Revue de la presse russe du 19 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Bourbier afghan: une première, au tour de l'Occident de faire le sale boulot pour la Russie

En examinant la situation en Afghanistan, il est difficile de ne pas éprouver la sensation d'un piège géopolitique occidental. En huit ans de l'opération otanienne, en fait, américano-britannique, effectuée dans ce pays, aucun des problèmes clés de la feuille de route afghane n'y a été réglé, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Bien plus, la dynamique est négative sur tous les points. L'échec du projet initial de "démocratisation de l'Afghanistan", de même que celui de stabilisation de cette région, est flagrant. Néanmoins, il ne convient pas de se réjouir de la déveine de notre traditionnel "ami juré" (les Etats-Unis), surtout dans le contexte du redémarrage actuel des relations bilatérales.

Aussi lointain que semble aujourd'hui l'Afghanistan, son influence sur la situation politique en Russie reste grande. Premièrement, il s'agit du défi narcotique. Deuxièmement, l'Afghanistan est limitrophe de trois Etats d'Asie centrale faisant partie de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Compte tenu du danger d'extension de l'"incendie afghan" à l'Asie centrale postsoviétique, comme l'avaient montré les événements du Tadjikistan en 1991-1992, on ne peut pas exclure l'apparition d'un puissant front islamique aux frontières de la Russie. Et comme troisième leçon, il est impossible d'abandonner l'Afghanistan à son sort, pour la simple raison que celui-ci n'en donnera pas l'occasion. L'Afghanistan avait atteint la Russie en 1992 à la frontière tadjiko-afghane. La conclusion du Traité de sécurité collective en mai 1992 à Tachkent avait été, pour beaucoup, la réaction à l'"exportation de l'Afghanistan" vers la CEI. Une question nullement rhétorique se pose: l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective), peut-elle devenir aujourd'hui un bouclier réel contre une nouvelle exportation afghane en cas d'échec total des Américains et des Britanniques?

Il faudrait reconnaître qu'en fait, pour la première fois dans notre histoire, l'Occident a décidé d'accomplir un sale boulot pour nous. Jadis, la Russie et l'Union Soviétique s'étaient efforcées d'accomplir "le miracle sur la Marne (1914), ensuite en Europe de l'Est, pour "minimiser" l'échec essuyé sous les Ardennes (1944). A présent, l'Occident est prêt à partager avec nous en Asie centrale le souci d'assurer la sécurité. Qui sait, si l'Otan et les Etats-Unis ne se trouvaient pas en Afghanistan avec leurs projets insensés, n'aurions-nous  pas dû combattre pour assurer la pacification de ce pays toujours explosif?

 Auteur : Sergueï Markedonov, expert à l'Institut d'analyse politique et militaire.

Vremia novosteï

Russie : la Charte de l'énergie ne sera plus un gage d'avenir sûr pour ses intérêts

Le délai de 60 jours depuis l'enregistrement par le gouvernement du Portugal de la notification de la cessation de l'application temporaire du Traité sur la Charte de l'énergie par la Russie expire mardi 20 octobre. En fin de compte, ce geste s'est avéré plutôt politique que pratique : la Russie n'a pas résilié le traité et, en même temps, elle doit respecter ses dispositions pendant 20 ans après la fin du régime d'application temporaire, lit-on lundi dans le quotidien Vremia novosteï.

La Russie sortira officiellement du régime d'application temporaire, mais elle restera formellement un pays signataire du Traité sur la Charte de l'énergie. Jusque-là, il y avait trois Etats concernés par ce régime : la Norvège, l'Australie et l'Islande. A présent, seule la Biélorussie reste un pays à régime d'application temporaire.

