Le féminisme existe-t-il en Russie?

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MOSCOU, 6 mars - RIA Novosti. A la question "le féminisme existe-t-il en Russie?", les Russes répondent habituellement par la négative. Les experts expliquent cela par l'histoire et les traditions nationales.

Le mouvement des femmes est apparu en Russie au milieu du XIXe siècle. Les féministes russes n'ont cependant jamais aspiré à une culture féminine qui s'opposerait à la culture masculine: ni au XIXe siècle, quand elles luttaient pour le droit à l'éducation, ni dans les années vingt, quand elles militaient pour une révolution sexuelle, ni plus tard, dans les années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, alors qu'elles manifestaient contre l'émancipation "mensongère" des femmes soviétiques. Ce sont les années 90 qui ont connu un regain de féminisme.

Après 1995, le féminisme est devenu "passé de mode". L'enthousiasme des fondations occidentales pour le féminisme russe s'est fané. Les journaux et sites féministes ont commencé à disparaître. Il n'y a même plus au parlement de groupe des femmes. Le mouvement des femmes existe encore en Russie, mais il entretient avec le féminisme une relation pour le moins méprisante.

Comme le pense la célèbre féministe russe Nadejda Ajguikhina, il n'y a pas en Russie d'association réunissant le potentiel politique, artistique et intellectuel des femmes et qui serait capable d'exercer une influence sur le pouvoir. Il n'y a pas non plus de leader charismatique capable de rassembler derrière elle. Rappelant que le féminisme est arrivé par l'Ouest dans la nouvelle Russie, Ajguikhina constate avec regret que "l'Occident n'est plus aujourd'hui le seul modèle pour les féministes russes, pas plus que les femmes occidentales des missionnaires".

En ce qui concerne le rôle des femmes dans la société russe, les avis sont partagés. "Le rôle des femmes grandit", affirme Galina Karelina, présidente du Fonds d'assurance sociale. "Elles ont un rôle significatif dans les affaires, considère la sociologue Olga Krychtanovskaïa, on ne peut pas en dire autant de la politique". Et le premier vice porte parole de la Douma, Lioubov Sliska, d'ajouter: "Cela n'est pas demain la veille que les femmes joueront un rôle dans notre histoire. En politique, les femmes occupent l'une des dernières places".

Le 6 mars s'est déroulée à la Douma une table ronde lors de laquelle a été abordé le projet de loi fédérale sur la garantie des droits et libertés des hommes et femmes en Russie. Trois ans ont passé depuis son adoption en première lecture. La seconde aura lieu seulement en avril.

Selon les auteurs du projet de loi, la législation russe ne délimite pas directement les droits des femmes et des hommes.

Par exemple, malgré un même droit de se présenter à des postes de pouvoir, sur les 450 députés de la Douma on compte seulement 44 femmes, et sur les 178 membres du Conseil de la Fédération (chambre haute), seulement 10. En outre, il n'y a pas de femmes au gouvernement.

En Russie, environ la moitié de la population active est composée de femmes (plus de 32 millions). Elles ont dans l'ensemble un niveau d'études supérieur à celui des hommes. Elles représentent environ 60% de la population active ayant un niveau d'études supérieur, et à ce niveau leur salaire est pourtant inférieur de 36% par rapport à celui des hommes.

Malgré l'interdiction de la discrimination sexuelle, les femmes se heurtent de plus en plus souvent à la violation de leurs droits. Comme le considèrent les députés, l'adoption de la loi pourrait changer cette situation.

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