Festival Interceltique de Lorient

© José Angel Hevia ©DR.Festival Interceltique de Lorient
Festival Interceltique de Lorient - Sputnik Afrique
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3 000 participants, 60 000 spectateurs estimés… ce dimanche 4 août, à la grande parade du Festival interceltique de Lorient, le spectacle a été de haute volée. Un régal pour tous, d’ici où d’ailleurs.

Le Festival Interceltique de Lorient est né il y a 43 ans de la volonté de ses fondateurs. Ils ont voulu surtout développer la musique et la culture bretonne et aussi de s'ouvrir vers les nations d'implantation celte dans les îles britanniques (Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, Île de Man, Irlande) mais aussi dans le nord de l'Espagne (Galice et Asturies). C’est un festival qui a une place particulière, il a su créer un lieu de rendez-vous ou la Bretagne se mettait en scène à côté d'autres nations. Un nouveau concept est né : l'interceltisme.

Au fil des années l'interceltisme a franchi les premières frontières celtes britanniques et espagnoles pour se tourner vers d'autres lieux. C'est ainsi que l'on a vu arriver des pipe-bands australiens, des joueurs de gaita latino-américains et des chanteurs canadiens.

Cette année ce sont les Asturies qui font office de l’invite d’honneur et nous avons voulu comprendre le phénomène de longévité du Festival Interceltique avec un de ses participants de longue date. José Ángel Hevia Velascvo, joueur de la gaita, la cornemuse, est né à Villaviciosa, dans les Asturies.

José Ángel Hevia. La première fois pour moi c’était en 1988.

VdlR. Vous êtes l’ancien du Festival ?

José Ángel Hevia. Oui, un des anciens.

VdlR. Qu’est-ce qui fait qu’à ce Festival vous venez encore et encore?

José Ángel Hevia. Chaque fois que je reviens, à chaque occasion, je ressens une forte émotion parce que je me souviens de temps de ma jeunesse avec la découverte du monde de la celtitude – le Festival de Lorient. On a appris beaucoup de choses ici, à Lorient, beaucoup d’idées que nous avons porte aux Asturies.

On a appris que la musique celtique est vivante, que c’est un phénomène culturel, qu’on peut faire des écoles de gaita, des écoles de cornemuse. On peut avoir aussi une économie autour de ce phénomène. Toutes ces idées nous avons porte en Asturies en 1990, on a travaillé beaucoup avec ces idées. Pour nous c’est une vocation tres importante de retourner au festival de Lorient.

VdlR. Vous apprenez les choses, mais je sais que vous inventez aussi… C’est un processus mutuel. Vous avez inventé un instrumentélectronique dans le domaine du traditionnel, c’est inattendu.

José Ángel Hevia. A cette Edition du Festival je suis pour un concert à l’Espace Marine. Mais aussi nous avons un stand à l’espace des luthiers, parce que nous présentons un nouveau modèle de la cornemuse électronique. La cornemuse électronique c’est comme un clavier électronique pour un pianiste. C’est la même chose pour les joueurs de gaita, la cornemuse : on peut jouer le son de la cornemuse asturienne, et aussi – ajouter la mélodie. Le son d’un violon, d’une flute, faire tous les sons ensemble, jouer le son de la cornemuse galicienne, cornemuse irlandaise, écossaise, le biniou et la bombarde. C’est très curieux – les programmes pour faire le biniou et la bombarde, parce qu’une seule personne joue tous les instruments ensemble. C’est un instrument pour arriver à des chemins qui étaient interdites pour les instruments traditionnels, et aujourd’hui, grâce a l’électronique nous pouvons y arriver.

VdlR. Vous n’avez pas la prétention de changer le Festival Interceltique de Lorient en une fête électronique ?

José Ángel Hevia. Non, non.

VdlR. Le souffle du musicien dans la cornemuse c’est quand-même essentiel…

José Ángel Hevia. Il faut souffler encore dans la cornemuse électronique. Il faut souffler et maintenir la pression de l’air dans la poche stable. La pression de la poche de l’air fait partie de l’interprétation de la cornemuse électronique.

VdlR. Ouf ! J’ai eu peur.

José Ángel Hevia. Il faut savoir jouer ! Il faut avoir de la technique pour jouer l’instrument.

VdlR. C’est difficile d’acquérir cette technique ?

José Ángel Hevia. Non, ce n’est pas difficile. La cornemuse, je pense que c’est un instrument facile, mais comme tous les instruments du monde si on dédie la vie à jouer ces instruments on peut faire beaucoup de choses. Facile – difficile, ça dépend de l’instrumentiste.

VdlR. Au Festival Interceltique de Lorient on est toujours face à la mer, on est à cote du grand océan, que ça soir aux Asturies ou en Bretagne…. Vous n’avez pas l’impression que ces sons très forts, c’est pour combattre les éléments. L’homme qui se constitue face aux éléments.

José Ángel Hevia. La cornemuse c’est l’instrument du diable. Je pense qu’on aime la cornemuse, on la regrette. Il y a des terres de moyens pour la cornemuse. Ce sont des instruments qui ont la puissance très forte. Pour faire la fête a l’extérieur. Avec la cornemuse électronique on peut jouer à la maison aussi, sans faire beaucoup de bruit, parce que on peut utiliser des casques.

VdlR. Ça nous permet de retrouver les racines de la civilisation, on passe de l’autre cote de l’Europe bien rangée, chrétienne, organisée. Est-ce que cela vous libère aussi en tant que personne?

José Ángel Hevia. La cornemuse est une forte liaison avec la terre. Et aussi avec la terre, en particulier, de chacun. Je pense qu’il n’y a pas un seul pays en Europe qui n’a pas un type de cornemuse dans son histoire bien vivante… Aujourd’hui ou dans le passé. L’iconographie de toute l’Europe est pleine d’exemples des cornemuses. Je pense qu’aujourd’hui la cornemuse est l’instrument qui a laissé l’ambiance rurale et de campagne et il a passé à l’ambiance de la ville. Aujourd’hui c’est un phénomène urbain.

VdlR. Je sens qu’en Russie cela nous manque, la cornemuse… Venez nous donner quelques cours et master-class, Jose !

José Ángel Hevia. (rires) Les racines sont très importantes. Il ne faut pas oublier les racines. La philosophie a un pouvoir aussi dans la cornemuse il y a un siècle, c’est la même philosophie pour nous : travailler avec les instruments de l’époque. Il y a un siècle il a eu la cornemuse et l’accordéon. C’était la cornemuse à poche de chèvre, aujourd’hui nous avons la cornemuse à poche en goretex, synthétique. Ici nous avons l’électronique et l’ordinateur pour travailler la musique. Il y a un siècle on jouait la musique acoustique, maintenant on peut jouer la cornemuse électronique.

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