Bourane, oiseau solitaire de l’aérospatiale russe

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Il y a 25 ans, le 15 novembre 1988, un événement sans précédent s’est produit dans l’histoire de l’astronautique mondiale. Le système soviétique réutilisable Energuia-Bourane a décollé du cosmodrome de Baïkonour pour s’envoler vers l’espace. Cette navette spatiale soviétique a réalisé un vol entièrement automatique, ce qui lui a valu l’honneur d’être inscrit dans le Livre Guiness des records.

Ce produit de la Guerre Froide, créé pour concurrencer le Shuttle américain capable selon les experts soviétiques de larguer des bombes nucléaires sur Moscou à partir de l'orbite terrestre, le Bourane, avait pour vocation d’égaliser les chances entre les deux superpuissances concernant leur destruction mutuelle, rappelle à La Voix de la Russie l’académicien de l'Académie russe d'astronautique Alexandre Jelezniakov.

« Le Bourane a été conçu uniquement comme un système qui permet de lancer des stations orbitales lourdes à usage militaire. C'était une réponse symétrique au programme américain IDS (Initiative de défense stratégique) qui était activement développé à l’époque. Bourane était conçu comme un moyen de résistance ».

Cependant, lorsque Bourane a été mis au point, la situation entre Moscou et Washington a changé et l’économie soviétique était en train de s’effondrer. Dans ces circonstances, les militaires ont gelé le projet. Quant à l’aérospatiale civile, elle n’avait pas le budget nécessaire pour entretenir ce projet, souligne le rédacteur en chef du magazine Novosti kosmonavtiki (Les nouvelles de l’aéronautique) Igor Marinine.

« À la fin des années 1980, l’économie soviétique était tellement dans un mauvais état que cette percée technique a laissé sans financement de nombreuses autres domaine de l’aéronautique. Bourane n'a donc pas utilisé par la suite. Energuia arrivait à amener dans l’espace des satellites dont la masse ne dépasse pas 100 tonnes. Ce genre de satellites a été construit pendant plus de 10 ans. Quant à Energuia, cette fusée devait voler plusieurs fois pas mois. Bourane pouvait transporter jusqu’à 30 tonnes de fret à son bord. Mais où pouvait-on alors trouver ce genre de satellites ? »

Les américains ont également peu à peu arrêté d’utiliser leur système de navettes spatiales. Le programme Space Shuttle était considéré comme le système le moins cher et le plus fiable de transport de charges dans l’espace. Mais en réalité il s'est avéré beaucoup plus cher que prévu.

Ce programme a toutefois de l’avenir, est persuadé l’expert Konstantine Bogdanov, mais dans une direction différente.

« Restaurer le système Energuia-Bourane dans sa forme actuelle, c’est inutile. La pratique mondiale et l’expérience russe le montrent : le développement des systèmes spatiaux multi-cibles suit le scénario de la modernisation des appareils du Soyouz ou Applo. Mais ces vaisseaux spatiaux coûtent cher et sont difficiles à manipuler ».

Le sort de Bourane fut triste. Après avoir réalisé un seul vol, Bourane est resté cloué au sol. En 1993, le programme a été officiellement fermé et le vaisseau spatial reste conservé dans un hangar. Quelques années plus tard, le toit du vieux hangar s'est effondré et a détruit l’appareil qui s’y trouvait. Mais le potentiel scientifique acquis au cours de ce projet pourra être employé ailleurs, est persuadé Alexandre Jelezniakov.

« Il y aura une demande pour les connaissances acquises alors. J’espère que cela va pouvoir se produire le plus tôt possible. L’expérience de Bourane sera prise en compte lors du développement des vaisseaux spatiaux. Cette expérience ne se perdra pas ».

Nous nous souviendrons de Bourane comme d’un appareil qui a apporté la révolution dans le secteur de l’aérospatiale, a ajouté Jelezniakov. Qui sait, peut-être un jour, un vaisseau spatial avec l’inscription« Bourane » sur son côté pourra à nouveau évoluer dans l’espace.  N

© © RIA Novosti
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