Huawei: les pressions chinoises et américaines mettent «le Canada dans une position très inconfortable»

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En marge des tensions entre les États-Unis et la Chine, le Canada subit de nouvelles pressions de ces deux pays. En cause notamment, les équipements de téléphonie mobile 5G Huawei. Analyse de Guy Saint-Jacques, diplomate canadien qui a été en poste à Pékin et à Washington, au micro de Rachel Marsden. Il revient aussi sur l’affaire George Floyd.

C’est l’anniversaire des manifestations durement réprimées de la Place Tiananmen, dont l’image d’un homme debout devant une colonne de chars chinois reste le symbole.

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Guy Saint-Jacques, ancien Ambassadeur du Canada en Chine, Haut-commissaire adjoint du Canada au Royaume-Uni et Chef de mission adjoint à l’Ambassade du Canada à Washington, commente les émeutes depuis le Canada:

«Je pense que tout ça est très inquiétant, puisque ce sont de vieux démons avec lesquels l’Amérique n’a jamais pu vraiment composer. Je fais référence au racisme systémique. Et ce qui est inquiétant dans tout ça, c’est que nous avons un Président américain qui ne fait pas preuve de compassion, qui veut en fait se servir de cette cause pour rallier sa base et ainsi espérer à être réélu en novembre.»

Guy Saint-Jacques revient aussi sur le climat de tensions qui entoure ces événements, notamment vis-à-vis des journalistes

«Il y a eu beaucoup d’incidents où des équipes de journalistes ont été directement visées par des policiers. Il y a eu une journaliste qui a perdu un œil. Il y a eu plus d’incidents en une semaine que pendant tout le reste de l’année.»

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L’ancien ambassadeur évoque aussi la «crise extraordinaire entre le Canada et la Chine», qui implique également les États-Unis. Un aspect de cette crise touche à la position du géant de télécommunication chinois, Huawei, sur le marché canadien. Les grandes entreprises de télécommunication canadiennes –Telus, Rogers et Bell– viennent d’annoncer le choix de Nokia et Ericsson pour leurs projets 5G. Ceci, sans que le gouvernement canadien ait tranché sur la question du rôle de Huawei:

«Le gouvernement fédéral de monsieur Trudeau a retardé l’annonce le plus longtemps possible. Je m’attendais à ce que cette annonce soit faite à la fin de l’année dernière. Mais bien sûr, nous sommes dans une crise extraordinaire entre les deux pays. Mais les compagnies n’ont pas dit qu’elles allaient éliminer Huawei.
Et je pense que plus tard, une fois que la décision sera annoncée, pour certains équipements, elles pourraient choisir Huawei, parce que déjà, si je regarde Bell et Telus, ils ont pour un peu plus d’un milliard de dollars en investissements avec la compagnie Huawei. Ils sont très satisfaits des services que la compagnie a rendus. Le gouvernement ne pourra pas remettre éternellement sa décision sur Huawei.»

Le diplomate explique sa position:

«C’est une autre décision où le Canada va perdre, parce que déjà la Chine a menacé que si on éliminait Huawei, il y aurait d’autres mesures de représailles prises envers le Canada, mais d’autre part, les Américains ont aussi dit que si le Canada choisissait Huawei, à ce moment-là, il aurait des conséquences, par exemple sur le plan de partage d’informations privilégiées d’intelligence [de renseignement, ndlr]. Tout ça, ça laisse de nouveau le Canada dans une position très inconfortable.»
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