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Imagine tu descend chercher du pain et tu vois Vladimir Poutine passer en ours sans pression pic.twitter.com/sUnUMSXGup
— FREEZÎNG (@AyoubSebagh) 19 октября 2015
Une métaphore qui frôle la réalité, signée Ronn Torossian, directeur de 5WPR, une des plus importantes agences de relations publique américaines. Dans son article paru sur le site web de l'Observer, il analyse les outils de communication internationale des deux pays, et finit par décerner la palme aux russes.
Forbes nomme Poutine pour la troisième fois de suite l'homme le plus influant du monde, RT est la deuxième chaine étrangère la plus regardée aux Etats-Unis après Al Jazeera… François-Bernard Huyghe, analyste de l'impact de l'information mondialisée sur les relations internationales, estime que Ronn Torossian arrive à une conclusion légitime:"Je crois que c'est d'abord un article à usage interne, et qui fait suite à toute une série d'intervention de textes produits par des think tanks américains et dont le thème général est à peu près le suivant: la propagande russe est horriblement efficace, nous sommes en train de perdre la guerre de l'information, il faut donc les interdire là où on peut, et renforcer nos propres moyens de ce que les Américains appellent la " public diplomacy", la diplomatie publique, c'est à dire l'usage des médias, les vieux médias comme les radios/ télévisions, ou les nouveaux médias sociaux, pour porter, à travers tout le monde, un message pro occidental".
Ronn Torossian revient sur la proposition de David Kramer, représentant de L'Institut McCain pour le Leadership international, de saisir la propriété de RT aux Etats Unis, remboursant ainsi une partie des 52 milliards de dollars réclamés au gouvernement russe suite à l'affaire Youkos. Dans un article paru dans le Washington Post, monsieur Kramer confond RT et Rossiya Segodnia, agence internationale de presse de Russie qui n'a aucun lien avec RT, et ignore le fait que RT n'est pas une chaine financée par l'Etat et que la saisie de ses biens serait donc illégale.Dans l'article, Ronn Torossian constate avec tristesse que les américains essayent de réduire au silence leur adversaire en usant de préjugés, tout en confondant des faits cruciaux. Il mentionne l'article dans le Washington Post de Margarita Simonian, la chef de RT, en réponse à David Kramer. Mme Simonian précise que même si RT reçoit un financement public, elle n'appartient pas pour autant à l'Etat. La chef de la chaine ajoute avec ironie qu'elle peut comprendre que tous les moyens soient bons quand il s'agit de faire taire une voix différente, comme celle de RT ou de punir les Russes.
François-Bernard Huyghe voit une hypocrisie dans le comportement de Washington:"Les Etats Unis ont toujours eu au moins depuis la seconde guerre mondiale, une tradition de ce qu'ils ont appelé la "démocratie publique", ou "le soft power", c'est à dire l'idée de convertir le reste de la planète à leurs valeurs qu'ils considèrent comme universelles. C'est pour ça qu'on a créé des radios comme Voice of America, Free Europe, et d'autres par la suite comme AL OULA pour s'adresser à l'opinion arabophone. Il y a une longue tradition depuis Eisenhower d'avoir des outils de propagande. Beaucoup de pays le font à travers le monde et on vit tous un petit peu dans l'hypocrisie puisqu'il est bien connu que +moi ce que je dis c'est de l'information+' et +ce que dit mon voisin c'est de la propagande+".
Le chef de l'agence 5WPR passe par toutes les dernières déclarations des autorités américaines, sans oublier celles de John Kerry appelant RT le "porte-voix des intérêts russes". Et la cerise sur le gâteau: Andrew Lack, chef de BBG, une agence indépendante fédérale américaine qui supervise le travail des médias US, se dit inquiet face à la montée en puissance des sources d'information qui propulsent leur point de vue et qu'il cite: RT, Etat Islamique ou encore Boko Haram. Un média alternatif dans la même lignée que les barbares extrémistes qui coupent les têtes et crucifient leurs ennemis, pratiquent des viols collectifs et organisent des attentats, tuant des centaines de personnes. Cette comparaison est pour le moins injuste.D'après François-Bernard Huyghe, cette envie de tout mélanger s'explique par la peur:
"On les met dans la même catégorie, parce qu'on les confond dans la même peur et dans la même crainte de voir une politique internationale contestée. On est en train de considérer qu'il y a une vérité centrale et que tous ceux qui la menacent, représentent un danger commun".Espèrerons que dans ce monde appelé "multipolaire", la diversité des voix sera toujours au rendez-vous.
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