Projet Très haut débit: Macron est-il aussi libéral qu’on aurait pu le penser?

© AFP 2023 Christophe EnaMacron
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En présentant le plan Très haut débit durant la conférence nationale des territoires au Sénat. Mesure qui permettrait de couvrir la France entière en haut débit d’ici fin 2020. SFR qualifie notamment ce plan d’«économie administrée». Le chef de l’État est-il aussi libéral qu’on aurait pu le penser?

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Lors de la conférence nationale des territoires au Sénat, qui s'est déroulée lundi, Emmanuel Macron a fait part de sa volonté de couvrir la France entière en très haut débit d'ici fin 2020, afin de répondre à la fracture numérique. Une situation qui est selon le Président de la République «la première chose qui nourrit les extrêmes». Pour mener à bien ce projet, Emmanuel Macron a déclaré que «nous devons donc, d'ici à la fin de l'année, prendre des mesures nouvelles d'incitation et de contrainte à l'égard des opérateurs de téléphonie». Suite à ces déclarations, les réactions ont été vives, notamment de la part des dirigeants de SFR qui ont vertement critiqué ce plan, en le qualifiant d'«économie administrée», de «modèle obsolète» ou encore de «système désuet et préjudiciable.» En montrant les prémices d'une économie planifiée, Emmanuel Macron est-il aussi libéral qu'on aurait pu le penser?

En voulant intervenir directement dans la gestion d'une entreprise privée, Emmanuel Macron ne semble donc pas être libéral dans le sens premier du terme, comme nous l'explique Charles Gave, économiste et président de l'Institut des Libertés, think-tank libéral:

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«Ce que dit le président de SFR est assez simple, en dehors de donner des licences à différents opérateurs avec j'imagine quelques contraintes réglementaires, le gouvernement français n'a rien à voir, en principe, dans la gestion des entreprises françaises. Encore une fois, Monsieur Macron, comme disent les Suisses, ne me déçoit pas en bien. Qu'est-ce que vous voulez qu'un inspecteur des finances fasse d'autre que de promouvoir un rôle accru pour l'État? […] S'imaginer que M.Macron allait être libéral, c'est ne rien comprendre à la formation qu'il a subi pendant une vingtaine d'années, entre SciencesPo, l'ENA, et l'inspection des finances.»

Cependant, des projets comme la réforme du code du travail ou l'ubérisation de la société, s'inscrivent dans une logique libérale. Pourtant, Charles Gave n'est pas convaincu:

«Je ne sais pas qui a qualifié Emmanuel Macron de libéral, c'est encore un grand mystère de la sémantique française. Quiconque essaye de faire baisser un peu le poids de l'État dans l'économie est immédiatement qualifié d'hyper libéral.»

Si le Président de la République n'est pas libéral, pourquoi continuons-nous de le croire? Pour Charles Gave, la réponse est très simple et se trouve du côté de la presse:

«Il n'y a pas une seule personne en France qui n'a pas été qualifiée de libéral. Parce qu'être libéral, c'est quelque part accepter que l'État ne puisse pas tout faire […], or pendant les élections, ils vous expliquent sans arrêt qu'eux, ils pourront tout faire comme ils sont gentils, cela va marcher […]. Donc quand vous voulez déconsidérer quelqu'un, vous dîtes qu'il est libéral car cela signifie que cette personne admet qu'elle ne peut pas tout faire et qu'il faut que la société civile se mette au boulot. Sans vouloir dire d'extrême méchanceté sur la presse qui qualifie ces gens de libéraux. En France, par exemple, toute la presse est subventionnée par le gouvernement et reçoit des sommes considérables. Un gouvernement libéral supprimerait immédiatement toutes ces subventions pour les donner à l'armée par exemple.»

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