Le nœud syrien

Le nœud syrien
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Pendant que la guerre civile fait rage en Syrie le groupe de médiateurs internationaux composé des Etats-Unis, de la Russie et de l’ONU continue de discuter de la composition des participants à l’éventuelle conférence Genève-2 censée engager un dialogue entre Bachar al-Assad et l’opposition syrienne. Les Etats-Unis ne veulent pas voir à cette conférence les représentants de l’Iran tandis que la Russie se prononce contre la présence des éléments extrémistes de l’opposition. A son tour l’opposition syrienne refuse de participer au dialogue aussi longtemps que Bachar al-Assad reste au pouvoir, ce qui logiquement rend impossible la tenue même de la conférence qui d’ailleurs vient d’être reportée au mois de juillet prochain.

Ainsi tout le monde s’efforce de faire bonne mine à un jeu qui devient de plus en plus mauvais compte tenu du fait qu’aucun des belligérants en Syrie n’est capable de remporter une victoire militaire définitive sur l’autre et que ce conflit commence petit à petit à déborder les frontières du pays en menaçant de déstabiliser toute la région. Inutile de dire que le cas échéant tout le Moyen Orient risque de plonger dans un chaos permanent lourd de conséquences aussi imprévisibles que catastrophiques.

Cependant on peut être absolument certain qu’au cas où le régime de Bachar al-Assad vient à disparaître la Syrie sera condamnée à devenir un foyer d’islamisme agressif qui représentera en soi un facteur de déstabilisation dans la région. C’est à plus forte raison que je trouve incompréhensible le comportement des pays occidentaux et surtout de l’Europe qui contribuent objectivement à une telle éventualité en soutenant l’opposition syrienne. Les pays de l’Union européenne ont non seulement levé l’embargo sur les fournitures d’armements aux rebelles mais laissent entendre qu’ils n’excluent pas la possibilité d’une intervention militaire en Syrie aux côtés de l’opposition.

Nous avons consulté à ce sujet Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du Centre Carnegie à Moscou.

LvdR : Pendant que la guerre civile en Syrie semble s’éterniser la communauté internationale reste toujours incapable d’accorder ses violons pour trouver une solution de cette crise. Dans cette situation y-a-t’il encore des chances, selon vous, pour sortir de cette impasse qui commence à déstabiliser toute la région du Moyen Orient ?

Alexeï Malachenko : Je pense que c’est le problème de temps. Autrement dit, quand et comment on pourrait se débarrasser de cette guerre civile. A présent je crois qu’il y a un moment positif, c’est la compréhension mutuelle de la situation entre les Etats-Unis et la Russie, n’est-ce pas. C’est pourquoi la décision d’organiser cette conférence Genève-2 a été prise, et je pense… enfin, bien sûr, je ne crois pas que cette conférence va nous donner la solution finale mais je pense que cette idée est très, très productive. Il y a des forces en Syrie il y a des acteurs à l’étranger qui sont capables et qui sont prêts à y participer. Et je pense que la route vers cette conférence va découvrir s’il y a vraiment un potentiel, s’il y a des chances de stabiliser ou de commencer la stabilisation de la situation en Syrie.

LvdR : Comment expliquez-vous la position des pays occidentaux et surtout de certains pays européens qui continuent de soutenir l’opposition syrienne tout en sachent que la chute éventuelle du régime de Bachar al-Assad conduirait très probablement à l’islamisation de la Syrie ?

Alexeï Malachenko : Mais qu’est-ce que vous voulez, je pense qu’il serait impossibles pour les pays de l’Europe tels que la Grande-Bretagne ou la France de changer leur position, n’est-ce pas. Ils ont commencé à soutenir l’opposition syrienne mais ils ont commencé à le faire quand ils ne croyaient pas que l’islamisme que l’islam radical va jouer un rôle assez important dans cette situation. Et maintenant je crois qu’ils tâchent de se débarrasser disons des organisations extrémistes ou radicales parmi cette opposition syrienne et c’est aussi je crois nous donne la chance d’un compromis, mais ce serait un compromis très, très difficile, et quand on me demande qu’est-ce que je pense sur la situation en Syrie je pense toujours et qu’est-ce que nous allons avoir après la chute et je ne pense pas que la situation va se stabiliser immédiatement et même je peux admettre l’avènement d’une nouvelle guerre civile entre les opposants de Bachar al-Assad, parce qu’il faut reconnaître que les organisations comme Frères musulmans, elles sont capables de faire beaucoup de choses, elle sont très actives et populaires parmi une partie de la population syrienne.

Ainsi donc le scénario le plus optimiste ou plutôt le moins pessimiste qui peut se réaliser en Syrie nous condamne inévitablement à une période passablement longue d’incertitude, sinon d’instabilité dans ce pays et dans la région du Moyen Orient. 

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