En Chine, «la survie du régime est liée à l’approvisionnement en matières premières»

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
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Dans quelle mesure l’absence d’hydrocarbures détermine-t-elle la politique intérieure et étrangère chinoise? Un entretien de Rachel Marsden avec François Lafargue, politologue et professeur à la Paris School of Business. Il a notamment participé à l’ouvrage «Gaz naturel: la Nouvelle donne» aux Presses Universitaires de France.

Alors que le prix du baril de pétrole n'a cessé de grimper ces derniers mois, atteignant les 80 dollars, il est primordial de s'intéresser aux répercussions que cette hausse entraîne sur la Chine, la future première économie du monde. Hydrocarbures, nucléaire, énergies renouvelables, Pékin est en avant-garde sur de nombreux fronts.

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François Lafargue, politologue et professeur à la Paris School of Business, dresse la situation des hydrocarbures de la Chine:

Sur le pétrole, «la Chine a à peu près 1,5% des réserves mondiales […] Sur 100 barils brûlés chaque jour en Chine, à peu près 60% sont importés.» Sur le gaz «la Chine est importatrice, principalement d'Australie, du Qatar et du Turkménistan voisin.»

Et il rappelle que la principale source d'électricité est le charbon, d'où l'importante pollution du pays:

«Aujourd'hui, le minerai de charbon c'est la matière première principalement utilisée, puisque 70% de l'électricité dans le pays est produite à partir du charbon, d'où cette forte pollution dont la Chine est responsable […] elle est le premier émetteur de gaz à effet de serre sur la planète.»

Afin de compenser cette lourde pollution, François Lafargue déclare que la Chine est également en pointe sur le nucléaire et les énergies renouvelables:

«L'avenir en Chine, c'est le nucléaire […] On a aujourd'hui en Chine 40 centrales nucléaires (à titre de comparaison, en France, c'est une cinquantaine) et vous avez 20 réacteurs qui sont en cours de construction.» Pékin est aussi «le premier utilisateur d'énergie solaire, le premier pays en termes d'implantation de capacités éoliennes et le premier pays en termes d'énergie hydraulique avec le fameux barrage des Trois-gorges.»

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La Chine achète du pétrole et du gaz en quantité à la Russie, mais le politologue en relativise sa portée, notamment à cause des réticences russes:

«La Chine exige des remises parce qu'elle est l'un des plus grands acheteurs d'armement russe, et donc elle exige de la part des Russes que le prix du gaz soit moins onéreux que celui qui est exporté vers l'Europe. Mais la grande réticence surtout des Russes à exporter gaz et pétrole vers la Chine […] La Chine détient les premières réserves mondiales de gaz de schiste (Attention les Américains sont aujourd'hui les premiers producteurs mondiaux de gaz de schiste). [….] Donc les Russes se disent qu'ils vont construire des installations qui vont délivrer du gaz vers la Chine, ça va durer cinq, dix ans et puis un beau jour, les Chinois deviendront autosuffisants.»

Ainsi comme le constate François Lafargue, la Chine investit massivement en Afrique, particulièrement dans les États fournisseurs en hydrocarbures comme l'Angola et le Nigéria. Pourquoi opère-t-elle de si importants investissements à l'étranger? Le politologue considère qu'il s'agit du contrat social chinois, privation de libertés contre l'amélioration du niveau de vie:

«En Chine, la survie même du régime est liée à l'approvisionnement régulier et à prix acceptable des matières premières pour les acteurs économiques.»

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