Revue de la presse russe du 25 mai

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Izvestia

Russie-UE: Moscou renonce à la Charte de l'énergie

La Russie renonce définitivement à la Charte de l'énergie, document quelque peu étrange, en vertu duquel Moscou s'est engagé à permettre aux compagnies occidentales d'accéder aux pipe-lines russes sans recevoir rien de substantiel en échange, lit-on lundi dans le quotidien Izvestia.

Le président Dmitri Medvedev l'a déclaré clair et net lors du sommet Russie-UE de Khabarovsk. Cependant, le fait que la Charte de l'énergie ait cessé d'être le fondement du dialogue énergétique russo-européen est un véritable succès. Les leaders européens sont contraints de reconnaître la nécessité de nouveaux accords spéciaux, dont le contenu devra être examiné avec la Russie.

Aujourd'hui, les acteurs européens comprennent que la Russie n'est pas en mesure de servir de seul garant des livraisons de gaz en Europe. Poutine et Medvedev ont fait clairement comprendre à Bruxelles et à Kiev que la Russie considère la consommation normale de gaz en Ukraine comme une condition de la stabilité du transit de gaz, mais qu'elle ne réalisera en aucun cas à ses propres frais le pompage de gaz dans les entrepôts ukrainiens afin de maintenir ce niveau de consommation. Tout d'abord, le prix du problème (plus de 4 milliards de dollars) est trop élevé. Kiev a besoin d'un crédit, mais la Russie n'est disposée à participer à l'octroi d'un tel crédit que conjointement avec l'Union européenne.

La situation de l'approvisionnement de l'Europe en gaz russe ne pourrait s'aggraver à l'avenir qu'à deux conditions. Premièrement, si l'UE ne reconnaît pas l'incapacité de l'Ukraine de couvrir sa propre demande de gaz et renonce donc à octroyer à Kiev un crédit en pool avec la Russie destiné au pompage du gaz dans les entrepôts. Deuxièmement, si Bruxelles recourt à la modernisation du système ukrainien de transport de gaz ou même à la création d'un consortium gérant ce réseau sans la participation de Moscou.

Autre problème menaçant les futurs accords entre la Russie et l'UE, la politique actuelle des autorités ukrainiennes qui misent sur la confrontation avec la Russie et pas sur la réalisation des ententes dans le cadre du transit de gaz ou le développement du dialogue énergétique. Il est évident aujourd'hui que si l'Union européenne souhaite avoir affaire à des partenaires responsables et des décisions définitives, elle ne doit prendre en considération l'opinion des dirigeants ukrainiens qu'à l'issue de consultations avec la Russie.

Par Dmitri Orlov, directeur général de l'Agence des communications politiques et économiques.

Kommersant

Abkhazie: l'opposition met en question l'entente avec Moscou

L'Abkhazie entre dans une période de confrontation sérieuse entre le pouvoir et l'opposition, mécontente des derniers accords entre Soukhoum et Moscou qui "remettent en question l'existence de l'Abkhazie en tant qu'Etat indépendant", lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Réunis au sein d'un front commun six mois avant les élections présidentielles, les partis politiques et mouvements d'opposition abkhazes ont durement critiqué la plupart des projets discutés le 14 mai au cours d'une rencontre entre le premier ministre russe Vladimir Poutine et le président abkhaz Sergueï Bagapch. Il s'agit tout d'abord de la vente du terminal de l'aéroport de Soukhoum aux compagnies russes et la cession gratuite pour 10 ans du réseau ferroviaire abkhaz à RZD (chemins de fer de Russie).

"La vente des sites vitaux pour l'Abkhazie se soldera par une soumission de la république à la Russie", a tonné le rédacteur en chef du journal indépendant "Pravda de Tchegem" Inal Khachig. "Tout le monde comprend que l'intérêt de la Russie envers l'Abkhazie est énorme et que les compagnies russes tenteront de s'emparer de tout ce qu'ils peuvent ici".

"On tente de nous faire croire qu'on nous a offert l'indépendance et que nous devons payer pour ça. Ce n'est pas pourtant le cas", a récemment annoncé Astamour Tania, coprésident du parti Forum de l'unité populaire d'Abkhazie. L'Abkhazie est selon lui devenue un Etat souverain, parce qu'elle avait toujours gardé l'indépendance de ses décisions: "Pendant une époque, nous avions des relations tendues avec la Russie. Si nous avions fait tout que les représentants de Moscou nous disaient, l'Abkhazie serait aujourd'hui une république autonome au sein de la Géorgie et accueillerait un contingent de l'OTAN".

La récente visite du président de la Douma (chambre basse du parlement russe) Boris Gryzlov à Soukhoum n'a fait que jeter de l'huile sur le feu. Celui-ci a déclaré que l'Abkhazie lancerait dans un avenir proche l'extraction de matières inertes pour les Jeux olympiques de 2014 et que la Russie logerait dans la république 100.000 ouvriers chargés de la construction de Sotchi. Plusieurs médias abkhazes ont critiqué les plans russes, tandis que l'opposition annonçait que l'Abkhazie était destinée au repos des touristes et pas au logement gratuit des travailleurs immigrés.

