russe du 8 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Moscou-BIDDH: un clash qui semble satisfaire les deux parties

Les tentatives pour éviter le scandale autour du travail des observateurs internationaux lors de l'élection présidentielle du 2 mars se sont soldées par un échec, constate vendredi le quotidien Vremia novosteï.

Le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH) de l'OSCE a annoncé l'annulation de sa mission d'observation. Une autre organisation, l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, lui a soudainement emboité le pas en refusant à son tour de surveiller l'élection présidentielle. La réaction de la Russie à ce refus a été particulièrement ferme, bien que, selon les analystes, cette décision ne menace nullement la légitimité du vote.

"Le degré de légitimité de l'élection ne changera pas, que ces observateurs assistent ou non à l'élection, car, de toute façon, ils arrivent avec des conclusions toutes faites", a déclaré au quotidien Vremia novosteï Viatcheslav Nikonov, directeur de la fondation Politika. "La question de la légitimité des élections se pose lorsque la société elle-même refuse le résultat du vote, comme ce fut le cas en Ukraine, lorsque le verdict des observateurs internationaux a légitimé la "révolution orange", estime Igor Bounine, directeur général du Centre des technologies politiques. Chez nous, il n'y a aucune force orange".

Certains experts ont été pour le moins étonnés par la position rigide de Moscou sur le calendrier de la mission d'observation. "Les autorités russes agissent par inertie, en estimant que nous ne devons pas céder, avance Igor Bounine. Le calendrier et le nombre d'observateurs du BIDDH n'ont aucune importance".

"Les élections ne se réduisent pas aux bulletins, les observateurs veulent voir comment les candidats jouissent de la télévision et à quel point ils sont égaux en droits, a expliqué au quotidien le président de l'Institut d'évaluations stratégiques Alexandre Konovalov. Il n'y a rien de terrible dans les revendications du BIDDH. D'autre part, formellement, nous agissons selon les règles, mais c'est une démonstration non de force, mais de faiblesse, comme si nous avions quelque chose à craindre".

En fait, la pierre d'achoppement des discussions a porté sur les cinq jours supplémentaires réclamés pour le travail de la mission en Russie. Il est impensable que ces cinq jours puissent être déterminants pour la souveraineté de la Russie. Les autorités russes ont pourtant constamment soupçonné le BIDDH d'y attenter.

Au cours des négociations, les parties ont cherché moins à parvenir au consensus qu'à manifester une position intransigeante avant de claquer la porte au moment opportun.

Kommersant

South Stream: la France entre en jeu

Le gazoduc South Stream, dont Gazprom et Eni sont chargés de la construction et qui reliera la Russie au Sud de l'Europe, a trouvé un nouveau partisan en la personne de Gaz de France, note vendredi le journal Kommersant.

GDF a finalement renoncé au projet de gazoduc Nabucco allant de l'Asie centrale à l'Europe de l'Ouest et manifesté son intérêt pour le projet South Stream.

L'allemand RWE s'est joint mercredi au projet Nabucco, qui réunit également l'autrichien OMV, le hongrois MOL, le roumain Transgaz, le bulgare Bulgargaz et le turc Botas. Le choix du sixième participant a été déterminé par la Turquie. Ankara a plusieurs fois critiqué la France pour sa position à l'égard du génocide arménien et pour les complications dont elle est à l'origine concernant l'adhésion turque à l'Union européenne. GDF s'est vu proposer de participer au projet Nabucco en tant que septième partenaire, mais a refusé. Qui plus est, Gaz de France a exprimé jeudi son soutien total au projet South Stream.

Gazprom s'est réjoui de la position adoptée par la France. "Aucunes négociations n'ont encore été organisées à ce sujet, mais notre projet n'a rien contre des consommateurs supplémentaires", a indiqué au Kommersant une source au sein du monopole. Le géant gazier a intensifié ses négociations avec la Hongrie et la Grèce concernant le projet South Stream. Les premières consultations au niveau intergouvernemental sont prévues pour le mois de février.

Après la signature des accords avec la Bulgarie, la Serbie et l'Autriche, les contours du projet de gazoduc sont déjà plus ou moins nettement définis, et désormais, la progression peut être plus rapide, a commenté un des managers du monopole russe.

Valeri Iazev, vice-président de la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) et président de la Société gazière russe, estime que les positions du projet Nabucco ont été "sérieusement ébranlées" après une série de négociations concernant le South Stream menées à la fin de l'année dernière et début 2008. "La raison d'être de ce projet paraît de plus en plus discutable", a estimé le député. La différence entre les deux projets réside dans le fait que le projet russe possède une base de ressources alors que le Nabucco en est dépourvu, a-t-il expliqué.

Valeri Nesterov de la compagnie d'investissement Troïka Dialog attire l'attention sur une déclaration de la diplomatie turkmène selon laquelle le pays ne possède pas de "gaz en trop". Tout est déjà inscrit dans des contrats, explique l'analyste. Les opportunités pour le South Stream ne cessent d'augmenter, alors que le Nabucco n'a toujours pas résolu son problème de ressources.

Selon M. Nesterov, l'adhésion de RWE ne renforce le Nabucco qu'en apparence, alors qu'en réalité, elle reflète les préoccupations des participants à ce projet.

Rossiïskaïa gazeta

L'Ukraine sera la principale victime en cas d'élargissement de l'OTAN à l'Est

Ayant pratiquement épuisé ses ressources en matière d'élargissement, l'OTAN avait enfin décidé de dépasser pour de bon sa zone de responsabilité en s'attelant à stabiliser l'Afghanistan. Différentes voix s'étaient alors élevées au sein de l'Alliance, mettant en garde contre un danger pour l'organisation elle-même en cas d'échec. Et, en effet, l'OTAN a commencé à échouer en Afghanistan. Cela peut expliquer qu'une nouvelle vague d'élargissement soit aujourd'hui d'actualité, lit-on vendredi dans le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

La question d'une admission accélérée de l'Ukraine à l'OTAN a été examinée il y a deux ans à Washington, mais ce scénario n'a pas été mis en oeuvre. A présent, il semble qu'on y revienne. Mais l'adhésion de Kiev au Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN (MAP) n'aura probablement pas lieu en avril à Bucarest.

Je ne crois pas que nos pays voisins membres de l'OTAN tentent à nouveau de persuader la Russie, comme précédemment, que l'élargissement est bénéfique et qu'il peut même lui être utile. On ne peut, sans rire amèrement, se souvenir des promesses selon lesquelles le rapprochement de l'OTAN, "zone de stabilité et de démocratie", des frontières de la Russie renforcerait les tendances démocratiques dans notre pays.

L'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine obligera celle-ci à tracer une frontière réelle avec la Russie. La démarcation de la frontière sur le terrain (à la différence de sa délimitation sur la carte) suscitera inévitablement des dizaines de litiges concernant des collines, ravins et forêts historiquement rattachés à l'un ou l'autre côté. Ces conditions sont propices à des conflits militaires. En fait, un "arc conflictuel" s'étendant sur des milliers de kilomètres sera artificiellement créé au centre géographique de l'Europe, et alimentera la tension durant des décennies.

La séparation douloureuse de Moscou et de Kiev renforcera les positions des personnes, aujourd'hui peu nombreuses en Russie, enclines à apporter leur concours à la scission de l'Ukraine et à l'instabilité dans ce pays. Les raisons de soutenir tous les adversaires des Etats-Unis et de l'Occident sur les problèmes les plus douloureux pour eux se renforceront considérablement. Le terrain de la coopération possible et nécessaire se réduira notablement.

C'est l'Ukraine qui en pâtira le plus. Elle pourrait se transformer en "chair à canon" dans le contexte d'une nouvelle crise politique et, peut-être, militaro-politique. Elle sera déchirée, et son économie s'affaiblira.

Ayant à faire face à une nouvelle crise rappelant celle de la Yougoslavie (espérons qu'elle ne sera pas trop sanglante), l'Europe pourra tirer un trait sur ses espoirs de devenir une force mondiale de premier plan dans le futur.

Les Etats-Unis pourront tenter de profiter seuls, dans un premier temps, de l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine, en affaiblissant l'Europe et en créant des problèmes pour la Russie. D'ailleurs, ce serait une victoire à la Pyrrhus, car Washington n'aura alors plus d'alliés efficaces dans la lutte contre les défis qui sont effectivement dangereux. Par conséquent, tout le monde y perdra.

Auteur: Sergueï Karaganov, président du présidium du Conseil pour la politique étrangère et militaire.

Gazeta.ru

Gazprom menace à nouveau l'Ukraine de fermer le robinet

Le géant gazier russe a réclamé à l'Ukraine une nouvelle dette et menace Kiev de suspendre les livraisons de gaz à partir du 11 février, lit-on vendredi dans le journal Gazeta.ru.

Les experts attribuent ce nouvel accroc à l'exacerbation de la lutte politique à l'intérieur de l'Ukraine: la première ministre Ioulia Timochenko et le président Viktor Iouchtchenko n'arrivent pas à s'entendre sur toute une série de problèmes énergétiques.

Selon Sergueï Kouprianov, porte-parole de Gazprom, la dette de l'Ukraine envers le géant gazier atteint aujourd'hui 1,5 milliard de dollars. "L'Ukraine reçoit du gaz, le consomme, mais on ne sait pas qui le paiera", résume-t-il.

