Pauvreté et corruption, deux âmes soeurs

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Le président russe Dmitri Medvedev a désigné la pauvreté et la corruption comme les principales menaces nationales qu'il envisage de combattre à son poste.

Une grande partie de son allocution sur le budget pour 2009-2011, rendue publique le 23 juin dernier, a été consacrée à la lutte contre la pauvreté. Seulement deux jours après, le chef de l'Etat s'est vu présenter un projet de plan national de lutte anti-corruption. Il est curieux de noter que le jour même, à savoir le 25 juin, l'organisation Transparency International a publié son classement des indices de corruption dans le monde. La Russie y occupe la 143e place sur 180 pays. Corruption et pauvreté sont inexorablement liées, affirme Transparency International.

Dans une interview accordée le 25 juin à l'agence Reuters, le président Medvedev a de nouveau déploré deux problèmes "spécifiques" de la société russe, selon lui: la pauvreté et la corruption.

La lutte contre la corruption semble en effet être devenue la tâche prioritaire du nouveau chef de l'Etat, et ce, dès le début de sa présidence. Seulement deux semaines après la cérémonie d'investiture, le 19 mai, Dmitri Medvedev a ordonné de créer un conseil de lutte contre la corruption auprès du président et que lui soit présenté, dans un délai d'un mois, un plan d'action anti-corruption. C'est le chef de l'administration présidentielle Sergueï Narychkine qui a été placé à la tête du groupe de travail interdépartemental chargé d'accomplir ce travail.

Le plan d'action proposé par M. Narychkine comporte quatre volets. Le premier concerne la base législative de la lutte anti-corruption, et notamment la préparation, d'ici le 1er octobre prochain, d'un projet de loi contre la corruption. Le deuxième volet prévoit des mesures visant à perfectionner la gestion administrative dans le but de combattre la corruption. Le troisième envisage de perfectionner la formation des cadres juridiques et l'instruction juridique. Le quatrième volet contient les "mesures urgentes" à prendre dans le cadre de la mise en oeuvre de ce plan. En outre, tous les organes fédéraux du pouvoir et toutes les entités de la Fédération devront élaborer leurs propres projets de lutte anti-corruption. L'approche minutieuse dont a fait preuve le chef de son administration a manifestement intéressé le président, qui a promis d'étudier le document dans les plus brefs délais afin d'y mettre un point final.

Les autorités russes peuvent par ailleurs tirer une conclusion réconfortante de l'ouvrage volumineux de Transparency International: la corruption s'accompagnant d'une pauvreté à grande échelle ne semble pas être un trait particulier de la Russie. La coalition mondiale de lutte contre la corruption, comme se définit elle-même Transparency International, souligne au contraire qu'un niveau élevé de corruption est toujours lié à la pauvreté. Ce sont les pays où le niveau de pauvreté est relativement élevé (en Russie ce chiffre atteint 15% de la population, c'est-à-dire qu'un peu plus de 20 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté) qui pâtissent le plus de la corruption. De plus, c'est seulement par ses propres forces qu'un pays est capable de surmonter cet écart entre les fonctionnaires corrompus qui ne cessent de s'enrichir et les couches les plus pauvres de la population.

"La mise en place d'une gestion nationale efficace doit être, en premier lieu, le résultat des efforts du pays concerné", souligne Transparency International, à l'adresse des Etats plongés dans la corruption.

Eh bien, on ne peut pour l'instant que se féliciter du fait que le président Medvedev ait promis dès le début de faire preuve d'une volonté politique exceptionnelle en vue d'éradiquer ce mal social.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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