Antonov-124, Antonov-225…Ces avions-cargos figurent parmi les plus gigantesques appareils ayant jamais volé, leur capacité d'emport surclassant celle de tous les autres engins de ce type. Outils indispensables depuis des années à la mise en œuvre de toute opération humanitaire ou militaire d'envergure, les Antonov-124 ont acheminé des milliers de tonnes de matériel pour l'ONU, l'armée française et de nombreux autres clients, en Afghanistan, en Afrique… Alors que la production du C-17 américain vient d'être stoppée, que le C-5 est vieillissant et réservé à l'armée américaine, que l'A400M est un avion de transport tactique prometteur mais nullement un avion de transport stratégique, l'Antonov-124 semblait avoir l'avenir devant lui. Les autorités russes et ukrainiennes étaient décidées à l'été 2013 à relancer la chaîne de production de l'appareil, située à Oulianovsk, en Russie, afin de produire une version modernisée de l'avion, disposant d'un rayon d'action et d'une capacité d'emport supérieurs. Parallèlement Moscou et Kiev semblaient résolues à lancer la production conjointe de l'Antonov-70, un avion tactique de la gamme A400M, pour les besoins des armées russe et ukrainienne et pour l'export.
Et l'industrie de défense ukrainienne a perdu une grande part de ses capacités en matière aéronautique et navale avec le retour de la Crimée à la Russie et la partition du Donbass. Amputé d'une vingtaine de ses entreprises, le CMI ukrainien n'est plus capable d'assurer seul la maintenance et la modernisation de sa flotte d'hélicoptères civils et militaires compte tenu de la perte de l'usine de maintenance aéronautique de Sébastopol, de l'usine de réparation aéronautique de Lougansk et du centre de recherche « Vertolet » de Féodosia. La perte du chantier naval More, spécialiste des hydroglisseurs Zubr (Projet 958), représente aussi une perte sensible.
Alors que l'économie ukrainienne poursuit sa dégringolade (-12% de PIB sur l'exercice 2015 selon les estimations de la banque mondiale), cette succession d'échecs du CMI pourrait avoir de lourdes conséquences à moyen terme sur le climat social. Employant avant la partition du pays plus de 250 000 salariés, auxquels il faut adjoindre les emplois de service associés, l'industrie de défense ukrainienne était une des locomotives économiques du pays. Dans des villes telles Zaporojié, Kharkov, Dniepropetrovsk, Nikolaïev, elle figurait parmi les principaux employeurs. Or toutes ces villes ont hissé le drapeau russe sur leur mairie au printemps 2014, avant que les autorités de Kiev répriment ces démonstrations pro-russes sans ménagement. Si demain ces usines ferment parce que la fracture avec la Russie les a poussé à la faillite, on peut redouter de nouveaux troubles, plus graves encore que ceux de 2014.Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.
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