Les pilotes tatares ne sont pas coupables du crash aérien !

Les pilotes tatares ne sont pas coupables du crash aérien !
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Pendant le week-end, un Boeing 737 appartenant à la Compagnie tatare s’est crashé à Kazan, capitale de la République de Tatarstan, à 800 kilomètres à l’Est de Moscou. Il a emporté plus de 50 personnes dans la mort. Il y a eu une Britannique qui s’est écrasée avec le malheureux appareil et le fils du Président de Tatarstan, disparu lui aussi dans cet accident.

Comme toujours la question demeure : à qui la faute ? Est-ce dû à la mauvaise maintenance, à l’âge de l’avion, au facteur humain, aux conditions météorologiques ou… à un concours des circonstances ? Les avionneurs et les pilotes comptent parmi les gens les plus superstitieux. Ils ont même un toast spécial porté lors de n’importe quel repas où ils se trouvent réunis : « Buvons à ce que le nombre de nos atterrissages corresponde au nombre de nos envols ! » La technique a beau être sophistiquée, personne n’est à l’abri d’un accident. Je connais très bien l’aéroport de Kazan pour en avoir été responsable pendant plusieurs années lorsque j’occupais le poste du vice-Président du Comité de l’Aviation russe rattaché au Ministre des Transports de Russie. Il est vrai que la météo n’est jamais bonne dans la région, car il vente très fort et la piste d’atterrissage n’autorise qu’un seul sens pour un avion à l’atterrissage. Autrement dit l’avion ne peut toucher le sol qu’à une extrémité de la piste et pas à l’autre bout tant le vent peut être instable et fort. Il est également vrai que la technique a lâché : l’équipage a eu le temps de transmettre aux aiguilleurs du ciel que les commandes ne répondaient plus. Ils voulaient atterrir en toute vitesse. Cependant il serait difficile de dire que cela ne peut arriver n’importe où ailleurs. Il n’y a qu’à se souvenir du fameux crash de Concorde au décollage au Bourget et des centaines d’autres accidents qui se produisent tous les mois sur les 7 continents de notre planète (il n’y en a pas en Antarctide, Dieu merci !). Et comme toujours nous avons tenu à interroger un expert qui cette fois-ci, est un commandant de l’armée de l’air-réserviste, directeur de ProRussia à ces heures perdues et à ce titre, fin connaisseur de la Russie.

LVdlR. Que pensez-vous du crash aérien à Kazan ?

Gilles Arnaud. Il est courant dans les médias français de dire que rien ne va en Russie. Vous savez, l’aviation est le transport le plus sûr au monde. Pour les passagers transportés, c’est le type de transport où il y a le moins d’incidents ! Mais ce qui pose un problème évidemment, c’est que quand il y a le crash d’un avion il y a très peu de survivants. Quand un avion touche le sol, les dégâts sont énormes. C’est toujours très occidental de toujours vouloir trouver des ca uses, des responsables que ce soient les pilotes ou la mécanique ! Cela relève de la mentalité anglo-saxonne. C’est de toute façon prédéterminé par la logique : Qui va payer ? Côté français, il y a eu le crash de Rio – Paris qui a fait plus de 280 morts sur l’un des fleurons de l’aviation française. On cherche toujours et beaucoup les responsables : est-ce que les pilotes n’ont pas fait leur boulot… Moi, je trouve simplement que dans certains cas il y a des accidents avec des causes particulières qui peuvent être dues au hasard, des éléments qui, pris séparément, n’auraient peut-être pas provoqué un accident, mais assemblés ensemble à tout moment peuvent créer un accident. En ancien parachutiste, je sais que l’on peut sauter des milliers de fois sauf une fois de trop ! Parce que le matériel peut être défectueux, parce qu’il peut y avoir un courant ascendant, etc. A la montagne, c’est pareil : une corde usée s’est frottée à une mauvaise pente. L’accident arrive !

Je prends très régulièrement l’avion pour aller à Moscou sur les avions Aéroflot et Air France. Je trouve d’ailleurs que les aéroports de Schérémétyevo sont de loin les plus modernes d’Europe. Ils ont été entièrement refaits. Non ! Ce n’est, à mon avis, ni la faute aux pilotes parce que plus de 2 fois ils ont fait des demandes pour se poser d’après les vidéos que j’avais vues. Ils étaient parfaitement conscients d’avoir un problème… Sans aucun doute, ils avaient l’air d’être des professionnels. L’avion était, certes, âgé de 23 ans, mais c’est très courant dans la plupart de flottes occidentales. On a même des avions qui ont plus de 30 ans sur Air France ou sur les autres grandes compagnies. Les avions sont régulièrement visités. La preuve est qu’à cet âge, ils n’auraient jamais tenu en l’air sans visites régulières : ils se seraient écrasés beaucoup plutôt. Non, je pense que c’est un mauvais procès qui est fait à l’aviation russe. Bien évidemment, on sait pourquoi : les JO approchent ! A mon avis, c’est une politique de dénigrement systématique. Attendons la conclusion d’enquête : on en saura peut-être plus. Mais c’est trop facile de dire que parce que c’est un avion russe et un aéroport russe que l’avion s’est écrasé. C’est oublier nos propres accidents dans l’Occident que l’on a eu beaucoup ! Toujours impressionnant parce que le nombre de morts est important et toujours très peu de survivants.

LVdlR. En plus, le président de Tatarstan n’aurait pas mis son fils dans un mauvais avion…

Gilles Arnaud. On sait très bien que les compagnies aériennes russes volent sur des avions occidentaux et la maintenance est aussi occidentale ! Non je crois que là, cela a été facile pour les médias occidentaux de faire un mauvais procès. Je serais curieux d’ailleurs de savoir que lorsque la conclusion d’enquête sera publiée, si les médias occidentaux oseront y revenir et prêteront intérêt à cette question. »

Il ne faut jamais rire du malheur d’autrui. Je sais que la plupart de gens y compris les Français ont beaucoup de compassion pour les disparus et les membres de leurs familles. Et j’espère de tout cœur que le malheur ne frappera jamais à leurs portes.

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