Revue de la presse russe du 20 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru

Kosovo: une question de vie ou de mort pour l'Europe?

L'histoire du Kosovo revêt une importance particulièrement grande pour l'Europe et plus symbolique pour la Russie et les Etats-Unis, note mercredi le quotidien Gazeta.ru.

Pour l'Europe, il importe de montrer qu'elle est capable de "faire quelque chose" de cette province dépassée et troublée, majoritairement musulmane de surcroît, et de l'initier au processus d'intégration. Il s'agit là d'une sorte de test pour l'idéologie de l'UE dans son ensemble.

Pour Washington, l'indépendance de la province est une preuve de l'efficacité de sa stratégie "d'exportation de la démocratie", qui donne aux Etats-Unis ne serait-ce qu'un brin de satisfaction dans le contexte des énormes problèmes auxquels ils sont confrontés en Irak et en Afghanistan, où cette stratégie s'est avérée inefficace.

Pour Moscou, le problème du Kosovo est une nouvelle occasion de montrer qu'il faut compter avec la Russie, désormais "remise sur pied". Par ailleurs, il est opportun de mobiliser, pendant la période pré-électorale, une opinion publique débordant de sentiments proserbes (explicables du point de vue historique et en partie moralement justifiés). Il est d'ailleurs difficile de croire que le Kremlin puisse sérieusement être intéressé par une déstabilisation de la situation là où doivent bientôt être posés des tuyaux du gazoduc South Stream.

La situation au Kosovo concerne l'Union européenne bien plus que l'Amérique ou la Russie. L'Europe se souvient de sa honteuse faiblesse dans les années 1990, alors que le dénouement des conflits en Bosnie, en Croatie et au Kosovo avait été déterminé d'une part par les chefs locaux et d'autre part par les Etats-Unis.

L'UE est pour l'instant incapable de proposer aux Serbes un "bonbon" capable de neutraliser l'amertume liée à la perte du Kosovo. La promesse d'admettre la Serbie dans l'Union européenne est trop vague et trop éloignée, bien que la récente élection présidentielle en Serbie ait démontré qu'au moins la moitié des Serbes croient, malgré tout, à un avenir européen pour leur pays.

Il y a encore un autre point, probablement le plus important. Nombre de pays en Europe (la Belgique, l'Espagne, la Roumanie, la Slovaquie) rencontrent également des problèmes avec des régions peuplées par des minorités "non-titulaires". Dans ces conditions, l'indépendance du Kosovo constitue un exemple tentant pour les autonomistes et séparatistes européens.

Les Albanais du Kosovo souhaitent créer leur propre Etat national. L'Union européenne, de son côté, cherche, en fin de compte, à montrer que les aspirations nationales peuvent être satisfaites dans le cadre du projet européen et que d'autres valeurs (liberté, paix, unité) sont capables de l'emporter sur un nationalisme enflammé.

Les Balkans représentent un endroit approprié, mais néanmoins extrêmement difficile pour cela. Dans un certain sens, l'intégration des Balkans, y compris du Kosovo et de la Serbie, peut devenir une question de vie ou de mort pour l'Europe.

Kommersant

Gazprom revient vers l'Iran

Gazprom s'est mis d'accord avec l'Iran concernant sa participation à la mise en valeur des plus grands gisements pétroliers et gaziers du pays, South Pars et Kish, annonce mercredi le quotidien Kommersant.

Le monopole créera une coentreprise avec les compagnies publiques iraniennes de gaz et de pétrole pour extraire, transformer, transporter et commercialiser les matières premières. Gazprom a intensifié sa coopération avec l'Iran en raison de la menace de l'accès des Chinois aux ressources iraniennes et d'éventuelles livraisons de gaz iranien pour le futur gazoduc Nabucco.

Selon les médias iraniens, la signature d'un accord entre Gazprom et le ministère iranien du Pétrole portant sur la création d'une ou de plusieurs coentreprises est prévue pour avril-mai. Il s'agit de la mise en valeur conjointe des gisements de North Pars et de South Pars ainsi que du gisement gazier de l'île de Kish.

Les compagnies nationales iranienne et chinoise ont mené des négociations détaillées en 2006-2007 sur l'extraction de gaz dans l'île de Kish. Les réserves prouvées y sont comparables à celles du champ gazier de Kovykta et se montent à 1.370 milliards de mètres cubes de gaz. Cependant, note Maxime Cheïne de BrokerCreditService, le coût de l'extraction dans le golfe Persique est beaucoup moins élevé qu'en Sibérie occidentale ou sur le plateau continental des mers arctiques.

Les deux parties ont également examiné la possibilité de construire conjointement une raffinerie de pétrole en Arménie, à la frontière avec l'Iran, d'une capacité annuelle de 7 millions de tonnes. Gazprom confirme être intéressé par le fait de transporter, stocker, transformer et commercialiser du gaz iranien, sans donner plus de détails cependant.

La visite en Iran du patron du monopole russe, Alexeï Miller, a été préparée en deux semaines, à la suite d'une déclaration du chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, dans laquelle il mettait en avant la possibilité pour l'Iran de devenir une base de ressources pour le futur gazoduc européen Nabucco contournant la Russie. Le ministre avait également annoncé que Téhéran et la Suisse étaient sur le point de signer un accord sur des livraisons de gaz.

Les experts doutent néanmoins que Gazprom puisse vraiment intensifier ses activités en Iran. Valeri Nesterov de Troïka Dialog estime que les travaux dans le cadre des projets russo-iraniens ne débuteront pas dans un avenir proche, car "il faut être très attentifs aux sanctions internationales imposées par les Etats-Unis sur les compagnies déployant leurs activités en Iran". Selon l'analyste, les Etats membres de l'Union européenne ne seront sans doute pas prêts à acheter du gaz iranien "en raison de la situation politique tendue".

Dans le même temps, ajoute M. Nesterov, Gazprom "doit sans aucun doute continuer à poursuivre les négociations avec l'Iran étant donné ses grandes réserves de ressources énergétiques" (évaluées à 28.000 milliards de mètres cubes de gaz).

Gazeta

Présidentielle russe: les observateurs occidentaux boudent l'élection

La Commission électorale centrale russe (CEC) a reconnu hier que la majorité des observateurs occidentaux invités à surveiller l'élection présidentielle du 2 mars avaient refusé de venir, lit-on mercredi dans le journal Gazeta.

Après le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH), l'Assemblée parlementaire de l'OSCE et le Conseil nordique, ont également décidé de s'abstenir de participer au monitorage de la présidentielle russe la commission électorale fédérale et la commission de concours aux élections (Etats-Unis), la commission électorale de Grande-Bretagne, le bureau électoral central hongrois, ainsi que les ministères de l'Intérieur français, espagnol et allemand qui sont en charge des élections dans leurs pays.

La raison officielle de ce refus est que les observateurs sont déjà très occupés par leur travail en prévision des élections ou référendums dans leurs propres pays. "Nous avons envoyé des invitations à 32 organisations internationales et nous attendons l'arrivée d'au moins 300 personnes. Il est vrai, pour l'instant, nous n'avons reçu que 95 demandes d'accréditation sur l'ensemble", a fait savoir Guennadi Raïkov, membre de la CEC.

Selon Alexandre Kynev, directeur des programmes régionaux de la Fondation pour le développement de la politique de l'information, les observateurs occidentaux expriment ainsi leur soutien à leurs collègues qui ont refusé de se rendre en Russie: "En invoquant des élections internes, ils ont d'une part renoncé à entamer de nouvelles démarches politiques et, d'autre part, ils ont ainsi manifesté leur solidarité envers leurs collègues plus influents".

Selon les résultats d'un sondage publiés mardi par le VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique), les Russes n'apprécient pas les critiques émanant des représentants de l'Occident, mais la moitié d'entre eux saluerait tout de même leur présence à l'élection.

Seuls 8% des citoyens russes interrogés par les sondeurs estiment que la critique émise par l'OSCE et l'ONU est légitime. Il est vrai, ceux qui font confiance à la mission des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) sont encore moins nombreux: seulement 2%. En revanche, un sondé sur deux a déclaré que la présence d'observateurs internationaux contribuerait "à un dépouillement honnête du scrutin" et "à une lutte électorale plus civilisée".

Les autres estiment que la présence de missions d'observateurs occidentaux en Russie détourne de leur travail les organisateurs russes de l'élection (26%), ou bien qu'elle profite aux opposants occidentaux (10%). Selon 22% des sondés, la présence des observateurs internationaux n'a aucune influence.

Gazeta.ru

Gaz: Kiev propose à Moscou de repartir de zéro

L'Ukraine propose de nouvelles conditions, désavantageuses pour Gazprom, pour le remboursement de sa dette gazière. La Russie devra les accepter afin d'éviter de détériorer les relations internationales à la veille de l'élection présidentielle, lit-on mercredi dans le journal Gazeta.ru.

Cependant, l'Ukraine ne jouira pas longtemps de son statut de pays de transit.

La partie ukrainienne refuse de rembourser à Gazprom sa dette de 1,5 milliard de dollars avant le 1er avril et d'acheter du gaz en le payant d'avance. En échange, la compagnie ukrainienne Naftogaz propose d'accorder au monopole russe du gaz l'accès aux réservoirs souterrains de gaz en Ukraine.

"Pour l'Ukraine, le paiement en nature est plus avantageux qu'en espèces. Elle économise ainsi de l'argent et évite de donner à Gazprom un accès définitif à son système de distribution de gaz, ce sur quoi compte le monopole russe, explique Alexandre Chatilov, expert du Centre de conjoncture politique. Selon les différentes informations, Gazprom n'a pas l'intention de signer l'accord dans cette version, mais le monopole russe du gaz est très intéressé par une telle évolution des événements: l'accès aux réservoirs de stockage de gaz ukrainiens serait le premier pas de Gazprom dans son expansion en Ukraine".

La Russie emploie depuis longtemps la méthode de pénétration réciproque, a rappelé l'expert. "Cela se produit, pour l'essentiel, en Europe, mais l'Ukraine est même plus importante pour nous que les pays de l'UE, car elle est un territoire de transit, affirme M. Chatilov. Quant au refus actuel de Gazprom, ce n'est qu'un élément du marchandage en cours, une tentative "d'obtenir le maximum de la partie adverse".

"L'Ukraine profite de sa position de pays de transit et du soutien de l'Europe", explique l'analyste. Selon lui, la Russie ne peut pas se permettre de détériorer la situation à la veille de l'élection. "L'Ukraine se permet d'occuper une position rigide aux négociations, en violant même les ententes intervenues, poursuit Alexandre Chatilov. Mais la Russie devra probablement faire des concessions".

D'ailleurs, comme le soulignent les analystes du secteur, l'Ukraine ne pourra pas jouir longtemps de sa situation privilégiée de pays de transit et exiger des conditions avantageuses pour elle. Après la mise en oeuvre des deux principaux projets de Gazprom - les gazoducs Nord Stream et South Stream - le coût du transit par le territoire de l'Ukraine commencera à chuter.

Les experts préviennent que l'Ukraine devra payer le gaz aux prix mondiaux dans un avenir proche et que Gazprom prendra en fin de compte sa revanche par rapport aux positions qu'il pourrait céder aujourd'hui.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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