Une expérience scientifique unique qui jouit d’une grande notoriété dans l’écologie mondiale se déroule dans le nord de Yakoutie (Sibérie Orientale) sur le site de la réserve connue sous le nom de « Parc du pléistoscène ». Son idée consiste à recréer sur ce territoire l’écosystème du pléistoscène.
Jadis, il y a 10 000 ans, des steppes à mammouths où paissaient des mammouths, des bisons, des rhinocéros et des troupeaux de rennes et de chevaux suvages s’étendaient dans le nord de Yakoutie à la place des maigres toundras actuelles. Selon une hypothèse, les mammouths et autres gros animaux ont été exterminés par les chasseurs anciens. Les scientifiques russes expliquent quant à eux la richesse passée de l’écosystème par le fait que les animaux entretenaient eux-mêmes leurs pâturages : piétinaient les mousses et lichens, broutaient toute l’herbe et fertilisaient le sol. A l’époque du pléistoscène les steppes à mamouths étaient recouvertes d’une épaisse couche de neige, le sol gelait sur une grande profondeur et le permafrost ne dégelait pas, - raconte le chercheur de l’Institut du Pacifique Sergueï Zimov, auteur du projet « Parc du pléistoscène ».
Ce système qui avait jadis existé ici refroidissait fortement le climat. Les phénomèmes qu’on observe actuellement – le réchauffement du climat et la fonte du permafrost – constituent un probème à part dont nous nous occupons sérieusement. Nous avons compris que nous pouvions influer considérablement sur le climat global et modérer le réchauffement à force de recréer sur les vastes territoires un riche écosystème avec des dizaines d’herbivores. On trouve dans le nord de Yakoutie de nombreux fossiles d’animaux de l’époque des mamouths, littéralement des centaines de kilos par hectare. Cela signifie qu’il avait ici une abondance d’herbivores et que le paysage était différent. Notre tâche consiste à comprendre pourquoi ce paysage a fait place à une maigre toundra et à une taïga à mousses.
Le projet « Le parc du pléistoscène » propose une nouvelle conception de création de l’écosystème sauvage et d’accroître la fertilité des sols, - explique Sergueï Zimov. En fait, le parc est une sorte de modèle qui montre la viabilité de cette idée.
C’est depuis 20 ans que le biologiste russe s’occupe de ce projet. Son fils Nikita, mathématicien de formation et directeur actuel de la station scientifique du Nord-Est de l’Académie des sciences, est son successeur et assistant précieux. Le parc occupe 160 km2 mais les Zimov ont l’intenton de l’agrandir de cinq fois. Des rennes, des élans, des ours et des chevaux sauvages de Yakoutie se sont déjà acclimatés dans l’ancienne toundra tout comme les boeufs musqués de l’île de Vrangel. C’est miantenant le tour des bisons, des yaks, des serfs de Sibérie et d’autres animaux qui cohabitaient en Eurasie il y a dix mille ans.
La steppe à mammouths est en train de renaître à la vie. Comme le disent les Zimov, il n’y a que les mammouths qui manquent mais ce problème pourrait éventuellement être résolu par le scientifique japonais Akiro Iritani de l’université de Kyoto qui propose de clôner les mammouths. Le chercheur envisage d’utiliser les noyaux de cellules d’un mammouth fosille retrouvé en Yakoutie et les inoculer dans les ovules d’une éléphante. Iritani a même choisi l’emplacement du futur parc de mammouths. Il y a huit ans, il a survolé en hélicoptère la réserve du pléistoscène en Sibérie et a pu se convaincre que l’herbe était assez grasse et que le site était surtout à l’abri des hommes.
Saint-on jamais, cette idée n’est peut-être pas aussi folle après tout parce que les progrès de la science ne cessent de nous ménager les surprises les plus incroyables. Il se peut que les puissans animaux que nous n’avons vus que sur des images errent à nouveaux dans les étendues du nord de la Russie et que des prairies repoussent à la place des maigres mousses et lichens d’aujourd’hui.
