Que cache le maintien des forces US en Afghanistan?

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
Le Désordre mondial avec Rachel Marsden - Sputnik Afrique
S'abonner
Après avoir longtemps été favorable au retrait des troupes américaines d’Afghanistan, Donald Trump, devenu Président, vient au contraire d’annoncer leur augmentation. Pourquoi ce revirement?

«Un retrait précipité créerait un vide qui serait immédiatement comblé par les terroristes»: le 22 août, Donald Trump annonçait non seulement le maintien mais le renforcement des troupes américaines en Afghanistan. Une position nouvelle du locataire de la Maison-Blanche, dont la campagne présidentielle avait au contraire été marquée par un programme non interventionniste résumé par le slogan «America first». Dès 2013, Donald Trump tweetait «Quittons l'Afghanistan. Nos troupes se font tuer par des Afghans que nous entraînons, et nous gaspillons là-bas des milliards. Absurde! Il faut reconstruire les USA.» Comment expliquer ce changement de cap? Rachel Marsden reçoit Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) et ancien conseiller politique auprès des forces françaises en Afghanistan, David Rigoulet-Roze, chercheur rattaché à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS) et rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques, et Kanechka Sorkhabi, consultant et chercheur d'origine afghane, qui a notamment été observateur international lors de la dernière élection présidentielle du pays en 2014.

Emmanuel Dupuy rappelle que «le Président américain a longtemps tergiversé avant de définir sa stratégie: ça faisait plusieurs mois que la définition d'un "mini-surge" (en référence au "surge", qui avait vu entre 2009 et 2011 le contingent américain monter jusqu'à 90.000 hommes) était l'objet d'une vraie réflexion. Donc, je ne suis pas certain que ce qu'a pu dire Donald Trump lors de son discours lundi dernier visait seulement à lutter contre les terroristes. Son discours était d'ailleurs séquencé, en disant qu'il fallait lutter contre Daesh, en minorant d'une certaine façon le poids que les Talibans font encore peser sur la sécurité de l'Afghanistan, et en mettant en avant le fait qu'il fallait aussi faire pression sur les États voisins, notamment le Pakistan. La réponse est venue de Moscou, puisque le ministère russe des Affaires étrangères a évoqué le fait que la stratégie américaine ne répondrait de toute façon pas correctement à la menace et que Donald Trump n'avait pas suffisamment insisté sur la lutte contre les terroristes.»

Pour David Rigoulet-Roze, la pression exercée explicitement sur le Pakistan n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui: «Donald Trump a insisté — ça n'a pas dû faire plaisir au Pakistan — sur le rôle que l'Inde devait jouer pour la stabilité de la région, et il a élargi le règlement du conflit afghan à un ensemble régional beaucoup plus vaste dans lequel New Dehli aurait sa place de manière explicite. Rex Tillerson a même potentiellement remis en cause le statut d'allié majeur non membre de l'Otan dont bénéficie Islamabad depuis 2004.»

Selon Kanechka Sorkhabi, même si la nouvelle position de Donald Trump a été accueillie favorablement par Kaboul, «le problème est dans la définition même de ce qu'on appelle les Talibans ou Daech. Les autorités de Kaboul n'ont pas la même définition que celle, générique, qu'on entend partout. Le gouvernement considère qu'il y a un conflit régional et international qui est ramené en Afghanistan, et accuse régulièrement son voisin pakistanais de soutenir des groupes terroristes en leur donnant refuge et en les finançant. Par ailleurs, Kaboul regrette souvent le manque de coopération entre les grandes puissances.»

Retrouvez l'émission en intégralité sur notre page Soundcloud:

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала