Tous les candidats présentent, à un degré ou à un autre, le même problème: ils ne sont guère crédibles, et en tous les cas certainement moins que d'autres candidats, comme Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon qui, eux, ne concourent justement pas à la « primaire » organisée par le Parti « socialiste ».
Valls et Macron, ou le côté obscur de la farce…
Manuel Valls est confronté à la tâche quasi-impossible de faire oublier en quelques semaines son propre bilan comme chef du gouvernement. Il dit ainsi vouloir supprimer l'article 49.3 de la constitution, alors que en tant que Premier ministre, il en a usé et abusé lors du vote de la loi travail, au printemps 2016. On peut supposer que Manuel Valls a rencontré la révélation du rôle du 49.3, sa candidature représentant alors son « Chemin de Damas » en la matière. Mais on peut aussi douter de sa capacité à en convaincre les électeurs de « gauche ». De même, s'il met aujourd'hui tant d'insistance à proclamer son attachement aux valeurs de la dite « gauche », à se présenter comme un « rassembleur », c'est qu'il aura quelques difficultés à en convaincre les électeurs. Sa candidature ne repose que sur l'hypothèse d'une amnésie collective. Et l'on comprend bien où est, pour lui, le problème. C'est que la place du centre-gauche est déjà occupée par Emmanuel Macron. Le sémillant candidat des marchés financiers, de l'ubérisation de la société et de la banque a justement ce qui manque à l'ancien Premier ministre: une figure aimable: un discours tout aussi ronflant que creux qui cherche à vous faire prendre des vessies pour des lanternes, bref une posture moderne.
Montebourg et Mélenchon
Le grand adversaire de Manuel Valls, au sein de cette primaire, est Arnaud Montebourg, qui est censé incarner la « gauche » au sein de ce qui n'est plus qu'un double mensonge, le « parti socialiste ». Mensonge, bien sur, car ce « parti » n'est nullement socialiste, mais mensonge aussi car ce n'est plus depuis longtemps un parti, c'est à dire un instrument collectif représentant les intérêts de ses membres, mais bien l'instrument d'ambitions personnelles et le lieu d'expression de haines recuites et de pratiques délétères.
Arnaud Montebourg avait réuni sur son nom 17% des voix lors de la « primaire » de 2011, ce qui est à comparer avec le score de son principal adversaire, Manuel Valls qui n'en avait réuni que 5%. Mais, son problème est qu'il a durablement altéré son image par des postures qui sont incompréhensibles. L'homme du « fabriqué en France » se réclame d'un partage de la souveraineté avec les institutions européennes. Outre le fait que la souveraineté ne se partage pas, chose qu'un juriste comme Montebourg devrait savoir, on ne voit pas bien l'utilité de « fabriquer en France » si l'on accepte de céder notre souveraineté. Le thème du « made in France » n'est compatible, en réalité, qu'avec une véritable position souverainiste. Il implique des positions protectionnistes, justement pour conserver et ramener des emplois vers le territoire français. On l'a d'ailleurs bien vu avec les récentes déclarations de Donald Trump. Cela, tout le monde peut le comprendre. Tout le monde, mais apparemment pas Arnaud Montebourg.
Bien sûr, on peut toujours dire qu'une certaine incohérence de discours est nécessaire en politique. Mais, en réalité, cette incohérence peut s'avérer mortelle. Et cela d'autant plus qu'il y a, à gauche, un autre candidat qui dit aujourd'hui les mêmes choses, mais de manière bien plus cohérente qu'Arnaud Montebourg, c'est Jean-Luc Mélenchon.
La candidature de Mélenchon, qui — rappelons-le — a fait le choix justifié de ne pas se présenter à cette funeste primaire, possède tout ce qui manque à Montebourg: une relative clarté sur la question de l'Euro tout comme sur celle de l'Union européenne, une véritable réflexion sur la réorientation de l'économie, sur la nécessité d'avoir des formes de planifications, et sur le lien entre économie et écologie. On peut faire tous les reproches que l'on veut à Jean-Luc Mélenchon; il n'en reste pas moins que le niveau de cohérence de son projet est incomparablement supérieur à celui d'Arnaud Montebourg. Pour un électeur de gauche, égaré encore au parti « socialiste », il est plus juste et plus utile de voter pour Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle, et de ne pas se déplacer à la « primaire ».
La guerre des clowns
Les deux compères écologistes, le duo de Rugy et Benhamias, voudraient nous infliger une de la primaire de Europe Ecologie Les Verts, où ils ont été vaincus.
Nous avons aussi la candidate du PRG, Mme Sylvie Pinel. Oui, Sylvie Pinel; bon, Sylvie Pinel. Comment dire…Il me vient une référence de la littérature russe, cette phrase dans une œuvre de Mikhail Griboïedov: « et je te renvoie dans ton néant, à Tver ». Mme Sylvie Pinel ne connaît ni Griboïedov ni Tver, mais elle a beaucoup fréquenté le néant.
En fait, prix en tenailles entre Emmanuel Macron sur la droite, et Jean-Luc Mélenchon sur la gauche, la primaire organisée par le parti « socialiste » n'a plus de sens depuis longtemps, car ses candidats sont incapables d'articuler une véritable vision des problèmes politiques, un programme cohérent, une image différente de la décomposition hollandiste, quand il ne sont pas, tout simplement, incapables… Cette primaire ne sert à rien, même si elle sert à certains, et permet de flatter les égo d'autres. Mais, c'est typiquement le genre de non-événement qui attire tellement les médias car il les dispense de parler des véritables sujets.
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