Malgré l’interdiction de retransmettre les interventions de Breivik, son procès semble devenir l’émission de téléréalité numéro un. Dans la salle d’audience l’accusé se comporte de façon provocatrice : il fait un salut nazi, sourit beaucoup et a préparé un discours de treize pages pour l’audience d’aujourd’hui.
Ce tueur des 77 personnes se vante d’avoir organisé « l'attaque politique la plus sophistiquée et spectaculaire de l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale » ; il dit de ne pas regretter ce qu’il avait fait et être prêt à le refaire. Il se qualifie de « révolutionnaire » et accuse les autorités norvégiennes de détruire l’unité ethnique de la Norvège et de restreindre les libertés politiques.
Ce genre de comportement témoigne des troubles psychiques chez Anders Breivik, est convaincu le directeur de l’Institut russe de psychologie appliquée, Takhir Bazarov.
« C’est un fanatique et un maniaque. Mais tout ce qu’il fait, il le fait en ayant clairement conscience de ce pourquoi et dans quel but il le fait. On peut même prévoir le résultat auquel il compte arriver. A mon avis, son objectif est de se présenter comme un personnage historique avec des opinions bien forgées. Il veut se voir comme un combattant pour ses propres idéaux ».
Une fois de plus Breivik a qualifié de « pourrie » la politique sociale et migratoire européenne et a parlé de lui-même comme d'un combattant pour la préservation de la culture, des traditions et des valeurs norvégiennes.
Même si on pouvait s’attendre à ce genre de propos, ceux-ci ont fait un effet de choc sur les familles des victimes présentes dans la salle. D’ailleurs, un des juges a été écarté à cause de la compassion qu’il avait montrée à l’égard des victimes : après le double attentat ce juge avait écrit sur le forum du quotidien norvégien Verdens Gang « La peine de mort est la seule issue équitable pour cette affaire ».
Le rédacteur en chef du portail internet Rousskaïa Norvéguiya (Norvège russe), Pavel Prokhorov fait remarquer que l’attentat perpétré par Breivik et son procès ont fait revoir l'attitude de la société norvégienne à l’égard des idées de l'extrême-droite.
« La société doit reconnaître deux choses suivantes. Primo, la lutte contre l’extrémisme de droite n’a pas été conséquente. Secundo, présenter Breivik comme un tueur solitaire en faisant l’abstraction de ses partisans à l’étranger, serait une erreur encore plus grande. On espère que le procès Breivik se transformera en un dialogue avec les extrémistes de droite ou bien en un combat pour les sympathisants de l’extrême-droite ».
Pourtant les experts interrogés par la Voix de la Russie mettent en garde : le caractère ouvert du procès peut profiter à Breivik. Celui-ci a, de toute évidence, besoin d’un public. L’opinion du directeur du Centre russe de l’information politique Alexeï Moukhine.
« Il me semble que monsieur Breivik se rend parfaitement compte de ce qu’il est en train de faire. Il semble suivre le principe posé il y a un certain temps par Ron Hubbard : « Si vous voulez gagner de l’argent, créez une secte ». Breivik est en train de créer une secte en ce moment. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est en fait un grand spectacle politique ».
Le procès durera dix semaines. Si Breivik est reconnu coupable, il risque jusqu’à 21 ans de prison. A l’issue de ce délai il peut être déclaré dangereux pour la société et rester enfermé. Il n’est cependant pas clair s’il sera reconnu responsable de ses actes car les expertises psychiatriques se contredisent alors que Breivik insiste lui sur sa normalité psychique.
