Lundi matin, les habitants de la cité de la Castellane (quartiers Nord de Marseille) se sont réveillés en sursaut. Vers 9h30 heure locale, ils ont appelé la police, après avoir entendu des tirs, vraisemblablement de fusils d'assaut Kalachnikov.
Il s'agissait d'un groupe de cinq à dix hommes cagoulés, selon des témoins, lourdement armés, qui ont ouvert le feu en pleine rue. Deux brigades de la BAC (brigade anti-criminalité) ont été envoyées sur place. Mais les malfaiteurs ont également tiré sur eux. Le GIPN (Groupe d'intervention de la police nationale) a été appelé en renfort, mettant la cité de la Castellane en état de quasi-siège.
En fin d'après-midi, sept fusils Kalachnikov et plusieurs kilos de drogue ont été saisis dans un appartement de la cité, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Des prélèvements d'ADN ont été également effectués "pour pouvoir procéder à l'arrestation des personnes" qui seraient à l'origine de la fusillade, mais qui ont pris la fuite.
Dans la même journée du lundi, à Nîmes, dans le Gard, 11 personnes ont été écrouées suite au démantèlement d'un trafic de drogue entre le Maroc et la France via l'Espagne, a-t-on appris des sources policières. Ces arrestations font suite à la découverte par les gendarmes de 700 kilos de résine de cannabis mercredi dernier.
De "très bons résultats" dans la lutte contre la délinquance pour Valls
Arrivé le même jour à Marseille pour dresser un bilan de la lutte contre la délinquance, le premier-ministre Manuel Valls s'est félicité de la baisse des chiffres, dénonçant cependant des tirs "inacceptables" à la Castellane.
Interrogé sur une éventuelle provocation, faite par des caïds marseillais avant l'arrivée des membres du gouvernement, Valls s'est montré agacé. "Vous avez envie de croire à de belles histoires, ou en l'occurrence, à de mauvaises histoires", a-t-il lancé, ajoutant que ces faits ne devraient pas nuire à l'image globale de Marseille.
En juillet 2012, Manuel Valls avait créé des zones de sécurité prioritaires (ZSP). Deux zones ont été mises en place dans les quartiers Nord de Marseille, et la ville a reçu plus de 450 policiers en renfort au cours au cours de cette période. Pas suffisant, selon les syndicats de police.
"Le renfort des effectifs n'a pas l'ampleur annoncée", considère le secrétaire zonal du syndicat Alliance de la Police nationale, David-Olivier Reverdy. Et ajoute qu'actuellement, certaines brigades de CRS sont envoyées sur d'autres missions, rendant plus rares les opérations d'approche globale, faute d'effectifs suffisants.
Une économie de la pauvreté
"L'économie des trafics de drogue est une économie de la pauvreté qui satisfait au mieux à quelques besoins de consommation courante", analyse Claire Duport, spécialiste de l'univers urbain de Marseille, parlant aussi des "des smicards du trafic".