"Le Royaume-Uni à tout intérêt à ce que perdurent des échanges internationaux, puisque les étudiants européens représentent près de 5% des étudiants qui sont dans l'enseignement supérieur au Royaume Uni et ils rapportent 3.2 milliards d'euros au système universitaire. Donc, à moins de compenser les recettes générées par les étudiants étrangers issus de l'Union Européenne, le gouvernement britannique va devoir accepter que les étudiants européens puissent continuer à étudier au Royaume-Uni."
Le délégué de l'UNI prend pour exemple les pays extra-communautaires qui participent malgré tout à des programmes d'échanges universitaires. Des pays tels que la Macédoine, la Norvège, la Turquie, ou jusqu'à il y a peu, la Suisse. Le cas suisse, sur lequel revient justement Pola Cebulak, spécialiste du droit européen et de la politique européenne, chargée de cours à l'Université de Copenhague:
"Dans le cas suisse, c'est le gouvernement suisse qui a mis en place un programme bilatéral pour compenser les manques d'Erasmus, un programme bilatéral de mobilité entre la Suisse et l'Union Européenne. Et pour le moment, c'est le gouvernement suisse qui paie pour les étudiants qui viennent vers la Suisse, ainsi que pour les étudiants suisses qui sortent de Suisse dans le cadre d'échanges. Donc en fait le gouvernement paie double […] Il en a fait une priorité après la suspension de la Suisse du programme Erasmus, suite au vote du 9 février 2014, mais je ne suis pas certaine que le gouvernement britannique soit prêt à mettre le même argent sur la table".
Si le Royaume-Uni est appelé à quitter l'Union Européenne et ses programmes — suivant la tournure des négociations — ceci se fera de manière progressive, étalée sur deux années: un luxe dont n'avait pas profité la Suisse en 2014, lorsque la Commission européenne avait pris la décision de couper ses subsides aux universités helvétiques et d'exclure les étudiants suisses du programme d'échange européen, celle-ci s'appliquant dès la rentrée de la même année.
Un fait sur lequel revient Daniel Chuard, délégué à la formation à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL):
"Pour nous, du côté de la Suisse, en tout cas du Côté de l'EPFL — je ne peux pas vraiment parler pour les autres universités suisses — il a fallu en un temps record rediscuter et confirmer les accords avec tous nos partenaires européens, valider ceci, pour qu'entre le mois de février et la rentrée académique du mois de septembre, de s'assurer que les échanges puissent bien se faire.
Et puisque le gouvernement suisse nous a alloué des ressources pour payer les bourses, nous avons pu assurer un financement, aussi bien pour nos étudiants suisses qui partaient en échange en Europe mais également pour les étudiants européens qui voulaient venir et qui venaient échange chez nous."
"Je suis assez optimiste sur le maintien des échanges d'étudiants: c'est quelque chose qui fait déjà partie de nos habitudes, de notre culture pan-européenne dans un certain sens. Par contre, le financement de la recherche, cela va sans doute représenter un désavantage pour le Royaume Uni, car le Royaume Uni — comme la Suisse en son temps — a reçu beaucoup plus d'argent dans le cadre du programme européen de recherche, qu'il n'y a contribué."
Au final, ce seraient donc les dizaines de milliers d'enseignants-chercheurs et de chercheurs —britanniques et étrangers- qui par définition ne font pas partie de la "millenium génération" qui pâtiraient le plus du "Brexit" et non, selon les chiffres de la Commission européenne, les 27.400 étudiants européens, dont 6.800 français — étudiant en Angleterre et les 15.000 Britanniques qui chaque année traversent la Manche pour jouir des charmes des universités du continent.
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