Blocus de Leningrad : « il est nécessaire d’en parler »

Blocus de Leningrad : « il est nécessaire d’en parler »
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La Russie vient de commémorer le 70e anniversaire de la levée du blocus de Leningrad (ancien nom de Saint-Pétersbourg)… Plusieurs manifestations solennelles dont le plus spectaculaire est le défilé militaire à travers la ville de Saint-Pétersbourg ont eu lieu dans tout l’espace postsoviétique.

Pour beaucoup, et non seulement pour les anciens combattants, c’est une fête et « une joie avec des larmes aux yeux » (phrase de la chanson de David Tukhmanov « Jour de la victoire ») : le siège qui durait 872 jours et dont le but était l’anéantissement physique des habitants de Leningrad a couté la vie à 632 253 Russes, selon des données officielles. Malheureusement, en Occident on a tendance à mésestimer et parfois oublier une contribution importante de l’URSS à la victoire contre le nazisme, alors que le peuple russe a fait l’impossible pour arrêter la propagation de la peste brune.

Nous avons contacté Hubert Tison, rédacteur en chef de la revue « Historiens et géographes », pour lui demander si on se souvient en France de l’exploit des Russes pendant le blocus de Leningrad. Voilà ce qu’il nous a confié :

Monsieur Tison, quand vous entendez le terme historique « le blocus de Leningrad », à quoi cela vous fait-il penser ?

« Cela me fait penser à des sièges des villes très durs mais pas de la même ampleur comme il a pu y avoir dans l’histoire passée. Je pense au siège de Sébastopol, au siège de Massada en Palestine, au siège d’Alésia mais cela n’a aucun rapport avec le siège qu’ont subi les habitants de Leningrad pendant la Grande Guerre patriotique, comme vous dites en Russie, pendant la Seconde Guerre mondiale. »

Est-ce qu’en France on se souvient de cette triste page de l’histoire de la Russie et de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ?

« L’histoire de la Seconde Guerre mondiale est traitée dans les programmes, dans les manuels et les cours en classe de 3e (c’est les élèves qui ont 15 ans) et surtout en classe de 1ère (c’est les élèves qui ont 17 ans). Mais le problème c’est que le programme était critiqué. On met l’accent sur la guerre d’anéantissement et notamment sur la bataille de Stalingrad. Pratiquement dans tous les manuels vous avez deux pages sur la bataille de Stalingrad.»

Dans votre revue écrit-on souvent sur le blocus de Leningrad ?

« Nous avons consacré des dossiers à la Seconde Guerre mondiale, on avait abordé cette question et on l’a fait dans le cadre de comptes-rendus, parfois de livres. Mais c’est vrai qu’il faudrait, peut-être, attirer à nouveau l’attention des professeurs, des chercheurs sur cette question parce que, normalement, cette question est abordée dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. Mais le programme actuel ne nous satisfait pas trop parce qu’il est sans chronologie. Dans le programme français on étudie d’abord les guerres, puis l’URSS. Je crois que pour montrer la résistance des Soviétiques, de l’Armée rouge, la résistance de la population, surtout concernant ce blocus, il est nécessaire d’en parler. Et des professeurs en parlent puisqu’ils sont très attachés à étudier la Seconde Guerre mondiale et à bien montrer l’effort que l’URSS a fourni pendant la Seconde Guerre mondiale pour arrêter l’offensive allemande, pour résister à l’Allemagne nazie. »

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