Maloïaroslavets (partie I)

Maloïaroslavets (partie I)
Maloïaroslavets (partie I) - Sputnik Afrique
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La ville russe ancienne de Maloiaroslavets est située dans la région de Kalouga, à 124 kilomètres au Sud de Moscou. 

Les paysages pittoresques s’ouvrent du haut des collines sur lesquelles est située la ville, sur la vallée de la rivière Louja.

On devine facilement au bord de Louja en face du monastère Tchernoostrovski une colline plate entre deux ravins sur laquelle est érigée la première ville. Ces endroits sont, probablement, habités depuis l’époque d’avant J.-C.

Photo: RIA Novosti

Le prince Vladimir Andreevitch Khrabry (l’Audacieux) reçoit en 1389 à l’issue de la lutte contre le Grand prince pour le trône les terres de Borovsk-Serpoukhov. Il se fait valoir surtout pendant la bataille de Koulikovo. En 1402 la localité fortifiée reçoit le nom de Yaroslavl en l’honneur de Yaroslav, fils de Vladimir Andreevitch. Après l’accession du Grand prince moscovite Ioann III au pouvoir en 1486, la ville est rebaptisée en Maly Yaroslavets. Ce qui reflète, d’ailleurs, le plus l’état réel des choses: il n’y a dans la ville que cinq églises en bois.

Pendant le Temps des troubles la ville est ruinée, il n’y reste qu’un peu plus d’une centaine d’habitants qui vivent essentiellement du potager et du jardin. Paul 1er annule Maloïaroslavets en tant que ville mais Alexandre 1er lui restitue en 1802 son statut. La ville mérite le blason sur lequel est reproduit un ours avec une hache: à peu près le même qu’à Yaroslavl.

1812, année de la guerre contre Napoléon et aussi l’année de la mort et en même temps de la renaissance  de Maloïaroslavets. Les événements historiques les plus remarquables sont liés à la bataille de 1812. Les inhumations, les monuments, les églises le confirment.

Napoléon attend à Moscou le consentement d’Alexandre 1er à la paix et le grand capitaine russe Koutouzov prépare la même année la mort à l’Empereur français. En reculant démonstrativement sur la route de Riazan, il prend soudain la direction de Kalouga et aménage un camp près du village Taroutino. Koutouzov recrute en deux semaines l’armée de 240 mille militaires, cosaques et milices populaires contre les troupes de 116 mille hommes de Napoléon.

Conscient qu’il ne reste plus après son offensive sur la route de Smolensk de provisions pour l’armée, Napoléon décide de reculer sur la route de Kalouga. Il choisit Maloïaroslavets comme un endroit le moins protégé dans la défense des Russes et le 11 octobre la division du général Delzons s’empare de la ville sans combat. Or, les partisans qui s’aperçoivent déjà de l’avancement de l’ennemi vers Maloïaroslavets en avertissent notre commandement et les troupes russes vont au-devant de l’adversaire.  

Le 12 octobre, à six heures du matin, la division commandée par Dokhtourov chasse l’ennemi de la ville. Delzons périt. Le vice-empereur Eugène de Beauharnais assume le commandement des troupes napoléoniennes. Il lève au combat d’abord la division française de Broussier, ensuite la division italienne de Pinot. Le corps de Raevski approche et les Français déplacent la division du maréchal de fer Davout. Koutouzov et Napoléon arrivent avec les armées vers cinq heures de l’après-midi. 

Il convient de citer la lettre d’un soldat russe ayant pris part à la bataille: « Nous n’avions pas peur: nous donnons nos vies pour la Patrie, pour nous venger de l’offense de Dieu et le malheur de notre tsar blanc… Tu vois maintenant pourquoi les Français combattent à Maly Yaroslavetz telles des bêtes sauvages mais nous ne demeurons pas non plus en reste : nous nous entremêlons dans les rues et les tirs s’arrêtent. Nous nous battons corps à corps. … Nous chassons 11 fois les Français de Maly Yaroslavetz et 11 fois ils y pénètrent! Nous nous battons toute la journée, toute la soirée et après chacun se couche là où il tombe épuisé … »

Pour la première fois dans l’histoire le prêtre mérite l’ordre de combat Saint Georges, plus connu comme la « Croix Saint Georges », pour la bataille de Maloïaroslavets. Vassili Vassilkovski est le prêtre du régiment. Il est blessé à la jambe dans la bataille de Vitebsk. La croix lui sauve alors la vie : une autre balle n’atteint pas sa poitrine. Lorsque les Français s’emparent à nouveau de Maloïaroslavetz, le prêtre Vassili Vassilkovski « va avec ses enfants en Dieu à la mort pour la foi et la Patrie. Il porte haut devant lui la croix d’or et tout le régiment se précipite à la poursuite de l’ennemi en combattant pendant longtemps pour la place devant le monastère … » Le père Vassili Vassilkovski décède en 1814 de la plaie reçue pendant cette bataille.

Aucune partie ne parvient à développer le succès, les Russes se heurtant aux canons français et les Français - à l’artillerie russe. Jusqu’à huit mille de vingt-cinq mille hommes périssent de part et d’autre pendant dix-huit heures de combat.

La ville reste aux Français. Koutouzov recule de 2,5 kilomètres et occupe une nouvelle position en protégeant toujours la route de Kalouga. Or, Napoléon comprend à l’issue de la bataille de Maloïaroslavets qu’il ne saura y passer, les Russes combattant à mort. Il part le 14 octobre à travers Borovsk vers Smolensk où, pour reprendre l’expression des témoins oculaires, « il n’y a personne ni même un chat ». 

Une quarantaine seulement de deux cent maisons ne sont pas détruites à Maloïaroslavets. Les églises sont pillées, l’une d’elles est brûlée. « Les rues sont encombrées de cadavres de gens et de chevaux et de blessés. 1500 roubles (une somme colossale à l’époque) sont dépensés ne fut-ce que pour le bois nécessaire pour brûler les corps et chaux pour les ensevelir. Deux tertres les abritent. Les habitants recueillissent huit tonnes de balles de plomb.  

Or, le temps passe et détermine les biographies, l’histoire de la ville et du pays.

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