"La situation actuelle rappelle la guerre du gaz de 2006", estime Alexandre Razouvaïev, chef du service d'analyse du marché de Sobinbank. Selon lui, on peut même s'attendre à des prélèvements illégaux de gaz et au blocage du transit, comme cela a déjà été le cas. "Quoi qu'il en soit, on finira par s'arranger d'une manière ou d'une autre, estime-t-il. Gazprom sait régler ce genre de problèmes".

Cependant, selon les analystes politiques, aucun compromis ne sera trouvé sur la question et la Russie, en position de force, commencera à dicter ses conditions. De l'avis d'Alexeï Makarkine, vice-directeur du Centre des technologies politiques, Moscou est en train de prouver le sérieux de ses intentions. "La confrontation entre la première ministre et le président s'est aggravée ces jours-ci en Ukraine, explique-t-il. On ne sait pas bien qui est responsable du paiement du gaz, ni d'ailleurs de la politique dans son ensemble".

M. Makarkine pense que l'Ukraine attendra le dernier moment pour réagir. "Mais il est peu probable que la Russie se montre "compréhensive" et qu'elle puisse faire preuve de patience", avance-t-il.

En tout cas, l'Ukraine devra réduire très prochainement sa consommation de gaz et, probablement, lancer l'application de programmes d'économie d'énergie. "Quoi qu'il en soit, dans les années à venir, les prix du gaz pour l'Ukraine rattraperont les prix européens, qui dépassent déjà 300 dollars les mille m3, indique Alexandre Razouvaïev. Même la Russie a encore besoin de l'Ukraine en tant que voie de transit de gaz vers l'Europe, après la mise en oeuvre de nouveaux projets, entre autres, Nord Stream, le transit ukrainien n'aura plus aucune importance et Gazprom ne sera plus aussi libéral à l'égard de Kiev".

D'ailleurs, selon un expert du marché, l'Ukraine le comprend parfaitement. "Ce que nous observons ces dernières années est une tentative convulsive de certaines structures ukrainiennes de se mettre le plus d'argent possible dans les poches", estime-t-il.

Vedomosti

L'élite russe réalise ses rêves d'enfance

La soirée consacrée aux 15 ans de Gazprom, qui aura lieu au Kremlin, sera marquée par un concert du groupe de rock britannique Deep Purple, particulièrement apprécié depuis son enfance par Dmitri Medvedev, président du conseil des directeurs de la compagnie qui quitte le géant gazier pour briguer le fauteuil de président du pays, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

Les fêtes de ce genre ne sont pas rares. Le groupe Scorpions avait déjà participé au concert donné à l'occasion de l'anniversaire du FSB, établissement qui inspirait à l'époque de la crainte et dont les agents empêchaient les citoyens de l'URSS d'écouter ce genre de musique, qualifiée par les journalistes soviétiques de "fasciste".

Et que dire des hommes d'affaires russes, déjà lassés des stars occidentales qui se rendent à leurs anniversaires en échange de sommes exorbitantes (les producteurs se plaignent de ne plus pouvoir inviter de stars à des concerts ordinaires, car celles-ci sont devenues trop gâtées...). Quand ils étaient enfants, ils ne pouvaient même pas imaginer pouvoir assister un jour à une représentation de leur idole. A présent, ils peuvent se permettre d'acheter ses services pour deux jours.

On peut également s'offrir, pour plus que deux jours, un club de football, une écurie de Formule 1, un constructeur de voitures de sport, etc. Ce sont là des exemples de rêves d'enfants qui se réalisent.

Ce genre de comportement est souvent propre aux nouveaux riches provinciaux. Ce n'est pas parce qu'on se paye une star qu'on peut la comprendre, c'est même le contraire qui se produit. La réaction de ce genre de clients est, à ce titre, très évocatrice: "Ce Sting (Pink, Elton John, Jennifer Lopez, Shakira, etc.), il sait boire de la vodka!".

Les compagnies publiques et les organes d'Etat organisent également des soirées à l'instar des particuliers. Ils y invitent eux-aussi presque exclusivement les idoles de leur jeunesse (Tina Turner se produira également pour les 15 ans de Gazprom). S'agit-il du coté "rétro" des dirigeants des structures d'Etat, ou du souci de conserver ses goûts au sein de ces structures? Il se peut aussi que l'âge moyen de l'assistance soit pris en compte.

Les représentants du pouvoir d'Etat sont pris par les mêmes envies lorsqu'ils se font déposer en hélicoptère au pôle Sud ou au sommet de l'Elbrouz, plongent au fond de l'Océan Glacial arctique à bord de bathyscaphes ou intègrent un groupe de formation de cosmonautes. Les explorateurs polaires, les marins et les cosmonautes font également partie des idoles de leur jeunesse.

Le coût de ce genre d'événements est souvent gardé secret. Mais le vieil adage "rattrapons et devançons (l'Amérique)" peut désormais être corrigé: "Achetons et rachetons". Tant que l'argent ne manque pas.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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