Mais Paris peut-il encore prétendre à ce statut?
La France s'affaiblit tant sur le plan économique que politique. Ces trente dernières années, le PIB français n'a progressé que de 1-2% par an, menant de facto à un appauvrissement compte tenu des déclins de 2008, 2009 et 2012. "Nous manquons simplement de ressources pour mener des opérations antiterroristes dans plusieurs régions du monde. Et les autorités doivent en être conscientes", constate le blog régional français Pax Aquitania. Paris, en effet, dépense de moins en moins d'argent pour l'armée.
Finalement, la France mise aujourd'hui sur une alliance étroite avec Washington. Dans les années 1960 le général de Gaulle avait pourtant dit "non" aux États-Unis et fait sortir la France de l'Otan. En pleine Guerre froide, sous la direction du général charismatique, Paris avait tenté de se proclamer "puissance neutre" en prenant ses distances des deux blocs en opposition. On entendait encore l'écho des idées de Charles de Gaulle dans les années 1990, quand Jacques Chirac avait annoncé la formation d'une union trilatérale Paris-Berlin-Moscou. En suivant cette logique la France, l'Allemagne et la Russie avaient refusé de soutenir l'opération militaire américaine en Irak en 2003. Mais après la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 la France a réintégré l'Otan. Et pendant le "Printemps arabe" de 2011, on pouvait difficilement distinguer la ligne politique de Paris de celle de Washington.
Les succès de la diplomatie française restent pourtant flagrants en Afrique noire. Depuis 2011, Paris a mené trois (quatre avec la Libye) opérations militaires réussies sur le continent africain. En 2011, les militaires français ont aidé le président ivoirien Alassane Ouattara à rétablir l'ordre dans le pays où une guerre civile avait éclaté après la présidentielle. En 2012, la France a envoyé des troupes au Mali pour stopper la guerre-éclair des islamistes liés à Al-Qaïda et a rempli son objectif. En 2013, Paris a stoppé l'escalade du conflit politico-religieux dans une autre ancienne colonie — en Centrafrique.
La France avait concerté ces campagnes avec les élites locales, mais sans le soutien militaire des alliés de l'Otan — Washington ne s'ingère d'ailleurs pratiquement pas dans les événements en Afrique, préférant déléguer le règlement des problèmes africains de la France, reconnaissant ainsi cette région comme sa sphère d'influence.