De beaux détails anciens: décoration, avant-toits, portes ciselées, châssis de fenêtre, poignées de porte et ainsi de suite, représentent une partie pas toujours évidente mais non moins importante pour créer l'image de bâtiments historiques et donc l'atmosphère historique des villes. Mais lors des rénovations, ils sont les premiers à disparaître. Le Moscovite, Éric Chakhnazarian, qui aime beaucoup sa ville, s'est consacré il y a deux ans à collectionner des photos de ces artefacts prises dans des immeubles d'habitude inaccessibles aux passants, a-t-il confié à Sputnik.
La page qu'il a intitulée Hidden Places of Moscow nous montre souvent les intérieurs de maisons vouées à la démolition ou à la rénovation, qui ne conserve souvent rien de la décoration initiale des appartements et des cages d'escalier. Mais on y trouve également des exemples de décorations caractéristiques de différentes époques. Paradoxalement, ce projet aide à préserver la ville historique dans son authenticité, dit Éric.
«Quand je me rends au travail, je suis d'habitude le même itinéraire qui passe par le centre-ville. Dans les années 2000, la ville a commencé à changer à une vitesse vertigineuse, surtout dans le centre, où sont concentrés des monuments historiques. Avec l'arrivée de nouveaux propriétaires, qui voulaient rénover leur bien immobilier, les bâtiments perdaient leurs décorations anciennes et faisaient l'objet de rénovation importante. Cela m'a poussé à entrer dans ces maisons pour fixer ces changements et à publier ensuite mes photos sur Instagram», raconte Éric.
Malheureusement, les propriétaires et les habitants se rendent rarement compte du fait qu'ils possèdent des témoignages uniques d'époques révolues et d'objets d'art de grande valeur, regrette le photographe. L'essentiel pour eux est que leur habitation ou leur bureau soit propre et facile à utiliser. Heureusement, il existe des enthousiastes qui, au contraire, veillent à préserver ces témoignages du passé et à les restaurer, mais ils ne sont pas nombreux, ajoute-t-il.
«On peut dire que j'écris la chronique d'une ville qui est en train de disparaître. L'objectif de mon projet est de montrer la beauté de l'architecture, qui est évidente pour tout le monde, mais surtout d'attirer l'attention sur les détails d'un intérieur qui appartiennent aussi à l'image du bâtiment conçue par l'architecte. Cela développe le sens du beau et, par conséquent, fait naître le désir de préserver l'héritage du passé», estime le blogueur.
Comment peut-on pénétrer dans une maison fermée? «J'essaie de contacter un habitant et de lui expliquer la nature de mon intérêt pour son habitation. Je demande s'il connaît l'histoire de la maison et s'il y a quelque chose d'intéressant à l'intérieur», explique Éric.
Lors des Journées du patrimoine, organisées à Moscou deux fois par an, Éric Chakhnazarian s'inscrit à des visites d'ambassades et de résidences d'ambassadeurs. A Moscou, elles sont souvent établies dans d'anciennes demeures d'aristocrates ou, plus souvent, d'entrepreneurs russes d'avant la Révolution de 1917.
C'est ainsi qu'il a pu prendre des photos de la résidence de l'ambassade de France, qui se trouve dans la maison la plus connue de style «russe», la maison Igoumnov. Éric a eu la gentillesse de nous fournir des photos de ce véritable palais.
Cette maison a été construite en 1895 par le fabricant Nikolaï Igoumnov dans un style qui était très à la mode à l'époque. Comme partout en Europe, la Russie cherchait à se souvenir de ses racines et à faire renaître les traditions anciennes, qui se reflétaient dans l'architecture et l'art décoratif. Le négociant n'a pas économisé sur la décoration de sa maison, les carreaux de faïence polychromes ont été confectionnés spécialement pour l'occasion, et les briques ont été commandées aux Pays-Bas.
Après la Révolution, Igoumnov a remis sa maison aux Soviets. Elle est utilisée par l'ambassade de France depuis 1938. En 1979, elle est devenue la résidence de l'ambassadeur.