La critique acerbe émise par Moscou au sujet du Traité sur la Charte de l'énergie a été provoquée par le conflit gazier de janvier avec l'Ukraine, lorsque les mécanismes de la Charte n'ont pas fonctionné et n'ont pas aidé à prévenir la rupture du transit ou ne serait-ce qu'à punir les coupables. Au printemps, Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine ont reparlé du retrait éventuel de la signature de la Russie au bas du traité. En avril, Moscou a proposé à l'opinion internationale une "Conception d'une nouvelle base juridique de la coopération internationale dans le domaine de l'énergie". Comme il fallait s'y attendre, la réaction qui a suivi a été très réservée. Les Européens ont promis d'étudier les propositions de la Russie, mais ils ont insisté sur l'inadmissibilité de renoncer à la Charte de l'énergie et au Traité sur celle-ci.

"Nous n'avons rien perdu de la cessation de l'application temporaire du traité, mais nous avons actuellement pour objectif de promouvoir nos initiatives visant à perfectionner les rapports énergétiques internationaux. Cependant, jusqu'à présent, nous n'y avons pas beaucoup progressé. Personne n'a besoin de voir la Russie en position de leadership dans ce processus", a indiqué le directeur de l'Institut de l'énergie et des finances Vladimir Feïguine.  Notre pays s'est placé dans une situation où il n'aura pas la possibilité de s'appuyer sur les dispositions de la Charte en vue de défendre ses propres intérêts, a-t-il ajouté.

Andreï Konoplianik qui a longtemps assumé les fonctions de Secrétaire général adjoint du Secrétariat de la Charte estime que la Russie peut et se doit de poursuivre les négociations sur la modernisation du Traité sur la Charte de l'énergie compte tenu des remarques pour le texte en vigueur et de nouvelles initiatives. Mais il n'exclut pas qu'il soit bien plus difficile de le faire maintenant du point de vue purement bureaucratique, alors qu'il est pratiquement impossible de trouver un autre terrain reconnu pour examiner les mécanismes de coopération énergétique multilatérale internationale.

Kommersant, Vedomosti

Russie-Kazakhstan-Biélorussie: plus de formule 3 en 1 pour ce qui est de  l'adhésion à l'OMC

Les plans de juin de Vladimir Poutine d'adhésion des trois pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en qualité d'Union douanière ont été, en fait, annulés. Comme auparavant, la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan prévoient d'adhérer à l'OMC simultanément, mais, si la Russie ou le Kazakhstan réussissent à s'approcher aux négociations de la ligne d'arrivée, ces projets connaîtront probablement le même sort que les déclarations précédentes, lit-on lundi dans les quotidiens Kommersant et Vedomosti.

Expliquant l'abandon des plans antérieurs annoncés par le premier ministre russe, les représentants des trois pays ont souligné qu'en adhérant à l'OMC l'Union douanière tomberait sous le coup de l'article 24 du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) exposant les règles de l'application des accords douaniers et commerciaux régionaux. 17 Unions douanières qui fonctionnent déjà dans le cadre de l'OMC n'ont pas subi l'épreuve de ses dispositions, par conséquent, la nouvelle Union douanière aurait pu figurer aussi sur cette liste. Par ailleurs, selon les conditions de l'OMC, le territoire douanier doit représenter une entité souveraine ayant la direction indépendante de la politique commerciale. Il serait difficile de prouver à l'OMC que l'Union exerce une politique commerciale commune de la Russie, du Kazakhstan et de la Biélorussie, alors qu'elle n'en a même pas encore.

Les trois pays ont informé les partenaires que les négociations séparées seraient menées en s'appuyant sur ce qui avait déjà été fait au cours du processus d'adhésion de la Russie à l'OMC dans le domaine de l'accès au marché des marchandises : ce dont est chargée l'Union douanière. En pratique, cela signifie que la Biélorussie mènera probablement des négociations sur la base des accords de la Russie, alors que le Kazakhstan qui a déjà conclu des accords bilatéraux avec 22 sur 29 pays devra engager des négociations supplémentaires, car une partie de ses accords avec les membres de l'OMC a été acceptée à un niveau plus bas que ceux de la Russie.

Les membres de l'Union douanière qui est encore en voie de création annoncent toujours leur intention d'adhérer l'OMC simultanément. Mais on ne sait pas comment cette simultanéité sera assurée techniquement : apparemment, elle n'est qu'une entente interne et informelle entre Moscou, Astana et Minsk. Si la Russie et le Kazakhstan réussissent à accélérer considérablement "leurs" négociations, ils devront choisir s'il faut adhérer à l'OMC immédiatement ou attendre le pays qui retarde : probablement, la Biélorussie qui n'a pas enregistré depuis 1997 d'importants progrès aux négociations avec l'OMC.

Le principal négociateur russe à l'OMC Maxime Medvedkov reste optimiste : "Je suis presque certain que nous y adhérerons avant même que  je prenne ma retraite, ce qui pourrait advenir dans 8 ans".

Gazeta, Vedomosti

Achkhabad n'admettra plus d'intermédiaires pour l'achat de son gaz

Le Turkménistan a sorti un nouveau joker dans les négociations avec Gazprom. Suite à l'Ukraine, il a décidé de rayer les intermédiaires de ses nouveaux contrats gaziers, lit-on lundi dans les quotidiens Gazeta et Vedomosti.

"Nous avons l'intention de prévoir les conditions où l'acheteur de gaz n'a pas le droit de le réexporter", a déclaré vendredi le vice-premier ministre Baïmourad Khodjamoukhamedov. Ces innovations concerneront avant tout la Chine et l'Iran, fait remarquer le fonctionnaire turkmène. Selon lui, avant la fin de cette année, deux nouveaux gazoducs fonctionneront sur ces itinéraires.

En ce moment, Gazprom est un acheteur exclusif de gaz turkmène (son contrat prévoit l'achat d'environ 50 milliards de m3 par an avec la possibilité de porter ce chiffre à 70-80 milliards de m3).

"L'interdiction de la réexportation annoncée par le Turkménistan pourrait affecter, semble-t-il, les contrats conclus entre Gazprom et l'Ukraine", indique l'analyste de la société d'investissement Solid Denis Borissov. En effet, de jure, l'Ukraine est considérée comme le consommateur final de la majeure partie du combustible acheté au Turkménistan. 42 milliards de m3 de gaz sont revendus à Kiev, les autres volumes (8 à 10 milliards de m3) sont exportés vers les pays d'Europe de l'Est. Cependant, tout le gaz centrasiatique est utilisé, en fait, dans le Sud de la Russie, il est consommé pour assurer le fonctionnement des stations de compression, fait remarquer Denis Borissov. Le combustible provenant de la région de la Caspienne se distingue par une haute teneur en additions sulfureuses, c'est pourquoi son transport par les tubes à haute pression à destination de l'Europe n'est pas pratiqué. "Par conséquent, l'introduction par Achkhabad (capitale du Turkménistan) de l'interdiction de la réexportation de gaz n'influera nullement sur l'état réel de choses", estime Denis Borissov.

Mais l'initiative du Turkménistan peut se répercuter négativement sur la comptabilité de Gazprom, estime Dmitri Lioutiaguine de la société d'investissement Veles Kapital. Juridiquement, ce combustible passe par le territoire du pays en tant que transit international et il est exempté de taxe douanière. Mais, en exportant le gaz russe, Gazprom doit verser au budget 30% du coût du combustible, explique l'expert.

Pour le Turkménistan, c'est une excellente position aux négociations, estime le directeur d'East Eropean Gas Analysis Mikhaïl Kortchemkine. Ce pays veut obtenir, au maximum, le droit au transit par le territoire de la Russie directement vers l'Europe et, au minimum, vendre du gaz à un prix élevé à Gazprom. Il est peu probable que ce transit soit autorisé par la Russie, par contre, Gazprom peut accepter la deuxième variante, fait-il observer.

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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