Poutine transmet à Medvedev une autre Russie Unie

© RIA Novosti . Yekaterina Chtukina / Accéder à la base multimédiaVladimir Poutine et Dmitri Medvedev
Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev  - Sputnik Afrique
S'abonner
En proposant mardi d'approuver lors du prochain congrès de Russie Unie Dmitri Medvedev au poste de président du parti, Vladimir Poutine a rempli une partie des engagements pris pendant le congrès précédent, en septembre 2011 – l'échange des places entre Medvedev et lui-même doit être total.

En proposant mardi d'approuver lors du prochain congrès de Russie Unie Dmitri Medvedev au poste de président du parti, Vladimir Poutine a rempli une partie des engagements pris pendant le congrès précédent, en septembre 2011 – l'échange des places entre Medvedev et lui-même doit être total. Le numéro un assume la présidence du pays, et le numéro deux remplit les fonctions de leader du parti au pouvoir et de premier ministre.

Mais Poutine transmet tout de même à Medvedev un parti différent de celui qu'il dirigeait jusqu'en décembre 2011. Les élections législatives de décembre 2011 ont porté un coup au mythe de l'invincibilité électorale de Russie Unie.

Le parti du président en Russie, selon une tradition datant de Boris Eltsine et plongeant ses racines dans le passé, doit être au-dessus des grandes luttes. Qui plus est, il doit être au-dessus de la discussion normale avec les opposants. Toutefois, on respecte une règle intéressante: cette puissante machine politique, tel le carrosse de Cendrillon, pourrait disparaître dès le moindre signe de mécontentement de la part du client principal – chef du pouvoir exécutif. Et le parti au pouvoir dans une Russie postsoviétique n'est jamais à l'abri de ce mécontentement. C'est ce qui le distingue du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS).

A son époque, Vladimir Poutine allait avec beaucoup de réticence et très lentement à "l'accostage" avec Russie Unie, en préférant la position du "président de tous les Russes", héritée de Boris Eltsine. L'alliance s'est définitivement formée seulement en 2007, lorsqu'il est devenu clair que Poutine ne se représenterait pas en 2008 à l'élection présidentielle pour la troisième fois et qu'il avait besoin d'un instrument politique formellement séparé du pouvoir exécutif sous la forme d'un parti.

Avant cela, dans la première moitié des années 2000, Poutine avait laissé entendre à plusieurs reprises que Russie Unie n'était pas pour lui le centre de l'Univers. Si le parti obtenait un mauvais résultat aux législatives et perdait la confiance des électeurs, il pourrait être remplacé – tel était le message du président de l'époque Vladimir Poutine.

Il y a eu des précédents: qui se souvient aujourd'hui du parti au pouvoir des années 1990 Notre maison la Russie? Or à l'époque c'était une structure très puissante. Il a échoué et a disparu: l'élite a rejoint les partis La Patrie – Toute la Russie et Unité, afin de fusionner ensuite une nouvelle fois pour former Russie Unie. En paraphrasant un homme politique britannique, on peut dire que l'élite russe n'a pas de parti permanent, ni même de convictions fixes. Elle n'a que des intérêts politiques permanents, dont le principal est de garder le pouvoir.

Il n'y a donc rien de nouveau dans le ton légèrement distant à l'égard de Russie Unie choisi par Poutine mardi.

"Il est nécessaire d'améliorer la viabilité et la compétitivité politique de Russie Unie si le parti a l'intention de continuer à lutter pour le leadership. Je pense que tout parti doit adopter un tel comportement, il doit montrer aux citoyens et aux électeurs que les voies de développement du pays, de l'économie et de la sphère sociale qu'il propose sont optimales pour la période actuelle et pour ce pays", a déclaré Poutine. Notez les expressions "s'il a l'intention" et "tout parti". En règle générale, le parti au pouvoir en Russie doit "toujours" avoir l'intention et sans aucun "si". Et il ne peut pas être quelconque, il doit être grand est probablement unique.

Poutine se distancie de Russie Unie. Qui va le remplacer?
Alexeï Moukhine, directeur général du Centre d'information politique, estime que le discours de Dmitri Medvedev prononcé mardi pendant la réunion du Conseil d'Etat est un discours de futur premier ministre. Un discours de premier ministre avec des convictions clairement libérales et de centre-droit.

Toutes les solutions proposées par Medvedev pour régler les problèmes du pays s'inscrivent dans ce paradigme. Les compagnies nationales doivent être privatisées et renoncer aux actifs connexes pour ne pas constituer un poids mort pour le budget. La Russie doit passer de la 120e place mondiale en termes de confort pour les entreprises à la 40e, puis à la 20e place. Les gens ne doivent pas recevoir de l'Etat, mais acheter les logements, il faut seulement les aider en augmentant le nombre d'acheteurs potentiels jusqu'à un tiers de la population. Tout semble avoir été tiré des derniers concepts du Haut collège d'économie.

Comme le montre l'expérience, l'élite politique russe peut rapidement s'adapter aussi bien aux convictions de droite que de gauche du gouvernement. Elle ne pardonne pas deux choses. Premièrement, la faiblesse du leader, car une telle faiblesse signifie une menace non seulement pour son pouvoir personnel, mais pour le pouvoir de l'élite en général. Deuxièmement, les expériences irrationnelles. L'élite ne s'attaque pas ouvertement à ce genre d'expériences lors des congrès et des conférences. Elle les sabote en silence. L'objectif consiste à réduire de telles expériences à l'absurde et de cette manière discréditer leur instigateur.

Ainsi, à l'avenir le premier ministre russe Medvedev devra ouvrir l'œil et ne pas se fier aux signes extérieurs de loyauté ainsi qu'aux déclarations victorieuses. Les réformes de l'année dernière de l'éducation et de la santé, qui avaient extérieurement un aspect libéral, sont déjà devenues une arme puissante de discréditation du gouvernement. Il est à noter que les sondages du Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) ont enregistré le point culminant des sentiments de protestation non pas en décembre 2011 pendant les manifestations, mais en mars 2011, en pleine réforme de l'éducation et de la santé.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала