Revue de la presse russe du 30 décembre

© Flickr / by pedrosimoes7Revue de la presse russe
Revue de la presse russe - Sputnik Afrique
S'abonner
Moscou cède ses positions dans l'espace de l'ex-URSS/ Équipes Medvedev et Poutine : les chances d'une opposition plus ouverte augmentent / L'économie russe a traversé la crise, mais n'en a pas tiré de leçon / Russie : la réforme militaire revêt un caractère irréversible

Gazeta.ru
Moscou cède ses positions dans l'espace de l'ex-URSS


En 2009, la Russie a, pour la première fois, essayé de réanimer le processus d'intégration dans l'espace postsoviétique mais en s'appuyant sur des organisations parallèles à la CEI (Communauté des États indépendants), et non pas sur la communauté-même, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.
"Moscou a préféré s'occuper de l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) pour transformer ce "club virtuel des amis de la Russie" en une institution militaire et politique réelle", rappelle Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue "Rossiïa v globalnoï politike" (La Russie dans la politique globale). C'est pour cela qu'on a signé, en juin, à Moscou, un accord sur la création de la Force collective de déploiement rapide (FCDR) qui devrait comprendre des unités d'élite antiterroristes d’Arménie,  de Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de Russie, du Tadjikistan et d’Ouzbékistan.
Les perspectives de cette organisation sont loin d'être brillantes, estiment les experts. "La FCDR ne constitue pas un projet stratégique, mais un instrument qui pourrait renforcer les positions russes en Asie centrale, si les partenaires de Moscou respectaient les règles du jeu", souligne Alexeï Vlassov, directeur du centre d'étude de la CEI auprès de l'Université d'Etat de Moscou. Ainsi, la Biélorussie et l'Ouzbékistan n'ont visiblement pas eu l'envie de signer le texte et si Moscou est finalement arrivé à persuader Minsk, c'est au prix d’efforts considérables.
Pour le moment il est tout simplement prématuré de parler d'un soutien militaire réel de la part des pays-membres de la FCDR. Ils n'arriveront au secours que dans le cas où "les Etats-Unis ratent leurs opérations en Afghanistan et le fondamentalisme islamiste traverse le Piandj", indique Alexandre Konovalov, président de l'Institut des évaluations stratégiques.
L'avenir de l'intégration économique est, selon les experts, aussi vague que les perspectives  de l'alliance militaire dans l'espace de la CEI.
L'Union douanière de la Biélorussie, du Kazakhstan et de la Russie représente "le minimum nécessaire pour la future structure d'intégration dans l'espace postsoviétique", fait remarquer M. Loukianov. Les documents constitutifs étant déjà signés, on ne peut pas pourtant affirmer que l'union soit pour l’instant fonctionnelle, soulignent les analystes. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko "pourrait à tout moment faire marche arrière", affirme Fedor Loukianov. "Les élites de la CEI cachent derrière leur rhétorique multivectorielle une véritable politique double: une concession à la Russie est toujours suivie d'une concession aux Etats-Unis ou à d'autres acteurs principaux", ajoute M. Vlassov.
L'absence de l'Ukraine dans ces processus d'intégration est également remarquable. "L'Ukraine a décidé de dériver vers l'Occident", estime Alexeï Malachenko du Centre Carnegie de Moscou. Moscou s'est apparemment résigné au fait que Kiev s'orienterait de plus en plus vers l'Union européenne, et ce indépendamment des résultats de la future élection présidentielle.
Bref, la Russie ne possède toujours aucune stratégie pour l'espace postsoviétique, où les partenaires sont célèbres par leur aptitude à changer radicalement de positions. "Le format de l'espace postsoviétique est en train de changer, et ce n'est pas la Russie, les Etats-Unis ou l'Union Européenne, mais la Chine, qui gère de plus en plus ce processus", conclut Alexeï Vlassov.

  Vedomosti, Gazeta.ru

 Équipes Medvedev et Poutine : les chances d'une opposition plus ouverte augmentent

   En 2009 aussi bien le président Dmitri Medvedev que le premier ministre Vladimir Poutine ont conçu des projets pour 2012. Les deux leaders sont loyaux l'un envers l'autre, mais les divergences entre leurs équipes deviennent de plus en plus apparentes, lit-on mercredi dans les quotidiens Vedomosti et Gazeta.ru.
   A l'automne, les deux membres du tandem au pouvoir ont annoncé leur possible participation aux présidentielles de 2012. En une seule fois – le jour d’une "ligne directe" de Poutine – ces déclarations ont été faites avec exactement une heure de décalage.
   «Les primaires ont commencé», estime Mikhaïl Afanassiev, directeur des stratégies et analyse du Centre de consultation politique «Niccolo M». «Il est peu probable qu’il s’agisse d’une concurrence réelle. Il existe des arrangements, la décision sur 2012 sera prise par Poutine», lui réplique le politologue allemand Alexander Rar. «La campagne électorale pour la Douma (chambre basse du parlement russe) commencera début 2011, et d’ici là, on connaîtra le candidat aux présidentielles, dit Gleb Pavlovsky qui dirige la Fondation pour une politique efficace. - Si l'un des deux entamait sa campagne électorale dès aujourd'hui, cela mettrait en péril le tandem».
   En tant qu’alliance politique, sous sa forme actuelle, le tandem ne peut exister que jusqu'à la fin de l’an prochain, après quoi Medvedev et Poutine devront bien fixer leurs plans, pronostique Pavlovsky.
   Sociologiquement, la compétition à l'intérieur du tandem n'est presque pas visible. Selon Valeri Fedorov, directeur du VTsIОМ (le Centre russe d'étude de l'opinion publique), au cours de l’année sortante les fluctuations des cotes de popularité du président et du premier ministre se sont produites symétriquement : «Ils sont perçus comme des membres d'une même équipe, c'est pourquoi le mécanisme lorsque la montée de la popularité de l'un se passe au détriment de l'autre, n’est pas  de mise». L'expert du "Levada-centre", Alexeï Grajdankine, lui, fait remarquer: «Cette année les indices de popularité de Poutine, tout comme en 2008, sont plus hauts que pour Medvedev, mais ce dernier a réussi à réduire l’écart, bien que de façon peu considérable».
   En 2009 les discussions entre les équipes du président et du premier ministre ont pour la première fois été percées au grand jour. Les projets de loi indésirables pour l’une des parties étaient reconsidérés, tout en s’abstenant de changements dans la composition personnelle des équipes. Ce faisant, le système à de «deux clés» qui s’était formé au cours de la première année du tandem, a été maintenu : toutes les questions de principe – celles des nominations et démissions, ainsi que  celles concernant les domaines économique et politique – étaient réglées par la voie d'approbation double – par Poutine et par Medvedev.
Les hommes politiques et les fonctionnaires interrogés reconnaissent: les désaccords qui apparaissent ne sont pas des contradictions entre les premières personnes elles-mêmes, mais un conflit entre leurs entourages, entre des fonctionnaires concrets qui défendent leurs propres intérêts.
   Le système où les pouvoirs décisionnels sont détenus par deux personnes à la fois prédispose à l’augmentation de ce genre de conflits, assure-t-on des sources au gouvernement et à la Douma. L'approche des élections de 2012 où Poutine et Medvedev, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, devront "s'accorder", accroît la probabilité d’une opposition plus ouverte entre les deux équipes.

L’édition russe du Newsweek
L'économie russe a traversé la crise, mais n'en a pas tiré de leçon

 Donner de l'argent et rassurer les gens est une technique anticrise idéale, estime-t-on dans le gouvernement. En 2009 elle a été lancée en chaîne, lit-on mercredi dans l’édition russe du Newsweek.
   Le mois de janvier de l'année dernière aurait pu devenir un moment de vérité. D’après des récits de témoins, même le premier adjoint au chef de l'administration présidentielle, Vladislav Sourkov, d'habitude imperturbable, n'excluait pas que l'affaire s'achève dans un bain de sang. «Les fonctionnaires avaient alors vraiment peur : on entrevoyait facilement un horizon où il n’y aurait plus d'argent. Il fallait bien faire quelque chose», se souvient Oleg Bouklemichev, ex-adjoint du chef dans l'appareil du gouvernement russe. Le système politique russe ne contient pas d'option de remplacement des républicains par les démocrates, ou d’une coalition gouvernementale prenant la relève de l’autre, il restait donc à retenir la situation dans ses bords.
   La gestion de l'économie est alors vite passée en régime de commande manuelle. Le gouvernement cherchait des clients pour des entreprises en difficulté et lui-même réglait les conflits corporatifs. L'équipe des négociateurs était présidée par Poutine. Medvedev restait en retrait. A première vue, il faisait la même chose que le premier ministre: rencontre avec des gouverneurs, conférences, visite en régions. Mais c’est presque toujours par Poutine que les gens apprenaient les décisions concrètes et les nouvelles au sujet de l’argent alloué.
   On a été sauvés du collapsus social autant qu’économique, par la reprise graduelle sur les  marchés mondiaux. Le pétrole, les métaux et le charbon sont revenus à un niveau acceptable pour les exportateurs russes. L’une de causes principales de la crise, la dépendance vis-à-vis du commerce en matières premières, nous aide maintenant. «On ne peut pas dire que la Russie n'ait pas mérité cette croissance. Ainsi est l'économie mondiale, et nous en faisons partie», -  estime Oleg Viouguine, président du conseil des directeurs de MDM-bank.
   Finalement, le gouvernement a tenu jusqu'au moment où des secours extérieurs sont arrivés. A présent il semble aux fonctionnaires que les temps anciens reviennent. «Le prix du pétrole a doublé, et de nouveau on peut tout se permettre, la peur a disparu», - dit Bouklemichev. «A la fin de l'année le mot «crise» ne s’entend presque plus aux conférences qui ont lieu dans la maison blanche (un bâtiment gouvernemental russe),  raconte un des participants aux réunions en question. – L’orientation est la suivante : pour l'essentiel, tout est terminé, il y a certes «des séquelles», mais nous en viendrons à bout».
   Malgré toutes les dissertations au sujet de la modernisation, le désir réel de changement est absent. L’objectif principal est de faire en sorte que dès l'année suivante, les gens sentent une amélioration de la vie. Tout se fait en prévision des élections-2012,  c'est pourquoi les initiatives impopulaires sont rejetées d’emblée.
   «Poutine a fait son choix entre les deux stratégies : pour le moment,  toute cette modernisation, on n’en a pas besoin. Ce qu’il faut c’est assurer la stabilité sociale», dit une source proche du gouvernement résumant la philosophie actuelle du pouvoir. Le but est atteint et trop facilement même. La Russie sort de la crise avec une dépendance encore plus forte à l'exportation, cela arrange presque tout le monde. Les fonctionnaires partent en vacances d’une humeur beaucoup plus gaie que l’an dernier.

Vedomosti
Russie : la réforme militaire revêt un caractère irréversible
 Les modifications déjà engagées dans l'armée russe, ont rendu irréversible la réforme, malgré le mécontentement apparent des militaires, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Les plans de transformation de l'armée que le ministère de la Défense avait annoncés en 2008, ont commencé à se réaliser en 2009.
Cette année, on a supprimé plus de 1.500 unités comprenant plusieurs soldats et officiers dont le seul objectif était de garder le matériel stationné. Les 80 brigades restantes de l'armée de terre sont équipées de matériel et de personnel conformément aux nouveaux standards. Le ministère a supprimé des divisions et des armées. Des brigades crées à la place des anciennes divisions font désormais partie de plusieurs dizaines de commandements opérationnels. Les régiments aériens ont été remplacés par des bases dans lesquelles on concentre des avions en bon état. Cette transformation de l'armée prévoit également l'élimination de 2.000 avions et de 15.000 chars.
La réforme a entrainé la suppression de 50.000 postes d’officiers (encore 150.000 d'ici 2012). Ce licenciement concerne tout d'abord des lieutenants-colonels et les colonels dont le nombré avait presque dépassé celui des lieutenants, et qui n'avaient pas assez de subordonnées directes. La structure du personnel officier sera donc plus régulier. Le ministère a également lancé une formation de sergents professionnels.   
Autrement dit, les réformateurs ont accompli la première étape de leur plan : la destruction de l'armée de type soviétique. Il ne reste donc plus qu’à construire une armée nouvelle.
Cette réforme devrait créer en Russie, d'ici 2016, une armée équivalente à la plupart des armées occidentales, dont les réserves sont toujours moindres (la nouvelle armée russe comprendra 1 million de personnes en temps de paix et 1,7 million en temps de guerre). Le rééquipement de l'armée devrait s'achever d'ici 2020. Ainsi, elle ne sera pas destinée à repousser des armées de l'OTAN ou de la Chine qui ont elles-aussi réduit leur personnel, mais à opérer en premier lieu dans l'espace postsoviétique.
Le revers de la médaille est un mécontentement massif entre autre dû au fait d’avoir dissimulé le rapide licenciement des officiers rappelant le début des années 1990. On a même proposé aux officiers d'assumer les fonctions correspondantes à des anciennes enseignes (ce grade militaire n'existe plus). Les réformateurs promettent d'accorder à tous les licenciés des appartements et des indemnités voire de les aider à trouver un nouvel emploi. En réalité les gens se heurtent souvent à des violations de leurs droits. En tout cas, la réforme a déjà revêtu un caractère irréversible : les faibles tentatives de résistance de la part des généraux et de la Douma ont visiblement échoué. 

  
Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала