L’impact du confinement : «On pourrait anticiper une hausse des suicides»

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Plus de la moitié de la population mondiale est actuellement confinée. Un isolement social accru et une crise économique imminente rivalisent au niveau de l’impact dangereux sur la santé psychologique des individus, dont les troubles peuvent aller jusqu’au risque de suicide.

Un confinement d’une telle ampleur est un événement totalement inédit qui touche 4,4 milliards d’individus (57%) sur notre planète. Les conséquences sont de plus en plus évidentes mais aussi inédites. Et puisque la pandémie de Covid-19 est loin d’être jugulée, ses répercussions restent hypothétiques même pour les chercheurs.

«Anticiper une hausse des suicides»  

L’unique étude réalisée à ce jour sur les effets psychologiques du confinement est le sondage effectué en Chine auprès de 53.000 personnes par le Centre de santé mentale de Shanghai. Cette enquête donne une image claire des difficultés psychologiques rencontrées par la population chinoise durant la période du confinement. 

D’après ce sondage, 35% des personnes interrogées ont déclaré avoir connu des troubles psychologiques (anxiété, frustration, impulsivité, dépression) et 5% ont avoué avoir traversé des crises sévères pouvant aller jusqu’au risque suicidaire.

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Il est très compliqué «d’anticiper l'impact de cette crise sur la mortalité par suicide», déduit Aline Désesquelles, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques, qui s’inquiète de l’ampleur du confinement.

«Si l'on fait l'hypothèse d'une fragilisation psychologique des personnes confinées, notamment en raison d'un isolement social accru, on pourrait anticiper une hausse des suicides.»

Taux de chômage et taux de suicide

Mais la détresse psychologique due à l’isolement social n’est qu’un côté de la médaille. La crise économique mondiale –qui ne fait que débuter– en est le revers. Et dans ce cas, les chercheurs ont beaucoup plus d’exemples historiques et d’études qui pourraient aider à faire des pronostics sur la santé mentale de la population.

«Des études concernant différents pays (Espagne, Italie, États-Unis, France, notamment) montrent une augmentation de la mortalité par suicide au cours des périodes de récession ou de crise économique. En France, au cours de la décennie 2000-2010, on a, par exemple, observé une relation forte entre taux de chômage et taux de suicide chez les hommes âgés de 25 à 49 ans», prévient Aline Désesquelles.

Le confinement n'a pas que des effets négatifs

Malgré la tension croissante, les spécialistes appellent à voir le côté positif du confinement et il ne s’agit pas seulement de trouver enfin le temps pour sa famille ou encore de se réjouir de la qualité d’eau dans les fleuves. La directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques indique que pour certains, le télétravail est une échappatoire au stress. 

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«Le confinement n'a pas que des effets négatifs, il s’agit d’une moindre pression professionnelle pour certains.»

Il est probable que l’impact sera plus important dans les pays plus durement touchés économiquement par la pandémie. Mais d’après Aline Désesquelles, «l'effet pourrait être modéré ou amplifié par d'autres caractéristiques des sociétés: culture, soutien social».

Lors de sa conférence de presse du 19 avril, Édouard Philippe a annoncé que le début du déconfinement était prévu pour le 11 mai prochain.

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