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Les économistes ne mangent pas tous des enfants! Rendez-vous chaque semaine avec Jacques Sapir, Clément Ollivier et leurs invités pour égrener les sujets de fond qui se cachent derrière le tumulte de l’actualité.

L’uberisation: «de l’esclavage moderne»

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Dans ce volet des Chroniques de Jacques Sapir, la question est de savoir si l’ubérisation est un modèle d’avenir. Une émission avec Franck Dedieu, délégué général de République moderne, Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat des Chauffeurs privés VTC et Grégoire Leclercq, fondateur de l’observatoire de l’Uberisation.

Une nouvelle importante nous est récemment venue de Londres. C'est dans cette ville, capitale du Royaume-Uni, qu'a été prise une décision qui fera date: la société Uber est sommée de requalifier les chauffeurs qui travaillent pour elle en «salariés». Le modèle Uber a donné naissance au fantasme d'une économie dont le salariat aurait disparu, et avec lui les droits sociaux qui lui sont associés, pour être remplacé par une société d'entrepreneurs, de micro-entrepreneurs, même. Ce qui ne fait que réactualiser un modèle économique des débuts du XIXe siècle: le travail à façon.

Comment expliquer la décision de la ville de Londres? Pour Franck Dedieu, délégué général de République moderne et professeur à l'IPAG Business School, cette décision judiciaire britannique d'habitude si libérale tient à Uber et son hybridité économique: «c'est-à-dire que coexistent en gros une véritable concurrence absolue entre les chauffeurs et de ceux qui utilisent la plateforme, et de façon assez paradoxale […] une sorte de monopole de la plateforme».

Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat des Chauffeurs privés VTC estime que la juridiction sur Uber doit changer: «on ne peut pas laisser un patron qui n'est pas patron décider de tout et n'assumer aucune conséquence: ni les charges, ni les décisions, ni les accidents». Le syndicaliste de citer un argument de la plateforme: «ce sont des jeunes de banlieues sans avenir, au moins nous, on leur donne à manger, même s'ils bossent pour 4 euros de l'heure». Sayah Baaroun considère donc cette pratique professionnelle comme «de l'esclavage moderne», car «aujourd'hui un chauffeur Uber, c'est 70 heures par semaine, pour 1.000 euros net par mois, c'est quelqu'un qui travaille pour deux SMIC, mais qui est payé sur un seul SMIC avec toute la responsabilité du patronat derrière».

Grégoire Leclercq, président de la Fédération des autoentrepreneurs et fondateur de l'observatoire de l'Uberisation, constate que la question du statut des «travailleurs indépendants économiquement dépendants» n'a pas été tranchée par les différents gouvernements. Pour lui, la vraie problématique est de «savoir si parce qu'ils sont économiquement dépendants […], ils doivent être salariés de ce donneur d'ordre qui les a finalement asservis à cette dépendance économique, ou si malgré le fait qu'ils soient économiquement dépendants […], ils peuvent malgré tout garder une forme d'indépendance juridique, opérationnelle ou alors […] créer un statut intermédiaire.»

Retrouvez l'intégralité de l'émission en vidéo sur notre chaîne YouTube Radio Sputnik

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