Une exposition de l'artiste-designer française Muriel Rousseau intitulée "Art to B - to Be Art: 15 ans en Russie" s'est ouverte à Moscou, dans les locaux du Musée des Arts décoratifs et appliqués. Le choix du lieu n'est pas anodin, puisque l'artiste elle-même est passée par l'Ecole des arts décoratifs de Paris.
Pour illustrer chaque volet de l'exposition, Muriel Rousseau a elle-même pioché dans les fonds du musée, choisissant avec l'aide des employés les oeuvres qui étaient les plus à même d'illustrer son approche. Le résultat présente un intéressant mélange entre le monde de la culture russe et l'expression personnelle de Muriel.
L'artiste est née et a étudié à Paris, mais vit et travaille à Moscou depuis 15 ans. Si ce déménagement n'a pas changé sa perception du monde, il a eu une influence significative sur son oeuvre: toute l'exposition est organisée autour d'une succession de vues lyriques et portraits de maisons moscovites.
La première chose que voit le visiteur, ce sont des clés. Forgées ou coulées, grandes ou petites, simples ou élaborées... elles sont en quelque sorte un prélude à l'exposition. Pour lever le voile sur sa vie moscovite, Muriel a choisi des clés des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
Un volet baptisé "consommation" présente des services de table historiques, ainsi que des boîtes et coffrets. La designer y a ajouté des pseudo-photographies publicitaires prises dans les supermarchés moscovites. Papier toilette, tubes de produits d'entretien, poulet, saucisson et mayonnaise font partie intégrante de la composition en tant que fruits de l'imagination créatrice de Muriel Rousseau.
Un ensemble d'objets créés à la charnière des XIXe et XXe siècles par des artistes russes dans le domaine d'Abramtsevo ouvre un volet consacré au Club des dessinateurs, dont Muriel a été l'un des organisateurs.
"On a commencé à dessiner et puis on a décidé de partager cette expérience avec des amis. Tous les vendredis en fin journée on dessine. Plusieurs personnes viennent. Par exemple, on a des hommes d'affaires, des personnes qui s'occupent de la mode, on a un bijoutier fabuleux. Notre but maintenant c'est de continuer l'énergie de groupe qui à la fois donne à des gens de se révéler et de découvrir en eux un talent dont ils ne se soupçonnent pas l'existence", a raconté Muriel Rousseau à RIA Novosti.
Le club des dessinateurs présente un montage de dessins consacrés au nu féminin. Le thème de la beauté féminine est creusé jusque dans des objets décoratifs utilitaires comme par exemple des céramiques de poêle, des assiettes ou des vêtements.
Muriel n'est pas seulement française depuis 13 générations, elle est aussi l'arrière-arrière-arrière... petite fille d'un grand philosophe connu de tous. Ainsi, un autre volet de l'exposition est intitulé "Jean-Jacques". Il s'agit d'une série de photographies d'intérieurs et de scènes de la vie de cafés, qui plus est de cafés portant le même nom. Toutes les photos ont la particularité d'avoir été prises à travers une coupe. Ces cafés ont une histoire simple: Muriel et son mari Nikolaï ont longtemps eu envie d'un vrai bistro parisien à proximité de chez eux. Celui-ci est apparu après leur rencontre avec les restaurateurs Dmitri Borissov et Dmitri Iampolski. Le premier café s'est ouvert en 2004 sur le boulevard Nikitski, et depuis, quatre autres restaurants "Jean-Jacques" sont apparus dans la capitale.
Une salle est consacrée à l'activité de l'agence de création de Muriel, Lieu Commun, symbolisée par une quantité de feuilles sur lesquelles ont peut voir les logos de ses clients: Dior, Guerlain, L'Oréal, GEO, Total, Danone et beaucoup d'autres. Au milieu de toutes ces marques, des boîtes d'allumettes et paquets de cigarettes soviétiques, des assiettes à l'effigie de Lénine estampillées RSFSR, ainsi que de la vaisselle en verre décorée de portraits de gens connus.
Avec des matriochkas, une balalaïka, un samovar et un plateau traditionnel, la designer a présenté son "Dictionnaire", comportant des mots russes de son propre lexique, mots qu'elle a fondamentalement modifiés.
C'est le volet "Amour" qui clôt l'exposition. Car c'est bien son amour pour l'artiste russe Nikolaï Ovtchinnikov qui a poussé Muriel Rousseau à s'installer à Moscou. On y trouve des figurines de porcelaine, des représentations de couples d'amoureux et de bouleaux, symbole de la Russie et principal symbole artistique de Nikolaï.
Cette exposition qui retrace de façon métaphorique différentes étapes du destin de Muriel Rousseau est ouverte jusqu'au 5 mai au Musée des Arts décoratifs et appliqués de Moscou.