"Les partenaires russes ne comprennent malheureusement pas les traits spécifiques de l'Abkhazie, c'est pourquoi chaque visite de ce type fait surgir chez nous un grand nombre de problèmes", a reconnu un fonctionnaire du gouvernement abkhaz sous couvert d'anonymat.

Nezavissimaïa gazeta

Gaz: la réduction de l'extraction profite à Gazprom

La situation exclusive de Gazprom de monopole russe du gaz lui permet de dicter les prix du gaz non seulement à l'étranger, mais aussi à l'intérieur du pays, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le consortium gazier réagit à la diminution de la demande à l'intérieur du pays et à l'étranger par la réduction régulière de sa propre extraction.

Le consortium a de nouveau réduit vendredi son pronostic d'extraction pour cette année. Selon Alexandre Ananenkov, vice-président du directoire de Gazprom, elle peut baisser de 18%, jusqu'à 450 milliards de m3 (selon l'affirmation du responsable du monopole gazier, les capacités de Gazprom lui permettent de produire 600 milliards de m3 de gaz par an). En même temps, indiquent les experts, le consortium oblige les producteurs indépendants à réduire leur extraction proportionnellement, les empêchant ainsi de réduire les prix sur le marché libre à l'intérieur du pays.

La précédente réduction minimale d'extraction a été enregistrée en 2001, lorsque le consortium a extrait 512 milliards de m3.

"S'il d'autres restrictions formelles actuelles n'existaient pas, avant tout, le droit d'exportateur exclusif dont jouit Gazprom, les prix sur le marché libre auraient baissé d'environ 15% à 20%, fait remarquer Mikhaïl Kroutikhine, partenaire de la société de conseil RusEnergy. Mais il faut plutôt adresser cette question au gouvernement, car le marché libre du gaz reste à créer en Russie".

Selon l'expert, le consortium ne réduit pas seulement son extraction, mais il exige que les producteurs indépendants la réduisent proportionnellement. "Tant que Gazprom contrôlera le système de transport du gaz et 80% du marché intérieur, il ne saurait exister de marché libre du gaz dans le pays", estime Mikhaïl Kroutikhine.

"Pour l'instant, la réduction de l'extraction profite à Gazprom, car c'est une bonne possibilité de mobiliser ses ressources et d'attendre la hausse des prix", estime l'expert.

Kommersant

Chômage: la Russie s'empêtre dans le cercle vicieux

Les statistiques du chômage pour avril, émises par le Service fédéral des statistiques (Rosstat) conformément à la méthode de l'Organisation internationale du travail, ont établi que le nombre de chômeurs avait dépassé début mai 10%, à 7,7 millions de personnes, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Les experts estiment que le chômage pourrait très probablement se chiffrer à 13% d'ici la fin de l'année et se répercuter sur les revenus des citoyens, ce qui a influé sur les indices d'avril du commerce de détail.

Le ministère russe de la Santé et du Développement social qui recense tous les huit jours les chômeurs enregistrés, souligne un recul de 0,3% du chômage sur la semaine dernière. La directrice de l'Institut indépendant de politique sociale Tatiana Maleva fait toutefois remarquer que la réduction du niveau officiel de chômage tient à des facteurs saisonniers. "Les tensions sociales reviendront à l'automne avec la fin de la saison d'été", affirme-t-elle. Selon l'experte, le pronostic tablant sur un chômage à 13% d'ici la fin de l'année "pourrait être tout à fait réel", mais précise que l'essentiel est qu'il durera longtemps. "Nous entrons précisément dans une période de chômage chronique", ajoute-t-elle.

Plus que les autres facteurs, c'est le chômage qui a réduit la demande et les revenus de la population, estime Andreï Korovkine, de l'Institut de prévision économique de l'Académie des sciences de Russie. Selon Rosstat, les revenus monétaires réels ont reculé en avril 2009 de 0,1% en glissement annuel, et ont lâché 1% en janvier-avril 2009.

Le directeur du département d'analyse stratégique de FBK Igor Nikolaïev n'a pas revu ses pronostics en matière de chômage: 11-12%, soit 8,5-9 millions de personnes d'ici la fin de l'année. Selon lui, le facteur le plus alarmant est la réduction du chiffre d'affaires du commerce de détail que Rosstat constate depuis trois mois. Qui plus est, cette baisse ne cesse de s'aggraver. Ainsi, le marché de détail a lâché 5,3% en avril 2009 sur un an (-2,4% en février et -4% en mars).

"Ceci témoigne de la formation d'une tendance à la baisse du commerce, c'est-à-dire de réduction de la demande des consommateurs. Un des facteurs qui a soutenu l'économie russe jusqu'en janvier 2009 s'est donc réduit à néant", indique M. Nikolaïev. "Cela se répercutera sur la dynamique de la production industrielle, notamment de l'industrie de transformation".

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала