Revue de la presse russe du 20 janvier

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Moscou renonce à la force dans le Nord-Caucase / L'Ukraine n'a pas su profiter de la «révolution orange» / La prochaine hausse brutale des prix du pétrole : attention à la spéculation! / La Russie pourrait répondre au lobby du "poulet" américain

Gazeta.Ru, Vedomosti, Gazeta, Kommersant.
Moscou renonce à la force dans le Nord-Caucase

Dmitri Medvedev prend ses distances vis-à-vis des problèmes du Caucase: Alexandre Khloponine, 44 ans, s’est vu confier un poste unique en son genre dans la verticale présidentielle et au gouvernement: désormais c’est lui qui sera responsable de tous les revers fédéraux dans le Caucase du Nord, lit-on mercredi dans les quotidiens Gazeta.Ru, Vedomosti, Gazeta et Kommersant.

Dmitri Medvedev a en effet annoncé hier l'institution d’une huitième Région fédérale, celle du Caucase du Nord, où le représentant plénipotentiaire du président sera Alexandre Khloponine qui a déjà assumé les fonctions de directeur général et de président du conseil d'administration de la société Norilsk Nickel, de gouverneur du district autonome de Taïmyr et du territoire de Krasnoïarsk. Il sera aussi parallèlement vice-président du gouvernement chargé du Nord-Caucase. En tant que vice-premier ministre, Alexandre Khloponine sera investi de pouvoirs économiques et, en sa qualité de représentant plénipotentiaire, de pouvoirs en matière de nominations et de coopération avec les forces de l’ordre, a indiqué hier Dmitri Medvedev en expliquant cette situation unique en son genre.

« Dans le domaine économique, Alexandre Khloponine sera subordonné au gouvernement, et dans le domaine politique, au président », a expliqué le Kremlin au quotidien Gazeta.Ru. On peut considérer qu'Alexandre Khloponine fait partie de l’entourage de Dmitri Medvedev, mais, selon un proche de l'ex-gouverneur du territoire de Krasnoïarsk, sa nomination a certainement été validée par Vladimir Poutine.

Ces fonctions complexes s'expliquent par l'existence du tandem qui est au sommet du pouvoir, précise le politologue Alexeï Makarkine. Alexandre Khloponine rendra compte de son activité aux deux dirigeants et il bénéficiera du soutien du président et du premier ministre. La double subordination est due au fait que, dans ses nouvelles fonctions, le représentant plénipotentiaire devra faire concorder plus étroitement les questions de politique économique et de sécurité, précise le directeur de l'Institut de politique régionale Boulat Stoliarov.

La nomination de Khloponine a suscité un certain étonnement, relève un fonctionnaire du gouvernement. « On supposait que la région du Caucase du Nord serait dirigée par un militaire, a déclaré au quotidien Gazeta un haut fonctionnaire du cabinet des ministres ayant combattu en Tchétchénie. Parmi les candidatures figuraient les noms d'éminents généraux comme, entre autres, celui de Vladimir Chamanov, le commandant des troupes aéroportées. Cependant, un scandale éclaté dans la presse autour de son nom avait contraint le Kremlin à revenir sur sa décision ».

Cette nouvelle nomination peut être interprétée comme un signe de la volonté de Moscou d’abandonner sa politique de recours à la force dans le Caucase, estime un fonctionnaire du gouvernement. La nomination d'un tel chef dans le Caucase diminue les risques d’altérer l'image de Poutine et de Medvedev, estime le politologue Evgueni Mintchenko : si la situation ne s'améliore pas dans la région, c’est Khloponine, investi de la plénitude du pouvoir par le tandem, qui sera responsable, et s'il s'acquitte de sa mission, les deux seront gagnants.

Dans le Nord-Caucase, tous ne manifestent pas le même optimisme à propos de la nomination d'Alexandre Khloponine. « Cela ne changera rien, estime Magomed Khazbiev, le leader de l'opposition en Ingouchie. La casquette reste la même, c’est juste la tête qui est en-dessous qui change ». Un haut fonctionnaire du Daghestan déclare, quant à lui, au quotidien Kommersant : « Pour nos régions déjà agitées c’est un souci de plus. A présent, certains clans vont commencer à vouloir montrer à Khloponine la puissance de leurs armes ».

Vedomosti
L'Ukraine n'a pas su profiter de la « révolution orange »

 La fin peu glorieuse de la carrière présidentielle de Victor Iouchtchenko rappelle aux politiciens que leur profession exige non seulement d’être bon dans la course au populisme, mais aussi de faire preuve de responsabilité, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

L'échec du concept même d’une politique responsable est, probablement, le principal bilan à tirer de sa présidence.

 Il y a encore cinq ans, rien n’aurait présagé d’un tel résultat. A l’époque, Iouchtchenko s’était illustré comme directeur de la Banque nationale et comme chef de gouvernement réformateur. Mais les années passant, on ne peut que constater avec amertume que l'Ukraine a totalement raté les chances offertes par la « révolution orange » pour mener des réformes institutionnelles indispensables.

 Si, en 2004, dans le classement de corruption supposée donné par Transparency International, l'Ukraine s’était rangée au 122ème rang, elle est à l’heure actuelle au 146ème. Dans le classement de compétitivité globale émis par le Forum économique mondial, elle est passée seulement de la 86ème à la 82ème place. Et pour la qualité de ses institutions publiques elle a chuté de la 97ème position (sur 104) à la 120ème (sur 133). Dans le classement Doing Business publié par la Banque mondiale, le pays a reculé de la 124ème position à la 142ème. Même la nouvelle loi sur les sociétés anonymes, appelée à remplacer celle de 1991, n’a pu être adoptée qu’en automne 2008 et ce au prix de gros efforts.

 On serait tenté d’imputer les échecs de Iouchtchenko aux intrigues de ses concurrents politiques. Mais c’est qu’il n'a même pas essayé d'imposer à l'Ukraine un programme de réformes un tant soit peu raisonnable, ni une équipe de réformateurs. Pourtant, de tels atouts en main lui auraient donné un avantage incontestable sur Ianoukovitch et Timochenko.

 Difficile de surestimer la signification de l'expérience « orange » en Ukraine en matière de progrès démocratique pour l’ensemble de l'espace postsoviétique. Or, ces années ont été marquées par un gaspillage éhonté et la leçon à tirer est que pour construire une démocratie qui fonctionne, il ne suffit pas d'avoir des élections libres. Il faut aussi disposer d’une classe politique responsable, dévouée à la cause des réformes. Au début des années 1990, en quelques courtes années de gouvernement, Lech Walesa et le Forum démocratique hongrois avaient réussi à opérer des réformes qui ont su changer la Pologne et la Hongrie de façon irréversible, bien qu’ils aient ensuite perdu face aux anciens communistes Aleksander Kwasniewski et Gyula Horn. Iouchtchenko, lui, a tenté de camoufler son absence de programme stratégique par du national-populisme et des soupirs d’émotion autour de symboles nationaux inventés à la hâte, alors que des réformes réussies auraient constitué un bien meilleur monument en son honneur que tous les décrets sur le holodomor et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne réunis.

 Après l’humiliante défaite de Iouchtchenko, le second tour des élections en Ukraine a dégénéré en compétition entre populistes préoccupés par leurs seules ambitions personnelles et lobbyistes des deux camps de la revanche bureaucratique tout aussi indifférents à la démocratie en Ukraine que ne l’ont été en Russie après la victoire de Poutine ses anciens opposants qui s’étaient entendus sur un partage bureaucratique du pouvoir et ont finalement adhéré au parti "Russie unie".

Vladimir Milov, homme politique russe, ancien vice-ministre de l’Energie

Gazeta.Ru, Izvestia, Nezavissimaïa gazeta
La prochaine hausse brutale des prix du pétrole : attention à la spéculation !

Un déficit de pétrole est déjà attendu pour l'automne prochain et les prix devraient monter, préviennent les analystes de la banque Goldman Sachs, lit-on mercredi dans les quotidiens Gazeta.Ru, Izvestia et Nezavissimaïa gazeta.

Mais les experts russes estiment que ces prévisions sont le fruit d’une nouvelle spéculation des institutions financières et que cela pourrait finir très mal, comme en 2008.

Selon Goldman Sachs, à partir du troisième trimestre de 2010, le marché mondial éprouvera un manque de pétrole résultant d'une diminution de l'offre  et d’un accroissement de la demande, conjonction qui s'explique, à son tour, par la sortie de crise progressive dans le monde. La banque prévoit qu'en 2010 le prix du pétrole sera de 90 dollars le baril et de déjà 110 dollars en 2011.

Les attentes de l'Union des producteurs de pétrole et de gaz de Russie au sujet de la hausse des prix du pétrole pour cette année sont plus modestes que celles de Goldman Sachs. « Si la moyenne annuelle est de 75 dollars le baril, ce ne sera déjà pas mal », estime le président de l'Union, Guennadi Chmal.

D'après les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie, la demande de pétrole devrait effectivement augmenter cette année, mais de façon insignifiante, soit de 1,44 million de barils par jour seulement, à 86,3 millions de barils, c'est-à-dire de 1,7% seulement. Richard Jones, chef adjoint de l'AIE, estime que les prix mondiaux du pétrole resteront cette année stables et qu'il ne devrait pas y avoir de fluctuations significatives. Le ministre de l'Energie du Qatar, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, a également déclaré ces jours-ci que l'OPEP n'augmenterait pas le volume d'extraction, les marchés étant saturés.

Valeri Nesterov, analyste chez Troïka Dialog, fait remarquer que les experts craignent ordinairement de faire des pronostics plus ou moins concrets sur les prix du pétrole. « Ce n’est apparemment pas le cas de Goldman Sachs, note l'expert. Le prix du pétrole n'est pas tout à fait une catégorie du marché dans le sens classique du terme, il est impossible à prédire exactement. On ne peut parler que de tendances, néanmoins, nos points de vue sur les perspectives d’évolution des prix en 2010 sont bien tranquilles ». A l’heure actuelle, rien ne permet de prévoir réellement une hausse des prix du pétrole, admet Vitali Krioukov, analyste chez le groupe Capital. « Compte tenu du niveau actuel des marges dans le secteur de la transformation, de l'approvisionnement des raffineries, des réserves de pétrole et de produits pétroliers, ainsi que de la demande de combustible dans le monde, les prix du pétrole n'ont pas de raison sérieuse de monter, souligne l'expert. Je ne pense pas que les indices cités ci-dessus puissent connaître une amélioration cette année dans la mesure où nous continuons à recevoir peu de données sur le marché du pétrole, même malgré un accroissement saisonnier de la demande ».

Selon Vitali Krioukov, les prévisions concernant une forte hausse des prix rappellent le jeu spéculatif mené par les institutions financières en 2008 qui entraîna d'abord une montée en flèche du prix du baril, et ensuite, sa chute vertigineuse puisqu’à la fin de 2008, le pétrole coûtait 30 dollars environ.

Nezavissimaïa Gazeta.
La Russie pourrait répondre au lobby du "poulet" américain

   «L'empire du mal» - l’URSS - n'existe plus depuis 1991. Pourtant, pour l’une de ses anciennes parties qu’est la Fédération de Russie où il n'y a aucune restriction pour le départ de ses citoyens à l’étranger, l’amendement Jackson-Vanik, inutile et suranné, est toujours en vigueur et envenime les relations américano-russes, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa Gazeta.

   Aujourd’hui, au plus fort de la nouvelle "guerre du poulet" entre la Russie et les États-Unis, Moscou pourrait réussir à persuader Washington d’annuler enfin cette loi discriminatoire imposant des restrictions aux échanges commerciaux avec la Russie.

   Les administrations Clinton et Bush-junior avaient déjà tenté, sans succès, de surmonter la résistance du Congrès qui a le droit, mais, se refuse, à supprimer l’amendement Jackson-Vanik.
Aussi risible que cela puisse paraître, l’un des arguments majeurs qu’avance le Congrès pour justifier sa position, ce sont les innocents poulets américains baptisés «cuisses Bush», du nom de l’ancien président américain.

   Le fameux « chicken lobby » (ou, encore, «le Grand Poulet») a bien pu intervenir dans la politique et persuader le Congrès de suspendre l’abrogation de l’amendement en question, pour ce qui concerne la Russie, tant celle-ci n'aura accepté d'acheter des volumes énormes de cuisses de poulet.

   L’ex-Secrétaire d'État américain, le général Colin Powell, a fait remarquer que les tensions dans les relations avec la Russie ne tiennent pas tellement aux négociations sur le désarmement, mais surtout aux exportations de poulet. «Les vols des fusées m’inquiètent moins que les vols des poulets» - voici la traduction mot-à-mot des propos de Powell.

Joe Biden (avant son élection au poste de vice-président, il représentait au Sénat l'État du Delaware qui produit beaucoup de poulet industriel), lui aussi, s'était exprimé sur le lien entre la suppression de l’amendement Jackson-Vanik et les achats du poulet américain par la Russie.
Et vous parlez de démocratie, de liberté de circulation, de redémarrage des relations…

   Depuis le 1er janvier la Russie a introduit des restrictions sur l'importation de la viande de poulet traitée au chlore, et aussitôt le ministre de l'agriculture des Etats-Unis, en personne, vient à Moscou pour persuader la Russie d’annuler cette décision déraisonnable, tout en faisant clairement allusion à une aggravation possible des relations bilatérales en cas de refus.
Vladimir Poutine, à son tour, fait sévèrement remarqué que la Russie a aussi d'autres fournisseurs en perspective.

   Bref, la question tourne en rond, et la suppression de l’amendement Jackson-Vanik n’aura visiblement lieu que si la Russie n'essaie pas de jouer au poker avec «le Grand Poulet».
On peut se demander pourquoi la Russie n'a pas encore repris l'initiative et utilisé ce jeu à ses propres fins. Pourquoi ne pas dire : «D’abord vous supprimer l’amendement Jackson-Vanik, et ensuite on négocie la question du poulet» ?

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

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